Alors que les otages du Hamas restent en captivité et que la guerre à Gaza se poursuit, les forces polarisatrices se renforcent, faisant paraître la division israélo-palestinienne insurmontable.

Les camps anti et pro-israéliens rigides et aveugles, tant dans la région qu’au-delà, se diabolisent les uns les autres, refusant de prendre en compte les peurs, les souffrances, les droits ou même l’humanité de l’autre.

Un exemple en est la rhétorique toxique brandie par de nombreux partisans pro-palestiniens en Occident. Les slogans lors des manifestations de rue et sur les campus vont souvent bien au-delà de l’appel à un cessez-le-feu ou de la fin de l’occupation, et vont jusqu’à la négation du droit d’Israël d’exister à l’intérieur de toutes frontières, à la glorification des horreurs du 7 octobre et à l’incitation à l’antisémitisme et à la violence. Ce faisant, ils s’alignent sur le Hamas et ses alliés (Iran, Hezbollah), qui restent déterminés à détruire Israël et ne cachent pas leur objectif.

Pendant ce temps, les Israéliens ont endurci leur coeur quant au sort des Palestiniens ; ils l’ont fait bien avant le 7 octobre, mais certainement de manière plus significative depuis. Contrairement à leurs homologues du reste du monde, les médias israéliens parlent peu de la misère que vivent les civils de Gaza à cause de la campagne militaire israélienne. Malheureusement, le déni et la rationalisation de cette misère sont la norme.

La rhétorique extrémiste est également abondante du côté israélien, du premier ministre Nétanyahou à ses ministres kahanistes. Ces dirigeants vilipendent à grande échelle non seulement les Palestiniens, mais toute personne — y compris israélienne — qui critique leur gouvernement, justifiant ainsi une guerre sans stratégie de sortie et l’annexion de plus en plus opiniâtre de la Cisjordanie.

Oui, il est extrêmement difficile de faire face à un ennemi tel que le Hamas, avec son idéologie sans concession et sa tactique cruelle consistant à fondre ses combattants au sein des populations civiles. Pourtant, Israël ne peut se soustraire à sa responsabilité dans le désastre humanitaire massif à Gaza et à sa propre part dans l’escalade du conflit.

Contrairement à ce que les mouvements polarisateurs pourraient faire croire, le conflit israélo-palestinien peut être résolu. Pas facilement, pas du jour au lendemain. Mais la réponse est là, et ce, depuis des décennies : un compromis territorial, deux États pour deux peuples grâce à un accord de paix négocié. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une diplomatie astucieuse, de rapprochements et, par-dessus tout, d’un leadership visionnaire.

Alors que nous entrons dans une période de commémorations spéciales en Israël et en Palestine, nous pouvons nous attendre à ce que les discours des deux côtés deviennent plus stridents et plus controversés. Les commémorations de l’Holocauste, de la Nakba, des soldats israéliens tombés au combat et de l’indépendance israélienne auront lieu au cours des deux prochaines semaines. Nous espérons que ce seront des occasions non pas d’approfondir les haines, mais d’élargir la compréhension. Regarder au-delà du tribalisme étroit. Reconnaître les douleurs et les aspirations de « l’autre ». Travailler à une approche et à des solutions à la fois pro-israéliennes et pro-palestiniennes.

Dans cet esprit, nous recommandons la cérémonie conjointe israélo-palestinienne du jour du Souvenir, le 12 mai prochain. Dans cet esprit également, nous saluons l’organisation pacifique La Paix maintenant en Israël, le mouvement le plus important en faveur de la paix de l’histoire d’Israël. Chaque jour, ces militants dénoncent la violence et la folie de l’occupation. Chaque jour, ils élèvent leur voix sur la nécessité de mettre fin au conflit par une solution à deux États. Chaque jour, ils luttent pour un avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestiniens. Depuis 1978, ils ont été, courageusement et sans relâche, la première voix d’Israël en faveur de la paix.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.

QOSHE - Repousser les forces polarisatrices - Gabriella Goliger
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Repousser les forces polarisatrices

31 0
09.05.2024

Alors que les otages du Hamas restent en captivité et que la guerre à Gaza se poursuit, les forces polarisatrices se renforcent, faisant paraître la division israélo-palestinienne insurmontable.

Les camps anti et pro-israéliens rigides et aveugles, tant dans la région qu’au-delà, se diabolisent les uns les autres, refusant de prendre en compte les peurs, les souffrances, les droits ou même l’humanité de l’autre.

Un exemple en est la rhétorique toxique brandie par de nombreux partisans pro-palestiniens en Occident. Les slogans lors des manifestations de rue et sur les campus vont souvent bien au-delà de l’appel à un cessez-le-feu ou de la fin de l’occupation, et vont jusqu’à la négation du droit d’Israël d’exister à l’intérieur de toutes frontières, à la glorification des horreurs du 7 octobre et à l’incitation à l’antisémitisme et à la violence. Ce faisant, ils s’alignent sur le Hamas et ses alliés (Iran, Hezbollah), qui restent déterminés à détruire Israël et ne cachent pas leur objectif.

Pendant ce temps, les Israéliens ont endurci leur coeur quant au sort........

© Le Devoir


Get it on Google Play