Nous, les auteurs et les autrices impliqués dans le numéro initialement prévu comme numéro d’été de la revue Relations, souhaitons exprimer notre profonde indignation face à la suspension des activités du Centre justice et foi, qui incluent Relations, décidée par son conseil d’administration. Nous sommes également consternés par les mises à pied de l’équipe, que nous considérons comme abruptes et sans justification valable. Elles représentent un désaveu des valeurs de solidarité et de respect qui devraient animer cette institution, valeurs centrales dans notre désir et notre engagement à collaborer à la revue.

Nous avons été informés de l’interruption de la publication par des voies informelles (réseaux sociaux, par le bouche-à-oreille, etc.) alors que nous avions des textes soigneusement planifiés, réfléchis et travaillés depuis plusieurs mois, portant des perspectives, des analyses et des thèmes que nous étions impatients de soumettre au lectorat, ces textes étaient aux dernières étapes éditoriales. Plusieurs textes contenaient des informations conjoncturelles qui ne seront pas nécessairement à jour dans un horizon plus lointain.

La décision du conseil d’administration du Centre justice et foi de tout mettre sur pause, ne prenant pas la peine de nous contacter et, par conséquent, nous laissant sans indications claires quant au calendrier d’une éventuelle reprise, excepté des communications dans les médias à l’effet d’un report du numéro à l’automne, nous choque et soulève de nombreuses préoccupations. En tant que contributeurs et contributrices à ce numéro, nous tenons à spécifier que nos textes nous appartiennent. En solidarité avec les employés mis à pied, nous refuserons d’être publiés par un organisme qui traite ainsi son équipe de travail et qui ne témoigne d’aucun respect pour le travail de ceux et celles qui font le contenu de la revue (auteurs et autrices, mais aussi artistes et illustrateurs et illustratrices).

Par sa décision, le conseil d’administration n’a pas démontré le respect dû à l’importance de la publication pour son lectorat et ses abonnés ni pour l’écosystème des revues culturelles québécoises, à l’heure où la diversité des voix et la réflexion critique sont particulièrement cruciales. Une revue est une communauté large qui doit être maintenue vivante, qui s’alimente de tous ceux et celles qui y participent, la lisent, en parlent, qui la promeuvent et la mettent en valeur.

La décision du conseil d’administration témoigne également d’un manque de compréhension des délais de production de la revue, comme le rapportait dernièrement Le Devoir. D’ailleurs, nous ne comprenons pas comment le conseil d’administration peut supposer que nous collaborerons à reprendre le processus d’édition là où il en était en mars dernier, en pensant que cette interruption pouvant aller jusqu’à six mois n’aura aucun tort sur nous, qu’elle n’affectera pas notre volonté de diffuser nos créations graphiques ou de prêter notre plume pour la rédaction d’un article ; nous étions fiers de contribuer à une revue « critique, solidaire et engagée », mais notre confiance est maintenant ébranlée.

Nous appelons donc la direction du Centre justice et foi à revenir sur sa décision, à agir avec transparence et respect envers ses employés, les lecteurs de la revue et ses collaborateurs. Nous espérons que nos préoccupations seront prises en compte et que des mesures seront prises pour restaurer le lien de confiance et réparer ce qui peut encore l’être.

* Ont aussi cosigné cette lettre : Gabriel Arsenault, professeur agrégé en science politique, École des hautes études publiques, Université de Moncton ; Andrée Sophie Cabot, artiste en arts visuels ; Marc Dumas, Université de Sherbrooke ; Caroline Dusty, artiste ; Julie Laplante, professeur anthropologue, Université d’Ottawa ; France Leduc, graphiste ; Quentin Lehmann, militant à l’Écothèque ; Samuel Lesage, conseiller syndical ; Pattie O’Green, sémiologie, écrivaine, historienne de l’art et forestière urbaine ; Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, interviewée pour le Grand entretien du numéro d’été ; Andreas Rutkauskas, artiste et professeur, University of British Columbia ; Mohammed Taleb, écrivain algérien.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.

QOSHE - Une décision brutale qui nous laisse sans mots - Marie-Dominik Langlois
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Une décision brutale qui nous laisse sans mots

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11.05.2024

Nous, les auteurs et les autrices impliqués dans le numéro initialement prévu comme numéro d’été de la revue Relations, souhaitons exprimer notre profonde indignation face à la suspension des activités du Centre justice et foi, qui incluent Relations, décidée par son conseil d’administration. Nous sommes également consternés par les mises à pied de l’équipe, que nous considérons comme abruptes et sans justification valable. Elles représentent un désaveu des valeurs de solidarité et de respect qui devraient animer cette institution, valeurs centrales dans notre désir et notre engagement à collaborer à la revue.

Nous avons été informés de l’interruption de la publication par des voies informelles (réseaux sociaux, par le bouche-à-oreille, etc.) alors que nous avions des textes soigneusement planifiés, réfléchis et travaillés depuis plusieurs mois, portant des perspectives, des analyses et des thèmes que nous étions impatients de soumettre au lectorat, ces textes étaient aux dernières étapes éditoriales. Plusieurs textes contenaient des informations conjoncturelles qui ne seront pas nécessairement à jour dans un horizon plus........

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