Dans son discours inaugural du 30 novembre 2022, le premier ministre Legault avait cité une phrase de Winston Churchill qui pourrait encore l’inspirer en ce début d’année : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal ; ce qui compte, c’est le courage de continuer. »

Sous réserve de l’approbation par leurs membres, l’entente de principe du 28 décembre avec les différents syndicats du Front commun et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) constitue sans doute un succès politique, mais il faudra du temps pour apprécier ses effets sur la qualité du réseau.

Les syndiqués eux-mêmes ignorent encore quelles concessions dans l’organisation du travail le gouvernement a obtenues en retour de la bonification de ses offres salariales, notamment dans le cas des enseignants.

Dans le discours inaugural, M. Legault avait déclaré : « Notre principal défi, c’est de trouver des enseignants. » Rien n’assure toutefois que les dispositions de l’entente contribueront à stimuler les vocations, qu’il s’agisse du personnel enseignant ou des divers spécialistes, dont la bonne volonté des « aides à la classe » ne peut suffire à compenser la pénurie.

Le personnel était aussi le « principal défi » dans le secteur de la santé. Pour le moment, la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) refuse tout compromis sur la « flexibilité » sans laquelle la réforme Dubé risque de se limiter à un simple brassage de structure, qui n’améliorera pas la qualité des soins de façon significative. Il est prématuré de parler d’un échec « fatal », mais le défi demeure entier.

« Ce qui compte, c’est le courage de continuer », disait Churchill. Malgré les résultats décourageants des sondages et même si, en son for intérieur, M. Legault avait déjà décidé de ne pas solliciter un troisième mandat, il n’a pas d’autre choix que de poursuivre celui qu’il a reçu il y a à peine quinze mois. Un capitaine n’abandonne pas le navire dans la tempête.

Même si l’inflation semble plus tenace au Québec qu’ailleurs au pays, elle finira bien par se résorber, ce qui devrait contribuer à améliorer l’humeur des électeurs, mais le gouvernement ne peut pas se contenter d’attendre que le ciel s’éclaircisse ou que l’étoile du Parti québécois pâlisse d’elle-même.

La plupart des cases du discours inaugural de novembre 2022 ont maintenant été cochées. Le cadre des réformes en santé et en éducation a été mis en place, les orientations en matière d’immigration ont été définies pour les trois prochaines années, le nouveau plan d’investissement d’Hydro-Québec a jeté les bases de la transition énergétique, tandis que le plan d’action pour renverser le déclin du français est dévoilé à la pièce.

Certes, les négociations que M. Legault se faisait fort de mener tambour battant avec Ottawa n’ont pas eu les résultats espérés, que ce soit en matière d’immigration ou de financement des soins de santé, mais personne n’y croyait vraiment, lui sans doute moins que d’autres.

Même si cela survenait un peu plus tôt dans le mandat qu’habituellement, rien n’interdirait à M. Legault de prononcer un nouveau discours inaugural afin de marquer un nouveau départ, si seulement une entente avec la FIQ pouvait permettre de clore définitivement le chapitre des négociations.

Un premier ministre aime souvent renforcer l’impression de renouveau par un remaniement ministériel, qui permet aussi de corriger certaines erreurs et de satisfaire les plus impatients au sein du caucus. Pour avoir l’effet recherché, le changement ne doit cependant pas être simplement de pure forme. Un jeu de chaise musicale en périphérie ne convaincra personne.

On prend généralement avec un grain de sel les assurances qu’un remaniement n’est pas dans les cartes. Dans le cas présent, on aurait plutôt tendance à croire M. Legault, qui ne souhaite manifestement pas toucher au premier cercle.

Non seulement il est satisfait — et avec raison — du travail des Christian Dubé, Pierre Fitzgibbon et Eric Girard (malgré la subvention aux Kings de Los Angeles), mais il sait aussi qu’ils n’accepteraient pas une rétrogradation. Et la tenue d’une ou de plusieurs élections partielles est sans doute la dernière chose dont il a besoin présentement.

Il doit d’ailleurs prier le ciel qu’aucun de ceux ou celles qui attendent depuis des années leur tour d’accéder au Conseil des ministres ne décide d’imiter l’ex-députée de Jean-Talon, Joëlle Boutin, dont la démission a provoqué le désastre que l’on sait.

Dans les moments de découragement, M. Legault pourrait s’inspirer de cette autre phrase de Churchill : « Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. »

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

QOSHE - S’inspirer de Churchill - Michel David
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S’inspirer de Churchill

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09.01.2024

Dans son discours inaugural du 30 novembre 2022, le premier ministre Legault avait cité une phrase de Winston Churchill qui pourrait encore l’inspirer en ce début d’année : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal ; ce qui compte, c’est le courage de continuer. »

Sous réserve de l’approbation par leurs membres, l’entente de principe du 28 décembre avec les différents syndicats du Front commun et la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) constitue sans doute un succès politique, mais il faudra du temps pour apprécier ses effets sur la qualité du réseau.

Les syndiqués eux-mêmes ignorent encore quelles concessions dans l’organisation du travail le gouvernement a obtenues en retour de la bonification de ses offres salariales, notamment dans le cas des enseignants.

Dans le discours inaugural, M. Legault avait déclaré : « Notre principal défi, c’est de trouver des enseignants. » Rien n’assure toutefois que les dispositions de l’entente contribueront à stimuler les vocations, qu’il s’agisse du personnel enseignant ou des divers spécialistes, dont la bonne volonté des « aides à la classe » ne peut suffire à compenser la pénurie.

Le personnel était aussi le « principal défi » dans le........

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