Temps de lecture: 3 min
Pourquoi envions-nous l'orgasme des cochons? Les gauchers sont-ils davantage intelligents? Quand il pleut, est-ce que les insectes meurent ou résistent? Vous vous êtes sans doute déjà posé ce genre de questions sans queue ni tête au détour d'une balade, sous la douche ou au cours d'une nuit sans sommeil. Chaque semaine, L'Explication répond à vos interrogations, des plus existentielles aux plus farfelues. Une question? Écrivez à [email protected].
Tout le monde a au moins un pull en laine dans son armoire. Ce peut-être un chandail bien chaud tricoté par sa grand-mère, ou un vêtement dernier cri acheté pour survivre à l'hiver. Et pour cause: les pulls en laine ont fait leurs preuves et ce, depuis la nuit des temps. Du moins, depuis la préhistoire. En Asie mineure, on utilisait la laine dès 10.000 avant notre ère; en Europe, il a fallu attendre environ 5.000 années supplémentaires.
Si la laine est si populaire, c'est avant tout pour ses propriétés thermorégulatrices. Cette matière retient la chaleur, tout en permettant à l'air de circuler, ce qui permet d'avoir ni trop chaud, ni trop froid. Mais avant de pouvoir enfiler ce pull bien confortable, il faut... de la laine. Un bon paquet, même. Voyez plutôt.
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Le calcul n'est pas si facile à faire. Tout dépend en fait de l'épaisseur du fil et des dimensions souhaitées. Car entre un S et un XL, vous en conviendrez, il y a une sacrée différence de taille et donc de matière nécessaire.
De manière générale, un mouton adulte produit environ 5 kilos de laine par tonte (qui a lieu au moins une fois par an). Mais tous ces kilos ne partent pas direct sur la machine à coudre: on estime qu'environ 65% seulement sont exploitables. Le reste, trop sale ou de trop mauvaise qualité, ne peut être utilisé pour être filé. On se retrouve donc avec environ 3,25 kilos de laine brute dans le meilleur des cas.
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Vient le tour de la confection du pull. En moyenne, ce dernier pèse environ 250 grammes. Ainsi, avec la tonte d'un seul mouton, on peut tisser jusqu'à treize pulls au maximum. Enfin, ça, c'est pour les moutons classiques. Mais il existe aussi des «supermoutons», des animaux particulièrement imposants, avec une toison telle qu'elle pourrait faire tourner une usine à elle seule. On exagère à peine.
Découvert en 2014, un mouton de Tasmanie a par exemple été considéré comme l'un des plus laineux de la planète: il transportait une toison d'environ 20 kilogrammes. De quoi faire beaucoup (beaucoup) de pulls en laine. Au total, il serait en effet possible d'en produire plus de trente-cinq, ou quelque 280 paires de chaussettes, estimait à l'époque le Guardian.
On présente souvent le jean comme LE vêtement le plus catastrophique pour notre planète. À y regarder de près, force est de constater que la laine est elle aussi une bien mauvaise élève dans la catégorie eco-friendly. Car oui: la laine c'est chaud, c'est beau, c'est doux, mais en faire des habits provoque aussi un véritable désastre environnemental.
La quantité d'eau nécessaire pour produire de la laine est notamment pointée du doigt. Ce liquide nécessaire à toute vie est en effet obligatoire pour élever et prendre soin des moutons, mais aussi pour débarrasser la laine brute de nombreuses impuretés. Ainsi, il faut environ 500 litres d'eau pour fabriquer 1 kilo de laine. Et ce chiffre est encore plus élevé lorsque les moutons en question sont nourris dans des locaux confinés, où un supplément d'eau est nécessaire pour gérer le fumier.
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Ce n'est pas tout. De l'élevage du mouton au produit fini, de nombreux matériaux sont nécessaires à la confection d'un seul pull en laine. Cette quantité a même été calculée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Cette dernière a pris en compte tout ce qui entre dans la production de matières premières, l'approvisionnement, la mise en forme et l'assemblage, notamment les traitements et teintures (qui contiennent des métaux lourds comme le nickel, le chrome, le zinc, le plomb, le cuivre), et l'énergie utilisée tout au long du processus.
Selon l'Ademe, un pull en laine revient à mobiliser 61 kilos de matières pour la production, auxquels s'ajoutent 7 kilos si l'on prend en compte la distribution, l'utilisation et la fin de vie de l'habit, explique le rapport paru en 2018. Soit un total de 68 kilos pour l'ensemble du cycle de vie du pull.
Combien faut-il de moutons pour faire un pull?
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04.12.2023
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