C’est connu et très bien documenté (pas tant, mais bon), je développe un attachement très rapide et surtout très intense pour les entraîneurs que je côtoie dans le cadre de mon travail. Je trouve qu’ils sont bizarres, souvent grognons mais ô combien intéressant. Tu ne deviens pas entraîneur-chef dans la LNH si tu n’as pas quelque chose de très spécial dans ton coffre à outils. J’ai eu la chance de côtoyer 4 entraineurs-chefs du CH pendant ma carrière sur le beat et ils m’ont tous marqué à leur façon.

Assurément le plus grognon du groupe (j’aime les grognons), mais surtout un excellent coach. Sa capacité d’adaptation en situation de match est ce qui m’a le plus impressionné. Son flair était sans égal. Son respect était peut-être un peu plus difficile à gagner, mais une fois que c’était fait, c’était un homme extrêmement agréable à côtoyer. Nous avons déjà eu une bonne prise de bec, des choses qui ne s’impriment pas ont été dites, mais ça s’est terminé avec une poignée de main franche et ça n’a pas été long qu’on en ait ri. Aucune rancune, au contraire. J’ai un énorme respect pour Mike et c’est toujours un plaisir de lui reparler. Aussi, avouons que ses analogies culinaires comme sa fameuse recette de salade de fruits pour comparer ce qui fait une bonne équipe de hockey est encore aujourd’hui savoureuse.

Claude Julien, c’est le plus drôle. Un pince-sans-rire de haut niveau. Il n’hésitait jamais à taquiner gentiment les journalistes. Vous comprendrez que j’ai toujours été une cible facile parce que j’aime agacer et je n’ai vraiment pas d’orgueil quand vient le temps de me faire taquiner et ça, Julien l’avait bien compris. Un jour, après une victoire à Washington, alors que les micros/caméras étaient encore ouverts, j’ai terminé son point de presse en lui disant : «Tsé Claude, juste te rappeler que quand vous gagnez, c’est grâce à tes joueurs et quand vous perdez, c’est de TA faute.». C’est un homme hyper sympathique, respectueux et aussi un grand poète. Sa traduction des «back to back» (2 matchs en 2 soirs) en «dos à dos» est un bijou de la langue française.

Le secret le mieux gardé parce qu’il est arrivé dans un contexte de pandémie alors que le zoom était la norme pour les points de presse. C’est loin d’être le plus volubile et le plus à l’aise pour les discours en public, mais en personne, quel charisme et quelle gentillesse! C’était aussi un homme avec un excellent sens de l’humour. Je continue à dire qu’il a subi le traitement le plus injuste que j’ai vu de ma carrière. Après la présence en finale, il est devenu du jour au lendemain un coach, un leader, un cheerleader et un psychologue en même temps. C’était une mission impossible. Il est maintenant très bien à Vegas et que j’en « wouèye » un dire que c’est un mauvais coach de hockey!! Une bonne personne, tout simplement.

Je ne vous apprendrai rien en vous disant que rencontrer Martin St Louis en personne est une expérience en soi. C’est une machine à citations et on a toujours l’impression qu’il ne parle pas, il déclare. J’ai souvent pris des bouts de phrases ou de pensées pour les appliquer dans ma vie de tous les jours. Martin St Louis est un grand amateur d’enthousiasme. Il répète souvent que c’est un élément essentiel dans la vie de tous les jours. Par un soir glacial d’hiver à Winnipeg, St Louis m’a remercié pour mon enthousiasme quotidien. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est un des beaux compliments que j’ai reçus dans ma carrière.

QOSHE - Ces entraineurs que j’ai tant aimés - Marc-André Perreault
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Ces entraineurs que j’ai tant aimés

14 0
31.01.2024

C’est connu et très bien documenté (pas tant, mais bon), je développe un attachement très rapide et surtout très intense pour les entraîneurs que je côtoie dans le cadre de mon travail. Je trouve qu’ils sont bizarres, souvent grognons mais ô combien intéressant. Tu ne deviens pas entraîneur-chef dans la LNH si tu n’as pas quelque chose de très spécial dans ton coffre à outils. J’ai eu la chance de côtoyer 4 entraineurs-chefs du CH pendant ma carrière sur le beat et ils m’ont tous marqué à leur façon.

Assurément le plus grognon du groupe (j’aime les grognons), mais surtout un excellent coach. Sa capacité d’adaptation en situation de match est ce qui m’a le plus impressionné. Son flair était sans égal. Son respect était peut-être un peu plus difficile à gagner, mais une fois que c’était fait, c’était un homme extrêmement agréable à côtoyer. Nous........

© TVA Sports


Get it on Google Play