Chaque année, WrestleMania est spécial pour les amateurs de lutte, mais aussi pour les acteurs eux-mêmes. C’est le plus gros spectacle de l’année, c’est celui vers lequel il y a le plus de regards et tout le monde à la WWE veut y jouer un rôle prédominant. Cela inclut nos deux Québécois, Kevin Owens et Sami Zayn.

Toutefois, ce n’est pas Noël chaque année. Après avoir fait la finale de WrestleMania il y a deux ans contre « Stone Cold » Steve Austin, ainsi que l’an dernier, avec Sami Zayn contre les Usos, Kevin Owens voit sa série de finales se terminer à deux.

De son côté, Zayn avait lutté contre un acteur d’Hollywood en Johnny Knoxville en 2022, avant de remporter les titres par équipe l’an dernier. Cette période d’un peu plus d’un an a été très valorisante pour le Montréalais. Peut-être même la meilleure de sa carrière.

« Quand on parle d’être dans la meilleure position possible sur les cartes, d’avoir des amateurs aussi investis parce qu’on avait la meilleure histoire avec le Bloodline, ç’a été la meilleure année effectivement, explique l’athlète de 39 ans. Mais en même temps, 2023 a été difficile sur le plan personnel. Ç’a été une année en dent de scie pour moi. Mais de WrestleMania à Dallas jusqu’en Arabie saoudite en mai, ça a été vraiment le fun. D’avoir pu faire la finale de WrestleMania et d’avoir affronté Roman Reigns à Montréal, ç’a été spécial. »

Il est vrai qu’après avoir fait une finale aussi émotive à WrestleMania, on ne peut regarder qu’en bas. Peu de matchs auraient pu battre le niveau de sensation que cette finale lui a apportée l’an dernier.

« C’est toujours intéressant pour un performeur, parce que quand tu frappes quelque chose d’aussi gros, tu te demandes si tu vas être capable de frapper quelque chose de si gros encore. C’est pour ça que mon but est de raconter une histoire qui va engager les gens à prendre pour moi ou à être contre moi. Tu ne peux pas faire la finale de chaque gros événement ou avoir une histoire comme celle du Bloodline chaque année. Cette histoire avec le Bloodline est le genre d’histoire que tu as seulement une fois dans ta vie. Il y a des membres du temple de la renommée et des personnes qui ont remporté des dizaines de championnats qui n’ont jamais eu la chance de faire partie d’une histoire aussi importante et pendant aussi longtemps. Alors ce serait dangereux d’essayer de recréer quelque chose d’aussi fort. »

Cela dit, Sami Zayn ne sera pas en reste cette année. Samedi soir, il va affronter le champion Intercontinental Gunther, cette brute autrichienne qui frappe fort et qui est l’un des plus imposants à la WWE.

Il a cependant reçu de l’aide dans les dernières semaines. Chad Gable, cet ancien lutteur olympique, a été l’un des perdants du combat quadruple menace qui a permis à Zayn d’obtenir un match de championnat. Il a ensuite décidé de confronter Sami et de lui dire qu’il ne croyait pas en ses chances. Mais le tout n’était qu’une ruse afin de le motiver davantage.

Et comme WrestleMania est à Philadelphie cette année été que Zayn est l’ultime négligé, on s’est inspiré de l’histoire de Rocky Balboa. Gable a joué un rôle hybride entre celui d’Apollo Creed, Mickey et Adrian et a forcé Sami à se défoncer. Le segment de lundi dernier a d’ailleurs été très bien accueilli par la critique.

« Je me retrouve dans une bonne position. L’histoire est intéressante avec l’implication de Chad Gable, mais j’aurais quand même aimé qu’on puisse y consacrer plus de temps, explique le perfectionniste qu’est Zayn. Cela dit, je me retrouve bien positionné et à part d’avoir un match contre le Rock ou Roman Reigns ou un match pour le titre mondial, c’est le meilleur match que tu peux avoir cette année, à cause de l’excellent travail que Gunther a fait avec le titre Intercontinental. »

Sami a raison de vanter les mérites de celui qu’on appelle le « Ring General ». Lorsque Gunther va défendre son titre contre Zayn, il sera champion depuis 667 jours. Selon le site spécialisé Cagematch, Gunther a défendu son titre à 21 reprises depuis qu’il a battu Ricochet à SmackDown le 10 juin 2022. Il l’a défendu contre 17 différents lutteurs et a eu l’un des meilleurs matchs à WrestleMania 39 à Los Angeles, lorsqu’il a défait Drew McIntyre et Sheamus dans un match triple menace. Il s’agit du plus long règne pour ce titre par plus de 200 jours.

Malgré le bon travail du tenant du titre, la ceinture Intercontinental demeure un championnat secondaire par sa définition. C’est Seth Rollins qui a le titre majeur à Raw. Du côté de SmackDown, l’équivalent du titre Intercontinental est le titre des États-Unis et il est présentement détenu par Logan Paul. J’allais écrire « le Youtubeur Logan Paul », mais il faudrait commencer à dire « le lutteur Logan Paul ». Parce que c’est ce qu’il est, un lutteur et tout un à part de ça.

Dimanche soir, il défendra son titre face à Randy Orton et Kevin Owens, deux maîtres du métier. Une chance inouïe pour Paul d’apprendre de ces vétérans. La rivalité avec Owens remonte à quelques années maintenant. En 2021, à WrestleMania 37, après qu’Owens ait battu Zayn, Paul, qui était préalablement dans le coin du vaincu, s'est mis à célébrer avec Owens dans le ring. Le tout ne fut que de courte durée alors qu’Owens lui a appliqué un « stunner » qui aurait rendu fier Steve Austin. Trois ans plus tard, les deux ont lutté un contre un au Royal Rumble et dans une chambre d’élimination en Australie. WrestleMania était la suite logique.

Même si Owens voue beaucoup de respect à Paul pour le travail qu’il met dans sa nouvelle profession depuis qu’il est à la WWE, l’idée d’affronter Randy Orton, sur une plateforme aussi importante que WrestleMania, l’allume au plus haut point.

« J’ai toujours aimé sa façon de se comporter, explique celui qui fêtera ses 40 bougies le mois prochain. Je l’ai toujours trouvé bon lutteur, mais il m’a probablement plus influencé par son attitude dans le ring. Plusieurs lutteurs m’ont influencé, mais je mentirais si je disais que je ne me suis pas inspiré de lui, surtout quand je suis un méchant. »

Orton n’a pas seulement influencé Owens par sa lutte et son jeu, mais aussi dans le vestiaire. Le fils de « Cowboy » Bob Orton n’a peut-être que quatre ans de plus que le Québécois, mais il compte une douzaine d’années de plus à la WWE.

« En dehors du ring, c’est un exemple de ce qu’on devrait aspirer à être comme vétéran, explique Owens, qui a toujours eu une bonne relation avec l’expert du RKO. Il n’a pas toujours été parfait, il n’a pas toujours été un exemple. Mais il va le dire lui-même. Il est très ouvert avec ça. Donc j’apprécie de l’avoir dans le vestiaire. C’est drôle, j’en parle comme un vestiaire de hockey. Quand Martin St-Louis n’était pas là, on disait qu’il manquait de quoi aux joueurs. C’était la même chose pour nous quand Randy s’est absenté pendant un an. »

Les deux meilleurs Québécois de l’histoire?

Lorsqu’ils auront complété leur fin de semaine, Owens et Zayn auront atteint un nouveau plateau dans l’histoire de la lutte québécoise. En effet, ils seront les deux Québécois avec le plus de matchs dans l’histoire de WrestleMania. De plus, 2024 marque l’année où ils les deux Québécois ayant eu la plus longue carrière à la WWE.

Deux exploits qui rendent Sami Zayn quelque peu inconfortable.

« On se connait depuis mon premier weekend dans le monde de la lutte et tu le sais aussi bien que moi qu’on ne pensait juste pas que c’était possible à l’époque, me rappelait Sami lors de notre entretien. Les gars du circuit indépendant ne se faisaient pas signer, encore moins des maigrichons comme je l’étais. Peu de Québécois arrivaient à se faire signer par la WWE. »

« C’est vraiment fou de penser à ça – parce que ce que je vais dire est vrai – mais Kevin et moi on a fait de bien plus grandes choses à la WWE que les autres Québécois ont fait avant nous, ajoute Zayn, le plus humblement du monde. Et je ne veux pas leur enlever quoique ce soit, mais c’est simplement vrai. De remporter autant de titres, de faire des finales de WrestleMania, ils n’ont jamais réussi à faire autant de grandes choses. Et de penser qu’on a réussi à faire plus que ceux qui sont passés avant nous, c’est difficile pour moi de l’imaginer parce que lorsque j’étais enfant, leurs accomplissements semblaient intouchables. Alors de pouvoir regarder la carrière que Kevin et moi avons et de penser qu’on a dépassé les performances de ces gars-là, c’est très étrange pour moi de dire ça. Ça me trouble de penser qu’il s’agit d’une vérité. »

Voici, en terminant, quelques statistiques à ce sujet :

1-Kevin Owens (8)

1-Sami Zayn (8)

3-Chris Benoit (7)

3-Jacques Rougeau (7)

5-Rick Martel (6)

6-Dino Bravo (4)

7-Raymond Rougeau (3)

7-Maryse Ouellet (3)

9-PCO (2)

10-Sylvain Grenier (1)

10-Ronnie Garvin (1)

10-Little Beaver (1)

1-Sami Zayn (12)

2-Kevin Owens (11)

3-Rick Martel (10)

3-Jacques Rougeau (10)

5-Chris Benoit (8)

Premier de six!

Ceci est le premier de six blogues en direct de WrestleMania. Demain, je vous parlerai de ce qui se passe à Philadelphie et du Québecois Mike Bailey, le plus occupé de tous les Québécois sur place. Samedi, je reviendrai sur SmackDown et le Temple de la renommée, en plus de faire mes prédictions pour le premier soir de WrestleMania. Dimanche, je passerai en revue la première partie de WrestleMania, en plus de faire mes prédictions pour la deuxième soirée. Lundi je reviendrai sur la conclusion de WrestleMania alors que mardi, je ferai un retour sur le Raw d’après Mania.

QOSHE - Des titres à la portée de Kevin Owens et Sami Zayn - Patric Laprade
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Des titres à la portée de Kevin Owens et Sami Zayn

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04.04.2024

Chaque année, WrestleMania est spécial pour les amateurs de lutte, mais aussi pour les acteurs eux-mêmes. C’est le plus gros spectacle de l’année, c’est celui vers lequel il y a le plus de regards et tout le monde à la WWE veut y jouer un rôle prédominant. Cela inclut nos deux Québécois, Kevin Owens et Sami Zayn.

Toutefois, ce n’est pas Noël chaque année. Après avoir fait la finale de WrestleMania il y a deux ans contre « Stone Cold » Steve Austin, ainsi que l’an dernier, avec Sami Zayn contre les Usos, Kevin Owens voit sa série de finales se terminer à deux.

De son côté, Zayn avait lutté contre un acteur d’Hollywood en Johnny Knoxville en 2022, avant de remporter les titres par équipe l’an dernier. Cette période d’un peu plus d’un an a été très valorisante pour le Montréalais. Peut-être même la meilleure de sa carrière.

« Quand on parle d’être dans la meilleure position possible sur les cartes, d’avoir des amateurs aussi investis parce qu’on avait la meilleure histoire avec le Bloodline, ç’a été la meilleure année effectivement, explique l’athlète de 39 ans. Mais en même temps, 2023 a été difficile sur le plan personnel. Ç’a été une année en dent de scie pour moi. Mais de WrestleMania à Dallas jusqu’en Arabie saoudite en mai, ça a été vraiment le fun. D’avoir pu faire la finale de WrestleMania et d’avoir affronté Roman Reigns à Montréal, ç’a été spécial. »

Il est vrai qu’après avoir fait une finale aussi émotive à WrestleMania, on ne peut regarder qu’en bas. Peu de matchs auraient pu battre le niveau de sensation que cette finale lui a apportée l’an dernier.

« C’est toujours intéressant pour un performeur, parce que quand tu frappes quelque chose d’aussi gros, tu te demandes si tu vas être capable de frapper quelque chose de si gros encore. C’est pour ça que mon but est de raconter une histoire qui va engager les gens à prendre pour moi ou à être contre moi. Tu ne peux pas faire la finale de chaque gros événement ou avoir une histoire comme celle du Bloodline chaque année. Cette histoire avec le Bloodline est le genre d’histoire que tu as seulement une fois dans ta vie. Il y a des membres du temple de la renommée et des personnes qui ont remporté des dizaines de championnats qui n’ont jamais eu la chance de faire partie d’une histoire aussi importante et pendant aussi longtemps. Alors ce serait dangereux d’essayer de recréer quelque chose........

© TVA Sports


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