À force de parler français, Kori Cheverie a su conquérir le cœur des amateurs. Mercredi, après la victoire de son équipe confirmant ainsi une place en séries, elle a reçu une longue ovation au centre de la glace. Est-ce que Kori Cheverie est le coach le plus populaire à Montréal en ce moment?

La question mérite d’être posée.

Semblant austère à ses débuts avec l’équipe, on a rapidement découvert une femme sympathique, drôle et avec un bon sens de la répartie. Dès le premier point de presse à domicile le 13 janvier à Verdun, elle se faisait un devoir de débuter la conférence en partageant quelques mots en français aux médias présents.

De «Bonjour tout le monde. Merci de votre support. Maintenant, j’apprends français avec mon professeur. Merci pour votre patience avec moi» à carrément faire des entrevues en français, elle a su gagner le public francophone un à un.

Après une victoire de 5 à 2 contre New York, éliminant les New-Yorkaises des séries tout en confirmant sa propre place, Cheverie a pris la parole au centre de la patinoire. La directrice générale Danièle Sauvageau avait ouvert le bal (non masqué) et la capitaine Marie-Philip Poulin allait le conclure. Mais entre les deux Québécoises francophones, Canadiennes françaises comme aurait dit mon père, une femme de 36 ans de New Glasgow en Nouvelle-Écosse, qui ne parlait pas un traître mot de français lorsqu’elle a été confirmée dans ses fonctions d’entraîneuse-cheffe à Montréal en septembre dernier, a, pour la première fois, parlé directement aux amateurs en français.

«Merci tout le monde. Très bon! On se revoit pour les séries. Merci pour aujourd’hui et pour la saison. Merci beaucoup!»

C’est tout juste avant que les 3000 spectateurs présents lui eussent réservé une généreuse ovation.

«C’était vraiment cool. Je n’arrive pas à trouver les mots. C’est vraiment une sensation géniale, a exprimé Cheverie, visiblement émue, lors de son point de presse. C’est plaisant de ressentir ça. Les fans ont notre personnel et nos joueuses à cœur. C’était vraiment cool de vivre cette expérience. Je n’ai jamais vécu une expérience comme celle-ci avant. C’est incroyable!»

Deux plans pour le même match

Pour en arriver là, elle a mis les efforts nécessaires. Elle a commencé à suivre des cours de français avec un tuteur privé. Toutefois, le soir des matchs, en plus de préparer un plan pour vaincre ses adversaires, elle devait aussi avoir un plan pour affronter, en français, la meute de journalistes après le match.

«Tout le monde est fin avec moi, ils me parlent lentement. Ma professeure de français est aussi très bonne avec moi. Dès que j’ai besoin d’elle, je lui envoie un message texte et on s’appelle. Plusieurs personnes se sont proposées pour m’aider, mais je pense qu’elle a été choisie en lien avec l’Université de Montréal.»

De Patrick Lagacé à Patrice Bélanger!

En début de saison, qui rappelons-le n’a débuté qu’en janvier, elle ne se disait pas encore prête à faire une entrevue en français. Mais finalement le moment est venu, deux fois plutôt qu’une. À la télé avec la consœur Andrée-Anne Barbeau, puis à la radio avec Patrick Lagacé. Entrevues qui n’ont pas laissé l’une des 11 francophones de l’équipe indifférente.

«Oui, c’est quelque chose que j’ai apprécié, s’est empressée de dire Ann-Renée Desbiens. J’ai écouté son entrevue à la radio et je lui ai écrit tout de suite, en français! Je lui ai dit que je sais que ça prend du temps, d’aller à la radio en direct dans ta deuxième langue que tu commences à apprendre, c’est définitivement quelque chose qui est extrêmement difficile. Donc, je lui ai dit de la part de tous les Québécois, de la part de mes parents qui ne parlent pas anglais, de la part de tous nos partisans, qu’on appréciait l’effort qu’elle a fait dans les six derniers mois. Elle est occupée, elle prend le temps de faire des cours, il y a beaucoup de monde qui ne le fait pas. Et je pense que l’équipe de Montréal peut être fière de ce qu’elle fait.»

Cheverie a même commencé à écouter un peu de télé en français. Grande fan de l’émission «Survivor», elle s’est mise à écouter «Survivor Québec»! Je ne suis pas certain que le débit rapide de l’animateur Patrice Bélanger va l’aider, mais bon!

«Je commence juste à l’écouter en français, mais je ne suis pas sûr que ça m’aide, c’est trop difficile, confirme-t-elle. Parfois, j’écoute RDS en français, mais juste le matin avec les faits saillants et quand ils parlent des Canadiens. Je comprends de quoi ils parlent. Je suis meilleure à comprendre et entendre ce que les gens disent, mais d’avoir quelque chose à répondre, c’est ce que je trouve le plus difficile. Lire est correct. Je peux m’arranger, sauf quand je lis un mot que je n’ai jamais vu avant! Je vais commencer à regarder la télé avec des sous-titres.»

Plus populaire que St-Louis, Maas et Courtois?

Martin St-Louis, de par son statut de joueur étoile, parce qu’il parle la langue et qu’il fait un bon travail depuis son arrivée avec les Canadiens, a l’appui du public. L’Américain Jason Maas a mis beaucoup d’importance sur la langue française chez les Alouettes et la culture unique dans laquelle son équipe joue, et ce, dès le début de la saison qui a permis à Montréal de remporter un premier championnat sportif en 13 ans. Laurent Courtois vient d’arriver avec le CF, mais le Français d’origine parle la langue et de ce que je lis, semble avoir l’appui des gens qui suivent l’équipe.

Cela dit, le Québec aime les belles histoires et elles n’ont pas besoin de venir des pays d’en haut. Le public adore un sous-estimé, un «underdog» comme on dit. Une personne qui revient de l’arrière pour montrer de quoi elle est capable. La décision d’embaucher Kori Cheverie à la tête de l’équipe de Montréal a beaucoup été critiquée l’automne dernier.

Pourquoi une anglophone? Pourquoi pas un ou une coach francophone? Plusieurs médias considéraient le tout comme un manque de respect. On se rappelait la mauvaise expérience de Randy Cunneyworth à la barre des Canadiens.

Mais à coups de «très bon» et de «merci beaucoup», Kori Cheverie a rallié tout le monde incluant ses détracteurs. Et comme si ce n’était pas suffisant, à sa première saison, elle a amené son équipe en séries éliminatoires. Du hockey des séries, ce n’est pas arrivé souvent à Montréal. Quatre fois dans la dernière décennie pour être plus précis. Il n’y a peut-être que six équipes, mais ça ne nous empêche pas de vénérer les Richard, Béliveau et Plante des années 1950. Sans compter que tu peux participer au tournoi éliminatoire de la Ligue canadienne de football avec une fiche de 6 victoires et 12 défaites.

Je le dis et je le répète, Kori Cheverie est peut-être, en ce moment, le coach, homme ou femme, le plus populaire à Montréal.

Montréal en séries!

Voilà trois mots qu’on n’est pas habitué de lire ou d’entendre quand on parle de Montréal et de hockey. L’équipe est la deuxième à se tailler une place après Toronto. Avec New York qui est maintenant éliminé, cela veut dire que Minnesota, Boston et Ottawa vont se battre pour les trois postes restants. Minnesota a une longueur d’avance avec 35 points, soit cinq de plus qu’Ottawa et sept de plus que Boston. Ça risque donc de se jouer davantage entre Ottawa et Boston, incidemment, les deux prochains adversaires de Montréal.

Un dernier match haut en couleur

On a mis le paquet pour la dernière partie de la saison à domicile. Kim Richardson y était pour les hymnes nationaux. On a rendu hommage à trois personnes qui en ont fait beaucoup dans l’histoire du hockey féminin : Nathalie Déry, Josée Lebel et Jonathan Larrivée. Michel Kunta, animateur de foule des Canadiens de Montréal, s’est occupé de l’ambiance. Et si ce n’était pas suffisant, l’annonceur maison Éric Therrien était en grande forme. Son «Krrrristin O’Neillll» était particulièrement réussi. Travaillant aussi pour l’Armada à Boisbriand, Therrien commence à s’établir comme l’un des meilleurs annonceurs maison au Québec.

Un premier but inusité

La défenseuse Catherine Daoust va se souvenir longtemps de son premier but dans la LPHF. En effet, la numéro 4 a voulu dégager sa zone et envoyer la rondelle sur le bord de la rampe. Un jeu anodin me direz-vous. C’était sans compter sur la non-coopération de la baie vitrée. Celle-ci a fait dévier la rondelle directement dans le filet de Corinne Schroeder, qui s’était déjà compromise vers sa droite pour intercepter la rondelle. Si le jeu a surpris les 3000 spectateurs présents, Schroeder et Daoust ont probablement été les deux plus surprises du dénouement.

Et c’est ainsi que la Québécoise a enfilé son premier but de la saison. Une belle histoire à raconter, un jour, à ses petits-enfants!

Une autre Québécoise a aussi marqué son premier de la saison, tandis qu’Alexandra Labelle de New York a compté le deuxième but des siennes en fin de troisième période. Le but, marqué en désavantage numérique, a permis à la règle de la sortie de prison de s’appliquer. L’avantage numérique de Montréal a alors pris fin.

Desbiens se reprend

La gardienne de Montréal, Ann-Renée Desbiens, a connu toute une première période. Elle s’est bien reprise après avoir eu une sortie plutôt moyenne au Centre Bell. Elle a repoussé les 14 tirs dirigés vers elle en première période seulement. De plus, Montréal a bloqué six lancers dans cette même première période, 21 par la fin de la partie. On avait d’ailleurs travaillé cet aspect du jeu lundi lors de l’entraînement. Pour revenir à Desbiens, elle a gardé son équipe dans le match, particulièrement en première et en troisième, a fait des arrêts époustouflants, en plus de pouvoir compter sur ses poteaux le moment venu. Une très bonne performance, au moment où l’équipe en avant de besoin, qui lui a permis d’obtenir une première étoile bien méritée.

Howie Draper s’inspire de Patrick Roy

Il reste 14 minutes à faire à la troisième période. La marque est de 4 à 1 pour Montréal. New York obtient un avantage numérique. Et contre toute attente, l’entraîneur-chef de New York Howie Draper décide d’enlever sa gardienne au profit d’une sixième patineuse. Avec 14 minutes à jouer! Même Patrick Roy aurait trouvé ça tôt! Et pourtant, Roy est réputé pour enlever son gardien tôt dans une cause perdante.

La stratégie n’a pas fonctionné, mais elle était quand même intéressante et courageuse. Avec un pointage de 4 à 2, Draper a aussi enlevé sa gardienne avec quatre minutes à jouer, mais Mélodie Daoust a marqué dans un filet désert. Je ne sais pas si Draper s’est inspiré de son homologue des Islanders, mais il y a clairement quelque chose avec les entraîneurs de New York et le retrait hâtif du ou de la gardienne!

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Kori Cheverie, coach le plus populaire à Montréal?

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25.04.2024

À force de parler français, Kori Cheverie a su conquérir le cœur des amateurs. Mercredi, après la victoire de son équipe confirmant ainsi une place en séries, elle a reçu une longue ovation au centre de la glace. Est-ce que Kori Cheverie est le coach le plus populaire à Montréal en ce moment?

La question mérite d’être posée.

Semblant austère à ses débuts avec l’équipe, on a rapidement découvert une femme sympathique, drôle et avec un bon sens de la répartie. Dès le premier point de presse à domicile le 13 janvier à Verdun, elle se faisait un devoir de débuter la conférence en partageant quelques mots en français aux médias présents.

De «Bonjour tout le monde. Merci de votre support. Maintenant, j’apprends français avec mon professeur. Merci pour votre patience avec moi» à carrément faire des entrevues en français, elle a su gagner le public francophone un à un.

Après une victoire de 5 à 2 contre New York, éliminant les New-Yorkaises des séries tout en confirmant sa propre place, Cheverie a pris la parole au centre de la patinoire. La directrice générale Danièle Sauvageau avait ouvert le bal (non masqué) et la capitaine Marie-Philip Poulin allait le conclure. Mais entre les deux Québécoises francophones, Canadiennes françaises comme aurait dit mon père, une femme de 36 ans de New Glasgow en Nouvelle-Écosse, qui ne parlait pas un traître mot de français lorsqu’elle a été confirmée dans ses fonctions d’entraîneuse-cheffe à Montréal en septembre dernier, a, pour la première fois, parlé directement aux amateurs en français.

«Merci tout le monde. Très bon! On se revoit pour les séries. Merci pour aujourd’hui et pour la saison. Merci beaucoup!»

C’est tout juste avant que les 3000 spectateurs présents lui eussent réservé une généreuse ovation.

«C’était vraiment cool. Je n’arrive pas à trouver les mots. C’est vraiment une sensation géniale, a exprimé Cheverie, visiblement émue, lors de son point de presse. C’est plaisant de ressentir ça. Les fans ont notre personnel et nos joueuses à cœur. C’était vraiment cool de vivre cette expérience. Je n’ai jamais vécu une expérience comme celle-ci avant. C’est incroyable!»

Deux plans pour le même match

Pour en arriver là, elle a mis les efforts nécessaires. Elle a commencé à suivre des cours de français avec un tuteur privé. Toutefois, le soir des matchs, en plus de préparer un plan pour vaincre ses adversaires, elle devait aussi avoir un plan pour affronter, en français, la meute de journalistes après le match.

«Tout le monde est fin avec moi, ils me parlent lentement. Ma professeure de français est aussi très bonne avec moi. Dès que j’ai besoin d’elle, je lui envoie un message........

© TVA Sports


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