La rivalité opposant les frères Maurice et Paul Vachon aux frères Jos et Paul Leduc a été l’une des plus importantes de l’histoire de la lutte québécoise.

C’est donc ironique que Paul Vachon soit décédé dans la nuit du 1er mars, alors que quelques heures plus tard, il devait justement aller déjeuner avec Paul Leduc et Gino Brito à Montréal.

« C’était un très bon ami, a affirmé Leduc. Chez nous c’était comme chez eux et vice-versa. C’était un bon vivant, un bon gars. Ça m’a fait ben de la peine quand j’ai appris la nouvelle. »

Paul Vachon a vaincu un cancer de la gorge il y a une quinzaine d’années, mais les traitements lui avaient fait tellement de dommages que dans la dernière année, il était très dur à comprendre lorsqu’il parlait. Il avait aussi de la difficulté à avaler, mangeait peu et avait perdu beaucoup de poids. Équipé aussi d’un stimulateur cardiaque, il s’est fait opérer pour un kyste bénin à la tête le printemps dernier. Puis, un autre est apparu récemment, celui-là cancéreux, et une opération était prévu pour la fin mars. Mais finalement, son cœur a lâché pendant son sommeil, alors qu’il dormait paisiblement chez lui, à Mansonville.

Même s’il a connu une carrière de lutteur incroyable, les accomplissements les plus importants de Paul Vachon sont probablement survenus à l’extérieur du ring. Paul avait un flair inouï pour l’industrie de la lutte professionnelle et cette clairvoyance s’est dévoilée au grand jour au début des années 1970.

Une dispute entre Yvon Robert et Johnny Rougeau avait créé beaucoup de ressentiments du côté d’Yvon Robert, si bien que lorsque son fils, Yvon Jr, a voulu faire carrière dans le monde de la lutte, le père ne voulait pas que le fils fasse ses débuts pour Rougeau et ses As de la Lutte. Il s’est alors donné la mission de créer une opposition en allant chercher les Vachon, Édouard Carpentier, surtout utilisé comme commentateur par Rougeau, deux promoteurs locaux en Lucien Grégoire et Gerry Legault, ainsi que l’avocat Michel Awada. Après le décès d’Yvon Robert, c’est son fils qui héritera de ses parts, alors que Legault vendra les siennes à Paul.

À la suite de la recommandation du promoteur de l’AWA Verne Gagne, c’est Paul qui sera nommé promoteur de la compagnie qu’on allait connaitre sous le nom de Lutte Grand Prix. Paul réalise qu’il a besoin d’atteindre trois objectifs s’il veut réussir : il doit avoir une émission de télévision, obtenir un permis de la Commission athlétique de Montréal et produire des spectacles au Forum de Montréal.

Il réussit rapidement à s’entendre avec l’Auditorium de Verdun pour y présenter des spectacles hebdomadaires et à obtenir une heure de télévision par semaine en anglais à CFCF et en français à Télé 7, en direct de Sherbrooke. L’entente francophone est importante, mais bien la case horaire à laquelle l’émission allait être présentée l’est encore plus. En effet, Paul Vachon révolutionnera la lutte à la télévision au Québec. Jusqu’ici, elle avait été présentée le mercredi soir ou le samedi après-midi. Avec cette entente, le dimanche matin à 11h allait devenir le nouveau rendez-vous des amateurs, case horaire qui sera reprise par Lutte Internationale et la WWF dans les années 1980 et 1990.

Maintenant qu’il avait deux émissions de télé plutôt qu’une, il pouvait se concentrer sur le Forum de Montréal et le permis de la Commission athlétique, ce qui allait s’avérer plus difficile.

La Commission athlétique de Montréal ne veut pas accorder une licence de promotion à l’organisation jusqu'à ce qu'elle soit en mesure d'obtenir des dates au Forum et dans une impasse sans fin, le Forum de son côté ne veut pas donner de dates au groupe avant qu’il n’obtienne une licence! Johnny Rougeau n'aime pas avoir une opposition et il trouve un moyen d’utiliser son influence auprès de la Commission athlétique. Comme la lutte est toujours une question d’être au bon endroit au bon moment, en même temps que Grand Prix commence ses opérations, l'ancien capitaine et légende des Canadiens de Montréal, Jean Béliveau, prend sa retraite et accepte le poste de vice-président et directeur général des relations extérieures avec l’équipe. Quand Paul Vachon se rend compte que la commission protège la promotion de Rougeau, il va à la rencontre de Béliveau. C’est ce dernier qui brise le cercle vicieux pour lui obtenir des dates au Forum. La Commission n'a plus d'autre choix que de permettre à Paul de promouvoir des spectacles à Montréal.

En l’espace de quelques mois, Paul avait atteint tous ses objectifs et Lutte Grand Prix allait devenir la promotion numéro un au Québec pendant un certain temps. L’une des raisons de sa popularité est certes la présence du Géant Ferré.

Après en avoir entendu parler par Frank Valois, Paul Vachon envoie Carpentier en France afin de proposer une entente au Géant. Il est le seul dans la promotion qui connaissait déjà André. Ce dernier accepte de venir à Montréal après sa tournée au Japon prévue pour le mois de mai 1971. Paul aura toute une influence sur le futur d’André.

Parce qu’on veut créer quelque chose de mythique autour du Géant, Paul décide que le Géant allait mesurer 7 pieds 4 pouces et qu’il allait être originaire des Alpes françaises, deux données qui vont le suivre toute sa carrière. Paul agit aussi d’intermédiaire entre André et les autres promotions de lutte qui veulent s’enquérir de ses disponibilités. C’est également Paul qui pense à faire une rivalité entre le Géant et Don Leo Jonathan, qui donnera, entre autres, le fameux « match du siècle » au Forum et qui ouvrira les portes du monde au Géant. Et finalement, c’est Paul, avec Maurice, qui propose à Vince McMahon Sr de prendre André sous son aile.

Un autre événement influencé par Paul Vachon est le match entre Maurice Vachon et Killer Kowalski au stade du parc Jarry, le 14 juillet 1973.

Voulant se servir de leur rivalité en équipe, un combat entre Maurice et Jos Leduc est le combat que la promotion a en tête pour le parc Jarry. Si les deux peuvent attirer plus de 15 000 partisans à Québec, ils vont certainement faire un malheur à Montréal. Mais avant même de pouvoir en faire la promotion, coup de théâtre : Jos et Paul Leduc retournent chez les As de la Lutte. Les discussions entre Maurice et Paul afin de déterminer qui va remplacer le trou béant que vient de laisser Jos vont bon train. Puis tout à coup, Paul demande à Maurice le nom du lutteur le plus détesté de l’histoire du territoire. Sans hésiter, Maurice répond Killer Kowalski. Un heel contre un autre heel en finale du plus gros gala jamais mis sur pied par Grand Prix est un risque énorme pour la compagnie. Mais Paul rassure son frère. Maurice est un Québécois et non pas Kowalski, qui sous ses origines polonaises, est natif de Windsor en Ontario. Comme Maurice avait lui-même pu le constater en début de carrière, à choisir entre deux méchants, la foule va se ranger du côté du Québécois.

Paul avait vu juste. Le combat attire une foule de 29 127 spectateurs, un record qui tient toujours dans l’histoire de la lutte au Québec. Des conflits à l’interne entre les promoteurs marquent la sortie des Vachon de Grand Prix à l’automne 1973. Paul s’implique alors dans une autre promotion, Lutte Célébrité.

« Paul Vachon était un super vendeur. Après Grand Prix, il avait réussi à mettre Lutte Célébrité sur la télé de Halifax à Vancouver, a raconté Paul Leduc. CFCF avait commencé à présenter Lutte Célébrité sur ses ondes. On s’en allait vers le Forum. Ça n’a duré environ qu’un an, mais c’était équipé pour aller loin. »

Né le 7 octobre 1937, Paul Vachon a 14 ans lorsqu’il a commencé à s’entraîner en lutte amateur. S’il ne participe jamais aux Olympiques ou aux Jeux du Commonwealth, il a quand même le mérite d’avoir terminé deuxième au Canada dans la catégorie des 191 livres à seulement 17 ans. C’est alors que son frère Maurice lui dit de quitter la lutte amateur pour devenir lutteur professionnel.

C’est ainsi que le 1er juillet 1955 à North Bay en Ontario, Paul participe à son premier match, en équipe avec Maurice, contre Dory Funk et Dinty Parks. Maurice débute le combat avec Funk, puis fait éventuellement le relais à Paul. Mais Paul réalise qu’il y a un monde entre se battre chez les amateurs et se battre dans le ring. Il gèle. Il ne sait plus quoi faire. Or, il décide de ne plus bouger. En bon frère patient et calme, Maurice donne un conseil à son frère.

« Tu entres dans le ring maintenant ou bien demain tu retournes pelleter du fumier sur la ferme! »

C’est suffisant pour convaincre Paul de faire ses débuts, encore plus effrayé des propos de son frère que du stress de faire son premier combat. Malgré tout, à la fin de l’été, Paul retourne à la ferme et reprendra sa carrière de lutteur quelques mois plus tard à Détroit, pour le promoteur Jack Britton, père de Gino Brito.

« Quand j’ai commencé à Détroit, il était là. Lui et Tony Baillargeon, a raconté Gino Brito. C’est là que je l’ai connu. On voyageait souvent ensemble. La dernière fois que je l’ai vu et que je lui ai parlé, c’est au théâtre pour son film. Ça m’a fait de quoi quand j’ai appris la nouvelle. Dans notre gang, ceux de 80 ans et plus, il en reste moins. »

Puis, vers la fin des années 1950, Paul part à Stampede Wrestling avec Maurice, cette fois-ci sous son vrai nom de Paul Vachon et en équipe avec son frère. C’est le début d’une longue carrière qui le mènera aux quatre coins de la planète. De Calgary à Montréal, en passant par l’Inde, le Texas, Caroline du Nord, Nebraska, Los Angeles, Australie, Atlanta, Japon et même trois ans en Angleterre, Vachon connait du succès partout où il passe, principalement en équipe, alors qu’il remporte de nombreux titres avec plusieurs partenaires tels que Louie Tillet, Chavo Guerrero Sr, Stan Vachon et Hard Boiled Haggerty. Mais celui avec qui il connait le plus de succès est bien évidemment son frère.

Du 30 août 1969 au 15 mai 1971, les Vachon sont champions par équipe de la AWA, l’une des trois plus grosses promotions de lutte en Amérique du Nord. Leurs 623 jours de règne consécutifs avant de perdre contre Red Bastien et Hercules Cortez ne sont battus dans l’histoire de la AWA que par les High Flyers, Greg Gagne et Jim Brunzell, au début des années 1980. Ils perdent les titres seulement au moment de quitter pour Montréal et commencer l’aventure de Lutte Grand Prix. De 1969 à 1973, les frères Vachon sont l’une des équipes qui attiraient le plus au guichet dans le monde de la lutte.

Après Lutte Grand Prix et Lutte Célébrité, Paul travaille quelque temps pour son bon ami Vince McMahon Sr, avant d’aller vers la côte ouest, à Los Angeles et à Portland. Après être passé en Floride, il retourne à New York, où il lutte jusqu’à sa retraite en 1985. De cette période, les gens se souviennent surtout du mariage de Paul Vachon, qui est présenté à la télévision, alors que la WWF diffuse son émission Tuesday Night Titans sur les ondes du USA Network. Mariage qui s’est terminé par une désopilante bataille de nourriture !

Paul devait réellement se marier avec sa copine. Vince McMahon Jr. lui propose alors de le faire dans l’arène et à la télévision. Cependant, entre temps, Paul et sa conjointe se séparent. Pas de problèmes ! On engage une actrice pour jouer le rôle. L’épisode connait tellement de succès que du côté de NBC, on veut travailler davantage avec la WWF et c’est, en partie, ce qui mènera aux épisodes de Saturday Night Main Event.

Après sa carrière, Paul a fait de la politique, se présentant pour le NPD, mais sans grand succès. Avec son épouse Dee, il a profité de sa retraite dans l’état du Vermont et dans les dernières années, à Mansonville, là où il avait déjà vécu plus jeune. Il a écrit des livres, vendu des cannes en bois dans des marchés aux puces, fait le tour des conventions de lutte et joué le rôle du Père Noël au centre d’achat près de chez lui.

En 2009, il monte dans une arène pour la dernière fois en compagnie de son frère, à Montréal, pour le compte de la NCW. Dix ans plus tard, la productrice Valérie Bissonnette et le réalisateur Thomas Rinfret réalisent un film sur sa carrière, sa vie et sa famille. Le film, intitulé Les Derniers Vilains, est acclamé par la critique et permet à Paul de revenir à l’avant-plan une dernière fois.

Il fait partie de plusieurs temples de la renommée de la lutte, dont celui du Québec. Il a influencé la carrière de lutteuse de sa sœur Vivian ainsi que de sa fille adoptive, Luna. Malgré ses 30 ans passés dans le monde de la lutte, principalement comme lutteur, ce sont ses quelques années comme promoteur qui auront davantage marqué le Québec. Il a démontré qu’il connaissait et comprenait l’industrie de la lutte comme pas un et qu’il était tout simplement un visionnaire dans ce domaine.

Paul Leduc conclut sur celui qui fut un rival, mais surtout sur une personne pour qui il vouait beaucoup de respect.

« Quand Paul Vachon était impliqué dans un projet concernant la lutte, les gens voulaient embarquer avec lui, car tu savais que c’était pour fonctionner. »

Sur une base personnelle, j’ai bien connu Paul lors des 15 dernières années. Il a contribué à tous les livres que j’ai écrits avec Bertrand Hébert, on s’appelait régulièrement, j’ai édité et publié son troisième livre et fait la réédition de ses deux premiers, bref, il a toujours été là pour moi et moi pour lui.

En 2009, lorsque Maurice a été intronisé au Panthéon des sports du Québec, Paul m’avait demandé d’organiser un souper de famille. Il avait même pris la peine d’inviter mes parents et avait offert à mon père une canne en bois signée. En 2014, quand un de ses frères est décédé, Paul n’était pas disponible pour y aller, alors il m’a demandé d’y aller et de le représenter aux funérailles. Quelle marque de confiance et d’amitié.

Je l’ai vu pour la dernière fois lorsque je l’ai interviewé pour l’épisode de Luna Vachon à Dark Side of the Ring. Je lui ai parlé pour la dernière fois l’été dernier, lors du 50e anniversaire du match entre Maurice et Kowalski. J’aurais aimé lui dire merci une dernière fois. J’espère simplement qu’il savait à quel point il a été important pour moi.

Paul parlait souvent en anglais lors de nos conversations, mais à la fin de chacune d’entre elles, il terminait en me disant « Salut, mon ami ! » Eh bien Paul, c’est à mon tour de te dire, pour une dernière fois, « Salut, mon ami ! »

QOSHE - Paul Vachon : un lutteur, un promoteur, un ami - Patric Laprade
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Paul Vachon : un lutteur, un promoteur, un ami

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03.03.2024

La rivalité opposant les frères Maurice et Paul Vachon aux frères Jos et Paul Leduc a été l’une des plus importantes de l’histoire de la lutte québécoise.

C’est donc ironique que Paul Vachon soit décédé dans la nuit du 1er mars, alors que quelques heures plus tard, il devait justement aller déjeuner avec Paul Leduc et Gino Brito à Montréal.

« C’était un très bon ami, a affirmé Leduc. Chez nous c’était comme chez eux et vice-versa. C’était un bon vivant, un bon gars. Ça m’a fait ben de la peine quand j’ai appris la nouvelle. »

Paul Vachon a vaincu un cancer de la gorge il y a une quinzaine d’années, mais les traitements lui avaient fait tellement de dommages que dans la dernière année, il était très dur à comprendre lorsqu’il parlait. Il avait aussi de la difficulté à avaler, mangeait peu et avait perdu beaucoup de poids. Équipé aussi d’un stimulateur cardiaque, il s’est fait opérer pour un kyste bénin à la tête le printemps dernier. Puis, un autre est apparu récemment, celui-là cancéreux, et une opération était prévu pour la fin mars. Mais finalement, son cœur a lâché pendant son sommeil, alors qu’il dormait paisiblement chez lui, à Mansonville.

Même s’il a connu une carrière de lutteur incroyable, les accomplissements les plus importants de Paul Vachon sont probablement survenus à l’extérieur du ring. Paul avait un flair inouï pour l’industrie de la lutte professionnelle et cette clairvoyance s’est dévoilée au grand jour au début des années 1970.

Une dispute entre Yvon Robert et Johnny Rougeau avait créé beaucoup de ressentiments du côté d’Yvon Robert, si bien que lorsque son fils, Yvon Jr, a voulu faire carrière dans le monde de la lutte, le père ne voulait pas que le fils fasse ses débuts pour Rougeau et ses As de la Lutte. Il s’est alors donné la mission de créer une opposition en allant chercher les Vachon, Édouard Carpentier, surtout utilisé comme commentateur par Rougeau, deux promoteurs locaux en Lucien Grégoire et Gerry Legault, ainsi que l’avocat Michel Awada. Après le décès d’Yvon Robert, c’est son fils qui héritera de ses parts, alors que Legault vendra les siennes à Paul.

À la suite de la recommandation du promoteur de l’AWA Verne Gagne, c’est Paul qui sera nommé promoteur de la compagnie qu’on allait connaitre sous le nom de Lutte Grand Prix. Paul réalise qu’il a besoin d’atteindre trois objectifs s’il veut réussir : il doit avoir une émission de télévision, obtenir un permis de la Commission athlétique de Montréal et produire des spectacles au Forum de Montréal.

Il réussit rapidement à s’entendre avec l’Auditorium de Verdun pour y présenter des spectacles hebdomadaires et à obtenir une heure de télévision par semaine en anglais à CFCF et en français à Télé 7, en direct de Sherbrooke. L’entente francophone est importante, mais bien la case horaire à laquelle l’émission allait être présentée l’est encore plus. En effet, Paul Vachon révolutionnera la lutte à la télévision au Québec. Jusqu’ici, elle avait été présentée le mercredi soir ou le samedi après-midi. Avec cette entente, le dimanche matin à 11h allait devenir le nouveau rendez-vous des amateurs, case horaire qui sera reprise par Lutte Internationale et la WWF dans les années 1980 et 1990.

Maintenant qu’il avait deux émissions de télé plutôt qu’une, il pouvait se concentrer sur le Forum de Montréal et le permis de la Commission athlétique, ce qui allait s’avérer plus difficile.

La Commission athlétique de Montréal ne veut pas accorder une licence de promotion à l’organisation jusqu'à ce qu'elle soit en mesure d'obtenir des........

© TVA Sports


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