Malgré les conclusions des experts concernant le climat, l’action collective pour enrayer la dégradation de nos conditions de vie sur la planète Terre avance à un rythme bien insuffisant. Perception floue des objectifs à atteindre ? Volonté politique défaillante ? Ou plus simplement conséquence du jeu complexe de grands intérêts qu’il ne s’agirait pas de bousculer ? Les obstacles à une mise en œuvre cohérente d’une stratégie de lutte contre les rejets de CO2 sont nombreux.

Les tenants du libéralisme ont une vue fort éloignée du projet d’un Great new deal. En suivant leur raisonnement, seule une logique marchande du traitement de la pollution se doit d’être envisagée. La mutation semble alors se réduire au triptyque : mise en place d’un « marché carbone », « libéralisation » des « investissements verts », et « chèque énergie » pour les plus pauvres. Manière d’escamoter les injustices au premier rang desquelles l’accès à l’énergie et de culpabiliser les ménages modestes. La nécessité que chacun fasse évoluer son mode de consommation en réduisant le contenu en CO2 est une évidence qui avance certes, mais à trop petits pas. La transition doit tenir compte de ces inégalités et ne pas mettre en cause la croissance dans sa globalité mais s’attaquer à ses composantes négatives, comme son contenu financier, la course à l’armement ou ses dimensions antisociales.

Pour cette première raison est indispensable et urgent de travailler l’articulation entre l’écologie et le social. Mais il y aussi un lien profond entre l’entreprise et la pollution.

Pas touche aux lucratives stratégies des entreprises. Ou en tout cas le moins possible afin de préserver l’habituelle logique de profit. L’enjeu est de révolutionner non seulement la consommation mais aussi la production, les entreprises devenant le centre d’un dispositif de lutte contre le changement climatique. L’entreprise, volet principal d’une stratégie efficace, est actuellement minimisée, voire ignorée par la plupart des programmes politiques y compris par les écologistes, si ce n’est dans la condamnation des activités extractives. Les statistiques il est vrai, parlent essentiellement de la nature des pollutions oubliant ou négligeant leurs origines et les agents émetteurs. L’entreprise est pourtant directement la source de 2/3 des émissions de gaz à effet de serre, et même bien plus si l’on retient les effets indirects tels les besoins de transport ou l’urbanisme.

. L’enjeu écologique, c’est considérer que le climat est un bien commun qui doit rester à la disposition de tous. On ne peut en rester à une logique « pollueur/payeur » qui légalise de fait les gâchis et amorce une grande braderie de l’environnement.. Si la sanction - comme l’ont montré les batailles contre les « marées noires »- ne peut se résumer au paiement des dégradations, elle doit permettre la reconstitution du milieu touché par l’accident. Manière de promouvoir un système préventif qui anticipe et évite la pollution.

Ce n’est pas tomber dans l’excès démocratique que d’exiger le droit de débattre et le droit de décider collectivement, à tous les niveaux, « de ce qu’on produit et comment on le produit ». C’est de la responsabilité des organisations syndicales de porter cette bataille.

QOSHE - Climat, ce qui se joue dans l'entreprise - Jean-Christophe Le Duigou
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Climat, ce qui se joue dans l'entreprise

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13.02.2024

Malgré les conclusions des experts concernant le climat, l’action collective pour enrayer la dégradation de nos conditions de vie sur la planète Terre avance à un rythme bien insuffisant. Perception floue des objectifs à atteindre ? Volonté politique défaillante ? Ou plus simplement conséquence du jeu complexe de grands intérêts qu’il ne s’agirait pas de bousculer ? Les obstacles à une mise en œuvre cohérente d’une stratégie de lutte contre les rejets de CO2 sont nombreux.

Les tenants du libéralisme ont une vue fort éloignée du projet d’un Great new deal. En suivant leur raisonnement, seule une logique marchande du traitement de la pollution se doit d’être envisagée. La mutation semble alors se réduire au triptyque : mise en place d’un « marché carbone », « libéralisation » des «........

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