La France et d’autres pays continuent à engranger une surépargne par rapport à la période pré-Covid, constate l’OCDE dans une analyse. L’accumulation de ces excédents devrait avoir un effet déflationniste sur l’économie.

En permettant aux ménages de continuer à toucher des revenus sans pouvoir consommer, les politiques publiques de lutte contre la pandémie ont nourri un surplus d’épargne. Si l’on retrouve cet excédent dans tous les pays riches, la situation est doublement hétérogène, quant au niveau supplémentaire d’épargne et quant à son utilisation ces deux dernières années, comme le montre une analyse récente de l’OCDE.

Ainsi, alors que le surplus d’épargne…

En permettant aux ménages de continuer à toucher des revenus sans pouvoir consommer, les politiques publiques de lutte contre la pandémie ont nourri un surplus d’épargne. Si l’on retrouve cet excédent dans tous les pays riches, la situation est doublement hétérogène, quant au niveau supplémentaire d’épargne et quant à son utilisation ces deux dernières années, comme le montre une analyse récente de l’OCDE.

Ainsi, alors que le surplus d’épargne – mesuré par l’excédent par rapport à ce qu’aurait donné le maintien du taux d’épargne moyen de la période 2015-2019 – se monte à la fin du troisième trimestre 2023 à plus de 20 % du revenu disponible brut des ménages au Canada, il se situe à moins de 10 % aux Etats-Unis et en Italie, la France étant dans une position intermédiaire (15 %).

Les Américains ont bien plus largement puisé dans cette réserve pour alimenter leur pouvoir d’achat que ce que l’on a constaté dans les autres pays. De ce fait, du troisième trimestre 2021 au troisième trimestre 2023, la consommation des ménages a progressé de plus de 4 % aux Etats-Unis contre 1 % au Japon et moins de 2 % dans la zone euro et au Royaume-Uni.

Comment s’explique cette différence de comportement ? Le soutien public américain a pris la forme de mesures (chèque de soutien, hausse des allocations chômage…) dont les moins aisés ont beaucoup bénéficié, avec une manne inattendue de revenus supplémentaires. En Europe, les politiques publiques ont plutôt maintenu le niveau de revenu habituel des gens. Le surplus d’épargne a ainsi davantage bénéficié aux Américains plus pauvres, à la propension à consommer plus élevée.

A bien suivre l’OCDE, il semble qu’il faille peu compter sur une prochaine diminution importante des excédents accumulés. Ces derniers sont désormais proportionnellement plus dans les mains des plus riches à la faible propension à consommer.

S’y ajoute le fait qu’avec la montée rapide des taux d’intérêt à partir de l’été 2022, l’épargne a tendance à se placer vers des instruments financiers moins liquides que des comptes en banque, moins mobilisables pour les dépenses. Qui plus est, ces placements financiers (actions, obligations…) sont plutôt volatils, ce qui peut inciter les ménages à ne pas vouloir liquider des placements dont la valeur grimpe ou, au contraire, s’ils chutent, ne pas vouloir reconnaître des pertes.

Record français

Dans ce cadre, les données de comparaison internationale que fournit l’OCDE montrent que, sur les deux années passées, la France est le pays pour lequel le surplus d’épargne a continué de progresser le plus fortement.

Selon les perspectives de l’institution, les ménages américains devraient continuer de réduire leur surplus, tandis qu’il devrait encore monter au Japon, au Royaume-Uni et dans la zone euro, exerçant un effet déflationniste.

L’excès d’épargne continue à croître fortement en France

Variation, entre le 1er trimestre 2021 et le 3e trimestre 2023, du flux d'épargne supplémentaire par rapport au taux moyen d'épargne sur 2015-2019 (%)

Source : OCDE

Une analyse de la Réserve fédérale des Etats-Unis va globalement dans le même sens. Elle confirme que les ménages américains ont été bien plus rapides qu’ailleurs pour réduire leur surplus d’épargne, mais conclut qu’il n’y en a pas plus dans ce pays.

A l’inverse, le surcroît d’épargne se maintient sur un plateau en Allemagne, en France et en Espagne, signe que le niveau est peu susceptible de diminuer. Pour autant, les chercheurs restent prudents, soulignant combien les méthodes d’estimation de ces surplus sont fragiles !

QOSHE - En France, il ne faudra pas compter sur les excédents d’épargne - Christian Chavagneux
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En France, il ne faudra pas compter sur les excédents d’épargne

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22.03.2024

La France et d’autres pays continuent à engranger une surépargne par rapport à la période pré-Covid, constate l’OCDE dans une analyse. L’accumulation de ces excédents devrait avoir un effet déflationniste sur l’économie.

En permettant aux ménages de continuer à toucher des revenus sans pouvoir consommer, les politiques publiques de lutte contre la pandémie ont nourri un surplus d’épargne. Si l’on retrouve cet excédent dans tous les pays riches, la situation est doublement hétérogène, quant au niveau supplémentaire d’épargne et quant à son utilisation ces deux dernières années, comme le montre une analyse récente de l’OCDE.

Ainsi, alors que le surplus d’épargne…

En permettant aux ménages de continuer à toucher des revenus sans pouvoir consommer, les politiques publiques de lutte contre la pandémie ont nourri un surplus d’épargne. Si l’on retrouve cet excédent dans tous les pays riches, la situation est doublement hétérogène, quant au niveau supplémentaire d’épargne et quant à son utilisation ces deux dernières années, comme le montre une analyse récente de........

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