Les banques centrales se sont lancées dans le quantitative tightening, la réduction des liquidités qu’elles offrent à l’économie. Sans effets négatifs pour l’instant.

Après la crise financière de 2007-2008, celle des dettes souveraines en Europe au début des années 2010 puis la pandémie de Covid 19, les banques centrales ont soutenu les économies en ramenant à zéro les taux d’intérêt. Elles se sont également lancées dans le quantitative easing (QE), l’achat de titres financiers, essentiellement des dettes publiques, une façon de fournir de la liquidité aux économies.

Et elles n’y sont pas allées de main morte. Par exemple, en 2010, la Reserve fédérale américaine…

Après la crise financière de 2007-2008, celle des dettes souveraines en Europe au début des années 2010 puis la pandémie de Covid 19, les banques centrales ont soutenu les économies en ramenant à zéro les taux d’intérêt. Elles se sont également lancées dans le quantitative easing (QE, « assouplissement quantitatif »), l’achat de titres financiers, essentiellement des dettes publiques, une façon de fournir de la liquidité aux économies.

Et elles n’y sont pas allées de main morte. Par exemple, en 2010, la Reserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre détenaient pour l’équivalent de 2 200 milliards de dollars de titres de dettes publiques. A leur pic en 2021, elles étaient passées à 15 700 milliards.

Plusieurs Cassandre ont régulièrement averti sur le fait que s’il était facile de dépenser de l’argent, le retirer poserait plus de problèmes. C’est pourtant le chemin suivi depuis maintenant quelques années par les principales banques centrales sous le vocable de quantitative tightening (QT, « resserrement quantitatif »).

Cela commence par l’arrêt d’achat de nouveaux titres, puis la banque centrale diminue son bilan soit en laissant les titres qu’elle détient arriver à échéance sans les renouveler, soit de manière plus active en revendant ce qu’elle a en portefeuille (Nouvelle Zélande, Suède, Royaume-Uni).

Tout cela de manière beaucoup plus rapide que le QE. Depuis leur pic de ces dernières années, à la fin 2023, la Risksbank (Suède) et la Banque du Canada avaient déjà réduit leur bilan respectivement de 40 % et 37 %, suivies par la Banque centrale néo-zélandaise avec une baisse de 27 %.

Donc, non seulement les banques centrales se sont engagées dans le QT, mais elles le font sur un rythme accéléré. Avec quels effets ? Insignifiants, selon une étude récente, qui a passé en revue la politique de sept banques centrales en la matière.

Première étape, l’annonce du QT. Les annonces de changement d’orientation des politiques monétaires jouent sur les anticipations des acteurs financiers et généralement de manière importante avant même la mise en œuvre. On pourrait penser que le signal envoyé par une telle politique provoquerait une montée significative des taux d’intérêt payé par les Etats. Selon l’étude, la hausse a bien eu lieu, elle est statistiquement significative, mais elle se situe en moyenne dans une fourchette de… 4 à 8 points de base ! Les effets sont bien entendu plus forts en cas de QT actif, il s’élève par exemple à 42 points de base en Suède. Sinon, pas d’impacts sur la Bourse, sur la réallocation des portefeuilles de placement, sur les taux de change. Bref, pas d’effet.

Et quand on passe de l’annonce du QT à sa mise en œuvre concrète ? Un effet marginal sur les taux d’emprunt à très court terme. « Finalement, nous ne trouvons aucune preuve que le resserrement quantitatif a directement détérioré la liquidité des marchés obligataires gouvernementaux, ni réduit la demande pour les obligations gouvernementales. » Toujours pas d’effet.

Certes, les auteurs prennent le soin de préciser que les banques centrales n’ont engagé ces politiques que récemment. Selon des données récentes de l’OCDE, les banques centrales américaine, européenne, britannique et japonaise détiennent encore 30 % des dettes publiques de leur territoire contre 35 % à leur pic (et moins de 10 % en 2009). Il faudra continuer à suivre dans le temps les effets du QT. Mais à toutes celles et ceux qui nous prédisaient une sortie difficile du QE, l’étude apporte une bonne nouvelle : les banques centrales ont pris le tournant de la normalisation de leur bilan sans dommage.

QOSHE - Les banques centrales réduisent leur bilan sans dommage - Christian Chavagneux
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Les banques centrales réduisent leur bilan sans dommage

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19.03.2024

Les banques centrales se sont lancées dans le quantitative tightening, la réduction des liquidités qu’elles offrent à l’économie. Sans effets négatifs pour l’instant.

Après la crise financière de 2007-2008, celle des dettes souveraines en Europe au début des années 2010 puis la pandémie de Covid 19, les banques centrales ont soutenu les économies en ramenant à zéro les taux d’intérêt. Elles se sont également lancées dans le quantitative easing (QE), l’achat de titres financiers, essentiellement des dettes publiques, une façon de fournir de la liquidité aux économies.

Et elles n’y sont pas allées de main morte. Par exemple, en 2010, la Reserve fédérale américaine…

Après la crise financière de 2007-2008, celle des dettes souveraines en Europe au début des années 2010 puis la pandémie de Covid 19, les banques centrales ont soutenu les économies en ramenant à zéro les taux d’intérêt. Elles se sont également lancées dans le quantitative easing (QE, « assouplissement quantitatif »), l’achat de titres financiers, essentiellement des dettes publiques, une........

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