Conditions de travail, discrimination dans l’emploi, qualité du management, approche low cost… Ce livre coordonné par le politologue Bruno Palier passe au peigne fin le monde du travail en France.

Une soixantaine de spécialistes des questions liées au travail, pas moins, sont réunis dans ce livre qui propose la photo de nos connaissances sur le sujet. On suit un parcours d’articles assez courts, synthétiques, pédagogiques, sur plusieurs grands thèmes, de quoi bénéficier d’éclairages multiples qui se complètent bien pour comprendre les différentes facettes de notre monde du travail actuel.

On démarre avec les conditions de travail pour lesquelles la France apparaît comme un mauvais élève européen : risques physiques plus grands, autonomie plus faible, santé au travail moins assurée, etc. Les Françaises et les Français trouvent le travail important. Et ils sont d’autant plus déçus qu’ils se sentent en manque de reconnaissance, plus stressés...

Une soixantaine de spécialistes des questions liées au travail, pas moins, sont réunis dans ce livre qui propose la photo de nos connaissances sur le sujet. On suit un parcours d’articles assez courts, synthétiques, pédagogiques, sur plusieurs grands thèmes, de quoi bénéficier d’éclairages multiples qui se complètent bien pour comprendre les différentes facettes de notre monde du travail actuel.

On démarre avec les conditions de travail pour lesquelles la France apparaît comme un mauvais élève européen : risques physiques plus grands, autonomie plus faible, santé au travail moins assurée, etc. Les Françaises et les Français trouvent le travail important. Et ils sont d’autant plus déçus qu’ils se sentent en manque de reconnaissance, plus stressés, ayant plus souvent qu’ailleurs perdu le sens de leur travail.

Un ressenti qui s’explique par une intensification du travail, par le développement d’un management par les chiffres dans lequel le travail « mort » (le reporting, la bureaucratie, tout ce que l’on est obligé de faire) prend le pas sur le travail « vivant » (ce que l’on fait vraiment et dans lequel on se réalise).

Taylorisme numérique et discrimination

L’arrivée des nouvelles technologies n’y change pas grand-chose, on voit se développer une forme de taylorisation numérique dans laquelle l’homme doit obéir au rythme de la machine ou de l’algorithme. Et ne parlons pas de ces plates-formes qui proposent du travail pour quelques heures, une forme de marchandisation du loisir pour des microboulots rapportant peu, dans lesquels les femmes sont les plus actives.

Elles sont aussi très présentes dans les métiers dits de la première ligne (environ 10 % des emplois) et de la deuxième ligne (environ 20 %), dans le nettoyage, le commerce, les transports, qui combinent faibles rémunérations, peu de perspectives de carrière, mais de grosses contraintes physiques et horaires.

De manière générale, les femmes demeurent largement discriminées. S’il y a certes beaucoup plus de femmes cadres, l’accès aux postes de management et de direction leur reste plus difficile. Et plus on monte dans la hiérarchie, plus les écarts de salaires entre hommes et femmes s’accroissent.

Dans le même ordre d’idées, les métiers très féminisés restent sous-valorisés. Quid de l’index de l’égalité professionnelle ? Sans même parler des entreprises qui s’en moquent, chez celles qui le mesurent et le fournissent, on ne note pas d’amélioration de la situation des femmes. Les jeunes font également partie des publics discriminés dans le monde du travail, les générations actuelles sont plus précarisées que leurs aînées et l’effet est durable.

Tout cela résulte en partie d’un management à la française de piètre qualité analysé dans plusieurs contributions. Reproduisant le système éducatif, la gestion des personnes est verticale, hiérarchique. Nombre d’entreprises préfèrent la spécialisation dans le bas de gamme pour bénéficier des allègements de cotisations qui enferment les salariés dans les trappes à bas salaires.

On ­comprend surtout combien ce mauvais management est l’une des causes du manque d’innovation dans les entreprises françaises. Un tour d’horizon un peu déprimant de notre monde du travail mais qui donne autant de pistes pour s’en sortir.

Que sait-on du travail ?, par Bruno Palier (coord.) Les Presses de Sciences Po, 2023, 608 p., 22 euros.

QOSHE - Nos vies au boulot - Christian Chavagneux
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Nos vies au boulot

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09.12.2023

Conditions de travail, discrimination dans l’emploi, qualité du management, approche low cost… Ce livre coordonné par le politologue Bruno Palier passe au peigne fin le monde du travail en France.

Une soixantaine de spécialistes des questions liées au travail, pas moins, sont réunis dans ce livre qui propose la photo de nos connaissances sur le sujet. On suit un parcours d’articles assez courts, synthétiques, pédagogiques, sur plusieurs grands thèmes, de quoi bénéficier d’éclairages multiples qui se complètent bien pour comprendre les différentes facettes de notre monde du travail actuel.

On démarre avec les conditions de travail pour lesquelles la France apparaît comme un mauvais élève européen : risques physiques plus grands, autonomie plus faible, santé au travail moins assurée, etc. Les Françaises et les Français trouvent le travail important. Et ils sont d’autant plus déçus qu’ils se sentent en manque de reconnaissance, plus stressés...

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