Le graphorama, c'est quatre infographies sélectionnées chaque semaine par la rédaction pour regarder l'actualité autrement.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : le Français Bernard Arnault reste l’homme le plus riche du monde ; l’Allemagne s’enlise dans le sous-investissement ; la dette des entreprises françaises reste gérable ; le taux de marge des entreprises ne connaît pas la crise.

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1/ La France, symbole de la concentration des richesses

Le Français Bernard Arnault reste l’homme le plus riche du monde

Evolution de la fortune des 5 plus grands patrimoines en 2024, en milliards de dollars

Source : Forbes

Pour la deuxième année consécutive, c’est un Français qui trône à la première place du classement des personnes les plus riches au monde : Bernard Arnault, le principal actionnaire et dirigeant du groupe de luxe LVMH. Et comble du symbole : la première femme (qui arrive à la quinzième place puisque le top des grandes fortunes est un « club select » très masculin) est aussi une Française : Françoise Bettencourt Meyers, l’héritière du groupe L’Oréal. Avec l’homme et la femme la plus riche du monde, la France est-elle l’archétype du pays de l’accumulation des richesses ?

A vrai dire, le top des grandes fortunes est plutôt composé d’Américains et principalement des actionnaires et fondateurs des géants du numérique, que ce soit Jeff Bezos (3e) avec Amazon, Mark Zuckerberg (4e) avec Facebook, Larry Ellison (5e) actionnaire de l’éditeur de logiciel et gestionnaire de base de données Oracle. Ou encore les actionnaires de Microsoft, Bill Gates (7e) et Steve Ballmer (8e), ou les fondateurs de Google, Larry Page (10e) et Sergey Brin (11e). Ces fortunes s’expliquent quasi exclusivement par les variations des cours de Bourse des entreprises en question, qui sont le reflet de leurs capacités à dégager du bénéfice et de la croissance.

Que des Français apparaissent aux côtés des entreprises les plus dominantes au monde montre en creux la puissance d’une poignée de multinationales françaises, et donc de leurs actionnaires. Du fait de sa taille et sa rentabilité, LVMH est certes une machine à cash, qui génère plus de 10 milliards d’euros par an, mais sans commune mesure avec les Gafam. Google dégage près de dix fois plus de bénéfice par an. Ainsi, LVMH est valorisé à environ 400 milliards d’euros, bien moins qu’Amazon (2 000 milliards de dollars) ou Microsoft (3 000 milliards), mais Bernard Arnault et sa famille possèdent 48 % du capital de LVMH quand Jeff Bezos ne contrôle par exemple que 12 % d’Amazon.

Cela en dit long sur la gouvernance de certaines entreprises françaises et la persistance du modèle du capitalisme familial, assis sur un modèle d’accumulation de capital qui continue de battre des records.

Justin Delépine

2/ Allemagne : le frein à la dette, un frein à l’investissement

Le sous-investissement public allemand

Investissement public brut en pourcentage du PIB, en moyenne annuelle entre 2018 et 2022

Source : OCDE, calculs FMI

Seule économie du G7 à connaître la récession en 2023, l’Allemagne semble s’enfoncer dans une léthargie économique. Au-delà des prix de l’énergie et de la baisse de la demande chinoise, un facteur structurel menace l’économie allemande : le manque criant d’investissements publics. L’Allemagne est en bas du classement des économies avancées en matière d’investissement public, avec un taux annuel d’investissement de 2,7 % du PIB en moyenne entre 2018 et 2022.

Dans une note récente, le Fonds monétaire international (FMI) alerte sur la situation et recommande notamment d’ajuster le frein à l’endettement. Cette règle, qui limite le déficit public annuel à 0,35 % du PIB, avait été suspendue entre 2020 et 2023 pour répondre à l’urgence de la crise sanitaire, mais s’applique de nouveau cette année.

Une réforme du frein à la dette est tout à fait envisageable d’un point de vue économique grâce à l’excès d’épargne massif du pays. Fin 2023, l’excédent de la balance courante de l’Allemagne atteignait 7 % du PIB. Mais la position du gouvernement allemand ne semble pas en faveur d’un assouplissement budgétaire. Une ineptie alors que le pays doit massivement investir pour mener à bien sa transition énergétique, moderniser son industrie, numériser ses services publics et relancer son économie en berne.

Juliette Le Chevallier

3/ La dette des entreprises françaises reste gérable

Une structure d’endettement favorable aux entreprises françaises

Proportion de la dette à taux variable, en %, et maturité résiduelle médiane de la dette, en années, des entreprises non financières, à fin 2021. La taille des cercles correspond à la taille des marchés.

Source : Banque de France

Avec la montée des taux d’intérêt, on pouvait légitimement s’inquiéter de la dette des entreprises non financières françaises. En effet, les statistiques de la Banque des règlements internationaux montrent qu’elles sont bien plus endettées que celles des autres pays européens, à hauteur de 151,4 % du PIB contre 96,3 % en moyenne pour la zone euro à fin septembre 2023 (les chiffres de la BRI intègrent les dettes entre entreprises).

Une étude de la Banque de France vient relativiser le problème. En s’appuyant sur les données disponibles (qui couvrent les deux tiers des entreprises non financières françaises et la moitié dans les autres pays), elle montre qu’à la fin 2021, avant la forte montée des taux impulsée par la Banque centrale européenne à partir de l’été 2022, les firmes françaises étaient endettées à taux fixe à 80 % et avec une maturité médiane restant à courir de 3,9 années. Ainsi, alors qu’entre la fin 2021 et l’été 2023 les taux d’intérêt ont augmenté d’environ 4 points de pourcentage, seul un tiers des entreprises françaises ont vu leur taux d’emprunt se modifier et de moins de 1 point de pourcentage en moyenne. Les entreprises françaises semblent donc pouvoir passer sans trop de dommage la période de taux d’intérêt élevés.

Christian Chavagneux

4/ L’investissement baisse, pas les marges

L’investissement ralentit, mais les marges restent élevées

Taux d'investissement et taux de marge des entreprises, en pourcentage de la valeur ajoutée

Source : Insee, prévisions OFCE

Les entreprises ont diminué leurs investissements en 2023, et la tendance va s’accentuer en 2024 et 2025, prévoit l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans son dernier tour d’horizon de l’économie française. Les raisons sont nombreuses : la demande plus faible pousse nombre d’entreprises à renoncer à des projets, par ailleurs rendus plus chers par la hausse des taux d’intérêt et, enfin, les aides accordées pendant la crise sanitaire, prolongées avec l’inflation, ont pris fin et les prêts garantis par l’Etat (PGE) arrivent à échéance.

De 25,4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023, l’investissement global des entreprises françaises doit ainsi passer à 25,1 % en 2024 et 24,8 % en 2025, anticipent les auteurs de la note. La tendance à l’augmentation constatée entre 2020 et 2022 (+ 9 %) s’est clairement inversée, mais l’investissement reste toutefois supérieur à sa moyenne observée au cours des années 2010 (23 % en moyenne entre 2012 et 2019).

Le taux de marge des entreprises restera lui aussi supérieur à son niveau habituel, précisent les économistes, anticipant une augmentation progressive jusqu’à 33,5 % fin 2025, soit deux points au-dessus de la moyenne de longue période (31,5 %). « Il y a beaucoup de différences selon les secteurs », nuancent toutefois les auteurs. L’énergie et l’agroalimentaire sont mieux lotis, et donc principalement concernés par le débat sur une éventuelle taxation des superprofits.

Aude Martin

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La France, symbole de la concentration des richesses et 3 autres infographies à ne pas rater

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11.04.2024

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1/ La France, symbole de la concentration des richesses

Le Français Bernard Arnault reste l’homme le plus riche du monde

Evolution de la fortune des 5 plus grands patrimoines en 2024, en milliards de dollars

Source : Forbes

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Pour la deuxième année consécutive, c’est un Français qui trône à la première place du classement des personnes les plus riches au monde : Bernard Arnault, le principal actionnaire et dirigeant du groupe de luxe LVMH. Et comble du symbole : la première femme (qui arrive à la quinzième place puisque le top des grandes fortunes est un « club select » très masculin) est aussi une Française : Françoise Bettencourt Meyers, l’héritière du groupe L’Oréal. Avec l’homme et la femme la plus riche du monde, la France est-elle l’archétype du pays de l’accumulation des richesses ?

A vrai dire, le top des grandes fortunes est plutôt composé d’Américains et principalement des actionnaires et fondateurs des géants du numérique, que ce soit Jeff Bezos (3e) avec Amazon, Mark Zuckerberg (4e) avec Facebook, Larry Ellison (5e) actionnaire de l’éditeur de logiciel et gestionnaire de base de données Oracle. Ou encore les actionnaires de........

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