Chaque jeudi, nous vous proposons dans le « graphorama » quatre graphiques qui éclairent l’actualité différemment. Parmi les 180 publiés cette année, en voici 12 qui retracent une année 2023 très mouvementée.

Chaque jeudi, nous vous proposons dans le « graphorama » quatre graphiques qui éclairent l’actualité différemment. Et parce que nous savons, chers abonnés, que vous plébiscitez ce format, nous avons épluché les 180 « graphos » – nom affectif que nous donnons en interne à ces graphiques commentés – publiés cette année pour en sélectionner 12 qui nous semblaient être les plus significatifs pour retracer une année très dense en actualité.

Grâce à cette rétrospective, vous replongerez dans une année 2023 marquée par trois grands mouvements. Le premier, en France, concerne le social,...

Chaque jeudi, nous vous proposons dans le « graphorama » quatre graphiques qui éclairent l’actualité différemment. Et parce que nous savons, chers abonnés, que vous plébiscitez ce format, nous avons épluché les 180 « graphos » – nom affectif que nous donnons en interne à ces graphiques commentés – publiés cette année pour en sélectionner 12 qui nous semblaient être les plus significatifs pour retracer une année très dense en actualité.

Grâce à cette rétrospective, vous replongerez dans une année 2023 marquée par trois grands mouvements. Le premier, en France, concerne le social, la réforme des retraites ayant jeté la lumière sur les conditions de vie et de travail. Le second axe, en miroir, réside dans la montée des inégalités en France, particulièrement sensible et frappante en cette année difficile sur le plan social. Enfin, 2023 fut une année pleine de tensions et de reconfigurations au niveau mondial, sur fond d’accélération du réchauffement climatique.

Comme chaque graphorama hebdomadaire, cette rétrospective 2023 ne se veut pas exhaustive. Elle vise à éclairer le débat public sur les sujets qui nous semblent les plus importants, le tout à l’aide des chiffres. Nous vous souhaitons un bon dernier voyage chiffré dans cette année 2023 et vous donnons rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle saison de jeudis en infographies !

1/ 2023, année de recul des droits sociaux

Des millions de personnes dans la rue, des émeutes au moment de l’utilisation de l’article 49-3 du gouvernement pour faire passer son projet… la réforme des retraites a occupé toute l’actualité sociale au début de l’année.

Pour le gouvernement, les réformes sociales conduites en 2023 – retraites bien sûr, mais aussi réforme du système d’allocations-chômage ou encore du revenu de solidarité active (RSA) – sont justifiées par le fait que les Français ne travaillent pas assez. « Nous devons travailler plus », martelait Emmanuel Macron le 14 juillet 2022. « Nous avons une quantité de travail allouée qui n’est pas au bon niveau », disait-il encore quelques mois plus tôt. Pourtant, le volume de travail en France n’a jamais été aussi élevé. En 2021, 41,3 milliards d’heures ont été travaillées dans l’Hexagone, un record.

La France n’a jamais autant travaillé

Nombre d'heures travaillées en France, en milliards

NB : Le nombre total d’heures travaillées est obtenu en multipliant le nombre de personnes en emploi par le nombre moyen d’heures travaillées

Source : OCDE

NB : Le nombre total d’heures travaillées est obtenu en multipliant le nombre de personnes en emploi par le nombre moyen d’heures travaillées

Bien sûr, cette augmentation s’explique en partie par la hausse – très lente – de la population active, elle-même résultant en partie de la hausse de la population française en général. Mais les chiffres de l’emploi et du chômage publiés régulièrement par l’Insee montrent que l’explication est plus large.

Le taux d’activité et le taux d’emploi ont atteint en 2023 des niveaux records. Cela s’explique par le fait que les femmes sont toujours plus nombreuses sur le marché du travail, que les seniors restent en emploi toujours plus longtemps, que le nombre de jeunes ni en emploi ni en formation recule, que l’apprentissage se développe rapidement, ou encore que des milliers de nouveaux microentrepreneurs tentent de s’en sortir dans des métiers ubérisés. Bref, on peut reprocher des choses à la France et à celles et ceux qui y vivent, mais certainement pas de se la couler douce.

Cette réalité n’a pas empêché le gouvernement de durcir les conditions d’attribution des différents transferts sociaux, à commencer, bien évidemment, par les retraites. De quoi accélérer le mouvement déjà enclenché d’appauvrissement relatif des retraités. C’est ce qu’a montré, mi-mai, une étude de l’Insee. Elle conclut que le niveau de vie des retraités sera plus faible que celui du reste de la population. Cela ne signifie pas que les pensionnés seront plus pauvres qu’aujourd’hui, mais que leur situation se dégradera par rapport aux autres.

L’Insee calcule ainsi que le niveau de vie relatif des retraités devrait s’élever « entre 76,2 % et 87,9 % [de celui du reste de la population]. Il retrouverait dès lors des valeurs comparables à celles qu’il avait dans les années 1980 ou celle qui est constatée dans beaucoup de pays européens. »

Le niveau de vie des retraités baissera relativement au reste de la population

Niveau de vie moyen des retraités rapporté à celui de l'ensemble de la population

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Lecture : en 2019, dernière année observée, le niveau de vie moyen de l’ensemble des retraités représentait 101,5 % de celui de l’ensemble de la population.

Source : Insee

Lecture : en 2019, dernière année observée, le niveau de vie moyen de l’ensemble des retraités représentait 101,5 % de celui de l’ensemble de la population.

Autre catégorie de population malmenée par l’exécutif en 2023 : les demandeurs d’emploi. Dès octobre 2021, une réforme avait considérablement réduit leurs droits. La poursuite du durcissement, à partir du 1er février 2023, n’a rien arrangé. Résultat, le nombre de chômeurs indemnisés est en forte baisse.

Le nombre de chômeurs indemnisés en chute

Effectif des demandeurs d'emploi indemnisés par l'assurance chômage, en fin d'année, en millions

Source : Unédic

Enfin, l’année 2023 a été celle de la réforme du RSA. Elle prévoit que ses allocataires effectuent 15 heures d’activité par semaine pour prétendre à leur prestation en vertu du projet de loi pour le plein-emploi. En plus de cette nouvelle contrainte, les bénéficiaires du RSA doivent se débattre avec un pouvoir d’achat qui baisse. C’est ce que montrent Noam Leandri, président du collectif Alerte, et Pierre Madec, économiste à Sciences Po, dans une note pour la fondation Jean Jaurès.

Les deux auteurs ont calculé le « pouvoir d’achat du RSA » en corrigeant le montant de l’allocation de l’évolution des prix que subissent les 20 % de ménages les plus modestes (les statisticiens parlent de « l’indice des prix à la consommation des ménages du premier quintile »). Résultat, le montant du RSA s’élevait, en août, à 524 euros pour une personne seule. C’est 30 euros de moins qu’en août 2020.

Le pouvoir d’achat du RSA décroche

Evolution du RSA réel (déflaté de l'Indice des prix à la consommation du 1er quintile) entre janvier 2018 et aout 2023

Source : Pierre Madec

2/ 2023, encore un bon cru pour les riches

En miroir du durcissement des aides sociales, l’année 2023 a été marquée par un enrichissement des plus aisés, dans le sillage de marges historiquement élevées des entreprises. La politique fiscale d’Emmanuel Macron, elle, n’a rien corrigé, soutenant philosophiquement cet enrichissement « par le haut », en espérant qu’il ruisselle sur l’ensemble de l’économie.

Les indicateurs de richesse dont on dispose ont livré, en cette année 2023, leur verdict concernant l’année 2022. Et ils sont clairs : les riches ont profité à plein de la reprise post-Covid. Ainsi, le nombre de foyers assujettis à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) a progressé de 7,3 %.

Les dividendes, de leur côté, sont également en excellente santé. En 2022, l’ensemble des entreprises françaises a distribué 268,9 milliards d’euros de dividendes. C’est le record absolu depuis que l’on dispose de statistiques, soit 1949.

La nouvelle routine des records de dividendes

Revenus distribués des sociétés financières et non financières en France, en milliards d'euros

Source : Insee

Que les actionnaires se rassurent, 2023 ne viendra pas casser cette nouvelle routine des dividendes records. Car les entreprises ont profité de l’inflation pour dégager des marges records, dans des proportions étonnantes au regard de l’histoire.

Ainsi, alors que le taux de marge avait diminué lors des crises économiques précédentes, il a au contraire augmenté depuis la crise sanitaire. Il serait de 33 % en moyenne en 2023, contre 31,6 % en 2018, selon les estimations de l’Insee. Dans les années 1970, le mouvement inverse avait été observé. Les marges des entreprises avaient chuté de 6 points de pourcentage entre 1972, à la veille du premier choc pétrolier, et 1980.

Les marges des entreprises progressent, contrairement à ce que l’on a observé lors des précédentes crises

Taux de marge des sociétés non financières au cours de différentes crises économiques, base 100 = début de chaque période

Source : Insee, calculs Alternatives Economiques

L’Insee explique la progression des marges cette année par plusieurs facteurs, dont « une relative modération salariale ». Les salaires n’étant plus indexés sur l’inflation depuis 1983 – à l’exception du Smic dont la revalorisation est automatique –, ils ont nettement moins progressé que les prix. Une aubaine pour les entreprises qui bénéficient en parallèle de la baisse du coût des intrants – éléments utilisés pour la production – accompagnée d’une hausse des prix à la vente et à l’exportation.

Face à ces évolutions, la politique fiscale d’Emmanuel Macron n’a pas varié. Le président de la République continue de parier sur les baisses d’impôt pour les entreprises : pour lui, il faut rapprocher les taux d’imposition des entreprises françaises de ceux des pays concurrents, et la France redeviendra compétitive.

Un travail de recherche, réalisé par l’économiste Anne-Laure Delatte, prouve que depuis 1995, l’écart de prélèvements entre la France et les pays de l’Union européenne (hors pays de l’Est et Chypre, Malte, Luxembourg) s’est considérablement réduit : il est passé de l’équivalent de 4 points de PIB à 1,5 point. Une telle dynamique aurait dû se voir dans l’amélioration de notre commerce extérieur si la cause première des problèmes se trouvait là. C’est tout l’inverse qui s’est produit avec des résultats de plus en plus catastrophiques.

Les ratés de la politique de l’offre

Déficit commercial français (milliards d'euros) et écart de prélévèments nets (impôts - subventions) sur les entreprises en France par rapport à la moyenne de l'UE (% du PIB)

Lecture : en 2021, le déficit commercial en France s’est élevé à 84,8 milliards d’euros. La même année, l’écart de prélèvements nets sur les entreprises (impôts – subventions) entre la France et la moyenne des pays de l’UE s’élevait à 1,5 point de PIB.

Source : Insee et Anne-Laure Delatte

Lecture : en 2021, le déficit commercial en France s’est élevé à 84,8 milliards d’euros. La même année, l’écart de prélèvements nets sur les entreprises (impôts – subventions) entre la France et la moyenne des pays de l’UE s’élevait à 1,5 point de PIB.

Au total, la facture est salée : selon les calculs de l’institut Rexecode, le manque à gagner pour les finances publiques en 2022 de toutes les mesures socio-fiscales prises depuis 2017 s’élève à 46,8 milliards d’euros.

3/ 2023, année chaude pour le climat, l’économie, et la géopolitique

Enfin, l’année 2023 a constitué, sur le plan mondial, une nouvelle année marquée par d’énormes tensions, avec comme point d’orgue la guerre entre Israël et le Hamas depuis le 7 octobre dernier. Ce conflit ne doit cependant pas faire oublier une autre guerre, celle en Ukraine, qui dure depuis bientôt deux ans et qui semble inéluctablement s’enliser.

La contre-offensive ukrainienne lancée en juin ne parvient pas à récupérer les territoires envahis par les Russes. L’armée ukrainienne a certes libéré environ 50 km2 au mois d’octobre, selon War Mapper. Mais au total, 17,48 % de l’Ukraine est toujours occupée par les forces de Poutine.

La contre-offensive ukrainienne ne permet pas de regagner du terrain

Gains et pertes territoriaux ukrainiens, en % du territoire urkrainien, entre février 2022 et octobre 2023

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Source : Warmapper.org

L’Ukraine compte donc plus que jamais sur le soutien de ses alliés occidentaux pour lui fournir des armements en grande quantité d’un coup afin de renverser la vapeur. Mais ce soutien fait l’objet de conflits politiques internes chez nombre d’alliés, notamment aux Etats-Unis et en Europe.

Sur le plan économique, la guerre en Ukraine reconfigure rapidement la donne, notamment en matière de devises. Ainsi, l’euro et le dollar, que Moscou appelle désormais des devises « inamicales » ou « toxiques », perdent du terrain face au rouble et surtout au yuan dans le commerce russe. Le service économique régional (SER) de Moscou relève que les recettes d’exportations en yuan ont atteint 11,6 milliards équivalent-USD en octobre.

L’euro et le dollar s’effacent lentement du commerce russe

Structure des exportations russes de biens par devises, en % du total

Source : Service économique régional de Moscou (DG Trésor), Banque de Russie

La dédollarisation de l’économie russe n’a pas commencé avec l’invasion de l’Ukraine en février 2022, elle remonte au moins à 2017-2018. Et elle a dans un premier temps bénéficié à l’euro. Mais depuis février 2022, elle s’accompagne d’une dé-euroisation en raison des sanctions occidentales, comme la déconnexion de la Russie du système bancaire SWIFT et les mesures russes de contrôle des capitaux.

La crise russe est un bon révélateur de la progression de l’influence chinoise ces derniers mois. Face à ce contexte, les Etats-Unis ne sont pas restés inactifs, et ont mis un immense coup d’accélérateur en matière industrielle.

En août 2022, le président Joe Biden avait fait voter deux lois, le Chips Act pour développer la recherche et la production de semi-conducteurs aux Etats-Unis, ainsi que l’Inflation Reduction Act qui, comme son nom ne l’indique pas, vise à développer des industries vertes de production d’électricité sur le territoire américain. Depuis, les investissements sont passés d’une moyenne mensuelle de 5,3 milliards entre 2000 et 2021 à 110 milliards mensuels sur les derniers mois de 2023 ! Une croissance impressionnante qui met les Etats-Unis sur une trajectoire technologique dynamique.

Un boom impressionnant de l’investissement technologique aux Etats-Unis

Investissements privés dans le secteur informatique/électrique/électronique, en milliards de dollars

Source : BEA/Candriam

De grandes reconfigurations économiques sont à l’œuvre. Pour qui en doute, il suffit de se pencher sur la stratégie des Gafam (acronyme réunissant Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft), qui, ces derniers mois, licencient à tour de bras. Meta, la maison-mère de Facebook, a par exemple annoncé 11 000 licenciements en novembre 2022 avant d’en ajouter 10 000 supplémentaires mi-mars 2023. Son effectif a ainsi été réduit de près d’un quart en quelques mois. Au total, sur les trois premiers mois de 2023, 148 000 salariés ont été licenciés par les Gafam

Les licenciements dans la Tech ont doublé ce trimestre

Nombre de licenciements annoncés par les entreprises de la tech dans le monde

Source : Layoffs.fyi

Ces licenciements sont en partie la cause du retournement de la politique monétaire opérée en 2022. Avec un coût de l’argent devenu plus élevé, les cours de Bourse des Gafam ont été entraînés vers le bas, ainsi que les montants des levées de fonds des start-ups. Une sorte de retour à la normale, brutal pour l’économie des plateformes. Cette tendance s’est doublée, sous le coup de l’inflation, d’un ralentissement du marché publicitaire en ligne, qui reste un mode de financement central de l’économie numérique.

Enfin, l’année 2023 a hélas apporté son lot habituel de nouvelles inquiétantes en matière climatique. 2023 devrait ainsi être l’année la plus chaude jamais enregistrée sur le globe. Autre record, celui des émissions de CO2, porté par le développement de la Chine et de l’Inde.

Derrière le nouveau record d’émission de CO2 fossile, le développement chinois et indien

Emissions annuelles de CO2 liées à la combustion d'énergies fossiles, en milliards de tonnes

Source : Global Carbon Project

Les pays plus développés affichent quelques progrès sans pour autant être exemplaires. Les Etats-Unis – où les émissions par habitant restent très supérieures à celles de la Chine et de l’Inde – voient leurs émissions diminuer de 3 %, notamment du fait de l’effondrement du charbon au profit du gaz et des énergies renouvelables.

2023 constitue donc une année compliquée pour toutes celles et ceux qui espèrent un développement économique, social et écologique durable et égalitaire. Ce qui nous pousse, à Alter Eco, à ne rien lâcher, et à continuer de vous fournir chaque jeudi de 2024 un état des lieux chiffré de ces grandes évolutions.

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Les 12 graphiques qu’il ne fallait pas rater en 2023

9 0
28.12.2023

Chaque jeudi, nous vous proposons dans le « graphorama » quatre graphiques qui éclairent l’actualité différemment. Parmi les 180 publiés cette année, en voici 12 qui retracent une année 2023 très mouvementée.

Chaque jeudi, nous vous proposons dans le « graphorama » quatre graphiques qui éclairent l’actualité différemment. Et parce que nous savons, chers abonnés, que vous plébiscitez ce format, nous avons épluché les 180 « graphos » – nom affectif que nous donnons en interne à ces graphiques commentés – publiés cette année pour en sélectionner 12 qui nous semblaient être les plus significatifs pour retracer une année très dense en actualité.

Grâce à cette rétrospective, vous replongerez dans une année 2023 marquée par trois grands mouvements. Le premier, en France, concerne le social,...

Chaque jeudi, nous vous proposons dans le « graphorama » quatre graphiques qui éclairent l’actualité différemment. Et parce que nous savons, chers abonnés, que vous plébiscitez ce format, nous avons épluché les 180 « graphos » – nom affectif que nous donnons en interne à ces graphiques commentés – publiés cette année pour en sélectionner 12 qui nous semblaient être les plus significatifs pour retracer une année très dense en actualité.

Grâce à cette rétrospective, vous replongerez dans une année 2023 marquée par trois grands mouvements. Le premier, en France, concerne le social, la réforme des retraites ayant jeté la lumière sur les conditions de vie et de travail. Le second axe, en miroir, réside dans la montée des inégalités en France, particulièrement sensible et frappante en cette année difficile sur le plan social. Enfin, 2023 fut une année pleine de tensions et de reconfigurations au niveau mondial, sur fond d’accélération du réchauffement climatique.

Comme chaque graphorama hebdomadaire, cette rétrospective 2023 ne se veut pas exhaustive. Elle vise à éclairer le débat public sur les sujets qui nous semblent les plus importants, le tout à l’aide des chiffres. Nous vous souhaitons un bon dernier voyage chiffré dans cette année 2023 et vous donnons rendez-vous l’année prochaine pour une nouvelle saison de jeudis en infographies !

1/ 2023, année de recul des droits sociaux

Des millions de personnes dans la rue, des émeutes au moment de l’utilisation de l’article 49-3 du gouvernement pour faire passer son projet… la réforme des retraites a occupé toute l’actualité sociale au début de l’année.

Pour le gouvernement, les réformes sociales conduites en 2023 – retraites bien sûr, mais aussi réforme du système d’allocations-chômage ou encore du revenu de solidarité active (RSA) – sont justifiées par le fait que les Français ne travaillent pas assez. « Nous devons travailler plus », martelait Emmanuel Macron le 14 juillet 2022. « Nous avons une quantité de travail allouée qui n’est pas au bon niveau », disait-il encore quelques mois plus tôt. Pourtant, le volume de travail en France n’a jamais été aussi élevé. En 2021, 41,3 milliards d’heures ont été travaillées dans l’Hexagone, un record.

La France n’a jamais autant travaillé

Nombre d'heures travaillées en France, en milliards

NB : Le nombre total d’heures travaillées est obtenu en multipliant le nombre de personnes en emploi par le nombre moyen d’heures travaillées

Source : OCDE

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NB : Le nombre total d’heures travaillées est obtenu en multipliant le nombre de personnes en emploi par le nombre moyen d’heures travaillées

Bien sûr, cette augmentation s’explique en partie par la hausse – très lente – de la population active, elle-même résultant en partie de la hausse de la population française en général. Mais les chiffres de l’emploi et du chômage publiés régulièrement par l’Insee montrent que l’explication est plus large.

Le taux d’activité et le taux d’emploi ont atteint en 2023 des niveaux records. Cela s’explique par le fait que les femmes sont toujours plus nombreuses sur le marché du travail, que les seniors restent en emploi toujours plus longtemps, que le nombre de jeunes ni en emploi ni en formation recule, que l’apprentissage se développe rapidement, ou encore que des milliers de nouveaux microentrepreneurs tentent de s’en sortir dans des métiers ubérisés. Bref, on peut reprocher des choses à la France et à celles et ceux qui y vivent, mais certainement pas de se la couler douce.

Cette réalité n’a pas empêché le gouvernement de durcir les conditions d’attribution des différents transferts sociaux, à commencer, bien évidemment, par les retraites. De quoi accélérer le mouvement déjà enclenché d’appauvrissement relatif des retraités. C’est ce qu’a montré, mi-mai, une étude de l’Insee. Elle conclut que le niveau de vie........

© Alternatives Économiques


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