Le graphorama, c'est quatre infographies sélectionnées chaque semaine par la rédaction pour regarder l'actualité autrement.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : les salaires ont toujours un train de retard sur l’inflation, les renouvelables ont le vent en poupe en Europe, l’Afrique subit des taux très élevés, et les contrats aidés sont en forte baisse en France.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : les salaires ont toujours un train de retard sur l’inflation, les renouvelables ont le vent en poupe en Europe, l’Afrique subit des taux très élevés, et les contrats aidés sont en forte baisse en France.

1/ Salaires : l’effet de l’inflation est loin d’être effacé

Les salaires du secteur privé restent en retard sur les prix

Evolution de l'inflation et des salaires mensuels de base (avant déduction des cotisations sociales et versement des prestations sociales), en base 100 par rapport à la fin 2020

Source : Ministère du travail et Insee

Tous les moyens sont bons pour limiter la hausse des salaires. Quand les prix ont commencé à grimper début 2021, les économistes et responsables politiques n’avaient de cesse d’alerter sur les risques d’une boucle auto-entretenue entre la hausse des prix et la hausse des salaires pour justifier une modération salariale. Mais cette fameuse « boucle prix-salaires » n’a jamais existé, comme l’a reconnu le FMI lui-même. Aujourd’hui, ils utilisent désormais un autre argument : les salaires augmentent plus vite que les prix, on peut donc s’arrêter là dans le rattrapage. Mais on est en réalité loin du compte.

Selon les derniers chiffres du ministère du Travail, les salaires dans le secteur privé ont augmenté en moyenne de 3,8 % en 2023. Certes, « les salaires ont progressé plus vite que l’inflation en moyenne en 2023 en France », comme l’ont titré nos confrères des Echos, mais de seulement 0,1 point puisque les prix ont progressé de 3,7 % en 2023, indique l’Insee. L’écart est ténu.

Surtout, si l’on regarde ce qui s’est passé depuis le début de l’épisode inflationniste, le retard accumulé par les salaires est loin d’être comblé. « Sur trois ans, les salaires de base du privé ont augmenté de 9,7 % et les prix ont augmenté de 12,8 % », nuance François Geerolf, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Et, précise-t-il, « c’est encore pire si l’on prend en compte les salaires du public, puisque le point d’indice n’a augmenté que de 5 % sur la période ».

La tendance devrait se poursuivre cette année, et les salaires augmenter de 3,5 % en moyenne, estiment le Groupe Alpha ou encore Secafi. A comparer avec, estiment les experts de l’OFCE dans leur dernier exercice de prévision, les 3,3 % d’inflation attendus pour l’ensemble de 2024.

Aude Martin

2/ Développement des renouvelables et baisses d’émissions : l’électricité européenne bat des records

L’éolien a dépassé le gaz dans le mix électrique européen en 2023

Production d'électricité en UE par source, en térawattheures (TWh)

Source : Ember

Entre 2022 et 2023, les émissions de CO2 liées à la production d’électricité en Union européenne ont dégringolé de 19 %, a estimé le think tank britannique Ember dans son rapport annuel. Une baisse record, bien supérieure à celle de 2020 liée au Covid-19 (-13 %).

Derrière ce chiffre encourageant se cachent plusieurs tendances. Positive d’abord, comme la chute sans précédent de la production d’électricité à partir de charbon (- 26 %) et de gaz (- 15 %). Le charbon ne représente ainsi plus que 12,3 % du mix électrique européen, et le gaz 16,8 %.

Autre tendance positive, la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables bat aussi des records. L’éolien dépasse pour la première fois le gaz en 2023, après avoir dépassé le charbon à partir de 2020. Le solaire, dont le développement s’accélère depuis 2021, ne devrait pas tarder à faire de même. Solaire et éolien ont ainsi représenté plus du quart de la production électrique européenne en 2023, et pourraient dépasser toutes les sources fossiles ces prochaines années.

Mais si la production d’origine fossile a énormément diminué, le développement des renouvelables ne compense que deux tiers de cette baisse, mesure Ember. Le reste est lié à la baisse de la demande d’électricité, majoritairement causée par la chute de la production industrielle et par un climat plus doux (donc au réchauffement climatique).

Matthieu Jublin

3/ Les taux ont augmenté trois fois plus vite en Afrique qu’en Allemagne

L’Afrique, région la plus touchée par les hausses de taux d’intérêts

Taux 10 ans aux Etats-Unis et en Allemagne et taux actuariels en USD dans quatre régions du monde en développement

Source : Agence française de développement, US department of Treasury, Deutsche Bank, JP Morgan, Macrobond

La hausse des taux est mondiale. Mais elle n’est pas aussi forte dans toutes les régions du globe. En effet, l’envolée des taux d’emprunt à partir de 2022 a été plus forte dans les régions considérées comme plus risquées. L’Afrique est le premier continent concerné. En moyenne, Thomas Melonio, de l’Agence française de développement (AFD), estime qu’il y a un rapport de trois entre la hausse des taux en Allemagne (qu’on prend souvent comme pays de référence) et la hausse en Afrique.

Ajoutez à cela que les taux auxquels les pays africains empruntaient avant 2022 étaient déjà beaucoup plus élevés que dans les pays développés, et vous obtenez des taux actuariels – c’est-à-dire le taux de rendement véritable d’un emprunt – qui ont frôlé 15 % sur le continent. A l’autre bout du spectre, l’Allemagne a vu son taux à dix ans atteindre au maximum 3 % à la fin 2023.

Derrière l’Afrique, l’Amérique latine est la deuxième région à subir les taux les plus hauts – autour de 8-9 % lors de l’année passée. L’AFD voit aujourd’hui une stabilisation des taux au niveau mondial et conjecture une baisse pour l’année 2024, ce qui pourrait redonner de l’air aux économies des pays en développement.

Eva Moysan

4/ Les contrats aidés à nouveau délaissés

Les contrats aidés sont en net recul

Entrées en contrat aidé entre 2011 et 2022

Source : Agence de services et de paiement (ASP), traitements Dares.

En 2022, les entrées en contrat aidé ont accusé une forte baisse (-31 % par rapport à 2021). 77 000 ont été conclus sous forme de parcours emploi compétences (PEC) dans le secteur non marchand et 50 500 via des contrats uniques d’insertion – contrats initiatives emploi (CUI-CIE) dans le secteur marchand.

La Dares qui publie ces chiffres prend soin de rappeler que cette chute succède à une forte hausse de ce type de contrats entre 2020 et 2021 (+ 126 %). Le gouvernement avait alors soutenu ces dispositifs pour limiter les effets de la crise sanitaire, les jeunes en ont particulièrement bénéficié dans le cadre du plan un jeune/une solution. A noter qu’en 2022, un bénéficiaire sur deux a toujours moins de 26 ans.

Si le niveau des contrats aidés renoue avec celui de 2018, cette décrue pourrait s’amplifier. En 2020, le seuil historiquement bas de 82 000 contrats avait été atteint. Hormis pendant les périodes de crise, la politique du gouvernement est clairement de couper dans les enveloppes dédiées aux contrats aidés (les CUI-CIE sont pris en charge à hauteur de 46 % du smic horaire brut, contre 57 % pour les PEC) qui avaient pourtant démontré leur efficacité. Dès 2017, Emmanuel Macron avait décidé de sabrer dans ces budgets. Cette chute acte le début d’un retour à la normale…

Sandrine Foulon

QOSHE - Non, les salaires n’ont pas encore rattrapé l’inflation et 3 autres infographies à ne pas rater - La Rédaction
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Non, les salaires n’ont pas encore rattrapé l’inflation et 3 autres infographies à ne pas rater

12 0
15.02.2024

Le graphorama, c'est quatre infographies sélectionnées chaque semaine par la rédaction pour regarder l'actualité autrement.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : les salaires ont toujours un train de retard sur l’inflation, les renouvelables ont le vent en poupe en Europe, l’Afrique subit des taux très élevés, et les contrats aidés sont en forte baisse en France.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : les salaires ont toujours un train de retard sur l’inflation, les renouvelables ont le vent en poupe en Europe, l’Afrique subit des taux très élevés, et les contrats aidés sont en forte baisse en France.

1/ Salaires : l’effet de l’inflation est loin d’être effacé

Les salaires du secteur privé restent en retard sur les prix

Evolution de l'inflation et des salaires mensuels de base (avant déduction des cotisations sociales et versement des prestations sociales), en base 100 par rapport à la fin 2020

Source : Ministère du travail et Insee

  • Facebook
  • Twitter
  • Embed

Tous les moyens sont bons pour limiter la hausse des salaires. Quand les prix ont commencé à grimper début 2021, les économistes et responsables politiques n’avaient de cesse d’alerter sur les risques d’une boucle auto-entretenue entre la hausse des prix et la hausse des salaires pour justifier une modération salariale. Mais cette fameuse « boucle prix-salaires » n’a jamais existé, comme l’a reconnu le FMI lui-même. Aujourd’hui, ils utilisent désormais un autre argument : les salaires augmentent plus vite que les prix, on peut donc s’arrêter là dans le rattrapage. Mais on est en réalité loin du compte.

Selon les derniers chiffres du ministère du Travail, les salaires dans le secteur privé ont augmenté en moyenne de 3,8 % en 2023. Certes, « les salaires ont........

© Alternatives Économiques


Get it on Google Play