Le graphorama, c'est quatre infographies sélectionnées chaque semaine par la rédaction pour regarder l'actualité autrement.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : la Cour des comptes très sévère sur le secteur des services à la personne ; les salariés de la logistique réclament de meilleurs salaires ; l’agriculture bio est aussi performante que le conventionnel ; en Turquie, le président Erdogan puni dans les urnes par la crise économique.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : la Cour des comptes très sévère sur le secteur des services à la personne ; les salariés de la logistique réclament de meilleurs salaires ; l’agriculture bio est aussi performante que le conventionnel ; en Turquie, le président Erdogan puni dans les urnes par la crise économique.

1/ Services à la personne : une subvention pour les plus riches

Des services subventionnés par de l’argent public et qui profitent aux riches

Taux de recours aux services à la personne selon le revenu fiscal (2021), par centième de revenus

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Source : Cour des comptes, 2024

Services à la personne ou nouvelles domesticités pour les plus riches ? Dans un récent rapport, la Cour des comptes étrille le secteur des services à la personne. Créée en 2005, cette catégorie fourre-tout regroupe aussi bien des besoins sociaux fondamentaux (aide à domicile pour les personnes dépendantes, garde d’enfant) que des besoins de confort, voire de luxe (jardinage, petit bricolage, etc.). La critique n’est pas nouvelle, économistes et sociologues l’ont déjà formulée, comme Florence Jany-Catrice ou Clément Carbonnier et Nathalie Morel.

En 2022, l’Etat, à travers différents dispositifs de soutien, dont le crédit d’impôt, a dépensé 8,8 milliards d’euros pour soutenir le secteur et ses 4,4 millions d’utilisateurs. Parmi eux, 50 % ont plus de 70 ans. Oui, mais voilà. « Les revenus restent, bien davantage que l’âge, la principale variable explicative du recours aux services à la personne », relève l’institution de la rue Cambon.

« Parmi les 75 premiers centiles de revenu, le taux de recours aux services à la personne est inférieur à 10 %, alors qu’il est supérieur à 50 % parmi les 3 % de foyers les plus aisés », poursuit-elle. Et tout cela pour des emplois déqualifiés, donc très mal rémunérés, exercés à 87 % par des femmes de classe populaire et/ou racisées.

Céline Mouzon

2/ Précaires, les salariés de la logistique réclament un meilleur partage de la valeur

Nettoyeur, aide à domicile, magasinier : ces professions où les salaires sont les plus bas

Répartition des métiers (en %) parmi les bas salaires en France, dans le privé en 2019

En 2019, 3,2 % des salariés à bas salaires sont employés de libre service du commerce ou magasiniers.

Source : Insee

En 2019, 3,2 % des salariés à bas salaires sont employés de libre service du commerce ou magasiniers.

Amazon, Geodis, XPO ou encore ID Logistics… Des salariés du secteur de la logistique ont fait grève ce mardi 2 avril, à l’appel de la CFDT et de FO. « Les patrons s’enrichissent sur [leurs] dos sans aucun partage », dénonçait dans un communiqué Force ouvrière pour justifier la mobilisation.

Début mars, plusieurs organisations avaient déjà claqué la porte des négociations annuelles obligatoires (NAO) de la branche logistique, jugeant insuffisante la proposition des organisations patronales : 1,1 % de hausses générales de salaires, alors que le chiffre d’affaires du secteur a tutoyé les records en 2022 (+5,5 %) et en 2023 (+2,5 %).

Or, poursuit FO, « de plus en plus de salariés sont touchés par le phénomène de smicardisation. [...] Le milieu du transport et de la logistique subit de plein fouet le mécanisme de la trappe à bas salaires induit, entre autres, par des exonérations de cotisations sociales, totales, jusqu’à 1,6 Smic ».

En témoigne, un classement publié par l’Insee en 2022. On y apprend que 3,2 % des salariés à bas salaires étaient des employés de libre-service du commerce ou des magasiniers en 2019, avec une rémunération mensuelle moyenne de l’ordre de 1 564 euros net. Les revendications tombent à pic, le gouvernement répète depuis janvier vouloir « désmicardiser » la France.

A ce manque de partage de la valeur s’ajoutent une trop faible prise en compte de la pénibilité, un nombre très important d’accidents du travail et un fort recours aux contrats intérimaires dans le secteur.

Audrey Fisné-Koch

3/ L’agriculture biologique aussi performante que le conventionnel, sinon plus

Le bio n’a rien à envier au conventionnel

Excédent brut d'exploitation moyen en euros par hectare (productions végétales) ou par unité gros bétail (productions animales), selon le mode de production, en 2020

Source : Agreste

Avec l’envolée des prix alimentaires, l’agriculture biologique a essuyé ces deux dernières années une crise violente dont elle va peiner à se remettre. Et les mesures d’urgence annoncées ont été dénoncées comme très insuffisantes. Une étude des services statistiques du ministère de l’Agriculture montre pourtant, sur la base des chiffres d’avant la tempête, que les « fondamentaux » du secteur sont solides, avec une performance économique très comparable à l’agriculture conventionnelle, et souvent meilleure.

Dans pratiquement toutes les filières, les exploitations bio ont dégagé en 2020 un excédent d’exploitation rapporté à l’hectare (ou à une « unité gros bétail » s’agissant de l’élevage) supérieur aux exploitations conventionnelles, et ce alors que les aides perçues par les exploitations bio ont, en moyenne, été légèrement inférieures : 35 420 euros contre 35 830 euros. Et le contre-exemple du maraîchage est à nuancer : si l’on compare les seules exploitations maraîchères de plein champ, le bio a l’avantage.

En revanche, et parce que ces fermes sont en moyenne plus petites, leur excédent par actif non salarié (qui reflète le revenu de l’exploitant) est inférieur aux fermes conventionnelles. Mais de très peu, hormis quelques filières, essentiellement le maraîchage et l’élevage porcin.

L’agriculture bio n’est pas moins performante que l’agriculture conventionnelle et elle est tout sauf un gouffre à subventions. Mais pour retrouver et amplifier la dynamique passée (moins de 5 000 exploitations sur 100 000 hectares en 1995 et plus de 60 000 en 2020 sur plus de 2,8 millions d’ha, soit 14 % des fermes et 11 % des surfaces cultivées), il lui faudra renouer avec des prix rémunérateurs, donc avoir une demande. Et peut-être aussi entrer dans une logique d’agrandissement permettant de mieux rémunérer les producteurs, de réduire les différentiels de prix à la consommation et de gagner du terrain sur le conventionnel.

Antoine de Ravignan

4/ Le président Erdogan puni dans les urnes par la crise économique

En Turquie, l’inflation ne faiblit pas malgré la hausse des taux

Taux directeur (en %) et indice des prix à la consommation depuis 2018 (en %)

Source : Banque centrale de la République de Turquie

Les élections municipales du 31 mars sont une gifle pour Recep Tayyip Erdogan. Pour la première fois depuis sa création en 2001, le parti du président turc, l’AKP, a été devancé dans les urnes par son rival, le Parti républicain du peuple (CHP, kémaliste). L’opposition a ainsi remporté ou renforcé sa position dans plusieurs grandes villes du pays : Istanbul, Ankara, Izmir, Bursa, Denizli… Au niveau national, le CHP engrange près de 38 % des suffrages, contre 35,5 % pour l’AKP.

Le recul du parti du pouvoir s’explique en premier lieu par la persistance de la crise économique. L’inflation galopante resserre chaque jour le porte-monnaie des Turcs, qui ne voient pas leurs revenus suivre la hausse des prix.

Pourtant, le président Erdogan a fini par adopter une politique monétaire orthodoxe en juin 2023. Alors que la Banque centrale turque maintenait sous ses ordres un taux directeur très bas (autour de 14 %) bien que l’inflation eût dépassé 80 %, il a opéré un brusque revirement en nommant l’ancienne de Goldman Sachs, Hafize Gaye Erkan, à la tête de la Banque centrale. Celle-ci a amorcé une litanie de hausses du taux directeur, poursuivie par son successeur après sa démission en février, pour atteindre 50 % à la fin mars. Cela n’a pas permis pour autant de réguler l’inflation, qui a rebondi en juin 2023 et qui se rapproche aujourd’hui de 70 %.

Eva Moysan

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Quand l’argent public subventionne la domesticité et 3 autres infographies à ne pas rater

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04.04.2024

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1/ Services à la personne : une subvention pour les plus riches

Des services subventionnés par de l’argent public et qui profitent aux riches

Taux de recours aux services à la personne selon le revenu fiscal (2021), par centième de revenus

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Source : Cour des comptes, 2024

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Services à la personne ou nouvelles domesticités pour les plus riches ? Dans un récent rapport, la Cour des comptes étrille le secteur des services à la personne. Créée en 2005, cette catégorie fourre-tout regroupe aussi bien des besoins sociaux fondamentaux (aide à domicile pour les personnes dépendantes, garde d’enfant) que des besoins de confort, voire de luxe (jardinage, petit bricolage, etc.). La critique n’est pas nouvelle, économistes et sociologues l’ont déjà formulée, comme Florence Jany-Catrice ou Clément Carbonnier et Nathalie Morel.

En 2022, l’Etat, à travers différents dispositifs de soutien, dont le crédit d’impôt, a dépensé 8,8 milliards d’euros pour soutenir le secteur et ses 4,4 millions d’utilisateurs. Parmi eux, 50 % ont plus de 70 ans. Oui, mais voilà. « Les revenus restent, bien davantage que l’âge,........

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