Le graphorama, c'est quatre infographies sélectionnées chaque semaine par la rédaction pour regarder l'actualité autrement.

Chaque semaine, Alternatives Economiques sélectionne pour vous quatre graphiques qui éclairent différemment l’actualité.

Au menu de ce nouveau graphorama : le nouveau record pour les dividendes en 2023, les inégalités face au brevet des collèges qui devient obligatoire pour entrer au lycée, le recul du temps partiel subi en France et l’inégale exposition des enfants à la pollution de l’air.

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1/ 2023, cru record pour les dividendes

Cac 40 : énième record de dividendes

Montant des dividendes et rachats d'actions versé par les entreprises du CAC 40 en milliards d'euros

Source : Vernimmen

C’est presque devenu une habitude : chaque année les sommes versées aux actionnaires du CAC 40 enregistrent un nouveau record. Mais il serait trompeur de lire cette nouvelle « normalité » avec banalité, car la hausse enregistrée ces dernières années est vertigineuse. En 2023, les actionnaires des 40 sociétés de l’indice boursier star ont touché près de 100 milliards d’euros, soit plus du double du montant moyen du début de la dernière décennie.

Rien que sur un an, la hausse est de 21 % par rapport à 2022, un cru qui était déjà supérieur de 19 % à celui de 2021 ! Le gros des versements est cependant concentré dans quelques entreprises. TotalEnergies (18,4 milliards), BNP Paribas (9,7 milliards) et LVMH (7,5 milliards) sont ainsi à l’origine de 31 % du montant total versé.

Les grandes firmes françaises confirment par ailleurs leur attrait pour les rachats d’actions. Pour rappel, il s’agit d’un levier de rémunération particulier : l’entreprise achète à ses actionnaires une partie de ses propres actions, dans la plupart des cas pour les détruire ensuite. Si, à l’instant T, le patrimoine des actionnaires ne change pas, cela permet d’une part de soutenir le cours de bourse (en augmentant la demande du titre en question) et d’autre part d’augmenter le bénéfice par action. L’ampleur des bénéfices d’une entreprise reste inchangée, mais pas la part potentiellement redistribuable pour chaque action progresse.

Emmanuel Macron avait évoqué au printemps dernier l’idée de faire payer « une contribution exceptionnelle » aux firmes qui procédaient à des rachats d’actions. Aucune nouvelle taxe n’a cependant été retenue par le gouvernement dans le budget 2024.

Justin Delépine

2/ Le brevet des collèges, un marqueur social dont la réforme est dangereuse

La réussite au brevet des collèges fortement corrélée au milieu d’origine

Taux de réussite au brevet des collèges en juin 2022 selon l'origine sociale

* Intitulés complets :

Cadres = Cadres et professions intellectuelles supérieures

Chefs d’entreprise = Artisans, commerçants, chefs d’entreprise

Source : Ministère de l’Education nationale

* Intitulés complets :

Cadres = Cadres et professions intellectuelles supérieures

Chefs d’entreprise = Artisans, commerçants, chefs d’entreprise

Avant d’être appelé à de plus hautes fonctions, le ministre de l’Education Gabriel Attal avait annoncé, début décembre, une réforme majeure du collège ayant vocation à s’appliquer dès la rentrée 2025. Parmi les principales mesures : le conditionnement de l’entrée en seconde générale et professionnelle à la réussite du brevet, en fin de 3e.

Ceux qui échoueraient seraient orientés vers une classe de transition, au sein des lycées, visant à leur permettre de se remettre à niveau avant de reprendre le cursus devant les amener jusqu’au bac. « Quand on échoue au brevet, ça veut dire qu’on n’a pas le niveau pour entrer au lycée », avait tranché, martial, celui qui n’était pas encore Premier ministre.

Cette réforme est stigmatisante et potentiellement ravageuse socialement, tant les taux de réussite au brevet sont corrélés à l’origine sociale, comme le montre ce graphique. Veut-on vraiment cantonner les enfants ayant échoué, largement issus des milieux modestes, dans un cursus à part qui les retardera d’un an, pendant qu’ils regarderont la quasi-totalité des enfants d’enseignants et de cadres continuer leur bonhomme de chemin ? Espérons que le ou la successeur.e de Gabriel Attal y réfléchira à deux fois avant de poursuivre dans cette direction.

Xavier Molénat

3/ Le temps partiel recule (et c’est plutôt une bonne nouvelle)

Le temps partiel recule

Part (%) des salariés (hors apprentis) employés à temps partiel en France entre 1975 et 2023

Source : Dares

Les nuages sont de retour mais la longue période ensoleillée permet de maintenir des températures agréables. Voilà le résumé météorologique que l’on peut faire du marché du travail ces cinq dernières années. Certes, ces derniers mois, le taux de chômage repart à la hausse et d’autres signaux inquiétants laissent penser que la bonne dynamique de l’emploi entre 2015 et 2022 touche à sa fin. Mais cette période plutôt faste a amélioré la situation des travailleurs sur plusieurs aspects, notamment en matière de temps partiel.

17,2 % des salariés en France (hors apprentis) étaient en effet à temps partiel en 2022 selon le ministère du Travail, soit presque trois points de moins qu’au pic de 2014 (20,1 %). Il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle. Bien sûr, pour un certain nombre de travailleurs, avoir un temps partiel est un choix : cela concernerait les trois quarts d’entre eux selon l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). Mais ce chiffre est probablement surestimé, comme l’explique l’Observatoire des inégalités.

Surtout, beaucoup de travailleurs connaissent des temps partiels « subis », cette situation qui concerne les actifs en emploi déclarant vouloir travailler plus. Et l’amélioration récente du chiffre global du temps partiel leur est largement due. Ainsi, au troisième trimestre 2023, « seulement » 1,3 million d’actifs étaient en situation de sous-emploi (c’est le terme officiel utilisé par l’Insee), contre 2 millions fin 2015. Le profil des travailleurs les plus fréquemment à temps partiel confirme lui aussi le caractère largement subi de cette forme d’emploi. Sont en effet surreprésentés les femmes, les jeunes, les seniors ou encore les employés et les ouvriers. Bref, les catégories de salariés les plus précaires.

Vincent Grimault

4/ Pollution de l’air : les enfants de riches très exposés mais moins vulnérables que les plus pauvres

Les enfants de pauvres et de riches sont les plus touchés par la pollution de l’air

Écart d’exposition aux particules fines de moins de 2,5 micromètres des enfants nés en 2016 selon le niveau de vie et leur lieu de résidence

Source : Drees

La pollution de l’air tue : chaque année, elle provoque la mort de 40 000 personnes de 30 ans et plus. Dès l’enfance, y être exposé est délétère. Mais toutes les classes sociales ne la subissent pas de la même façon. Dans une étude publiée en début d’année, le service statistique du ministère de la Santé, la Drees, montre que la pollution aux particules fines touche d’abord les enfants des familles modestes et, dans une moindre mesure, ceux des familles les plus aisées.

Si ce deuxième résultat peut surprendre, il s’explique aisément : les familles les plus aisées résident plus souvent dans les grandes villes, où la pollution est plus forte. Cette réalité est particulièrement sensible à Paris, où les quartiers les plus aisés sont les plus pollués. Le premier résultat, lui, est plus attendu. Il est aussi un effet du lieu de résidence et donc de l’exposition. Les ménages les plus modestes vivent dans les communes les plus polluées des métropoles.

Plus important encore que l’exposition à la pollution, l’étude de la Drees se penche sur les différences de vulnérabilité. Et cette fois, aucune surprise, les enfants des familles les plus modestes sont plus fragiles : ils naissent plus souvent prématurés, et lorsqu’ils naissent à terme, viennent au monde en moins bonne santé et ont besoin de plus de soins. Le risque d’être admis à l’hôpital en urgence pour asthme avant leur troisième anniversaire est ainsi 1,6 fois supérieur à celui des plus aisés, et deux fois supérieur pour la bronchiolite avant le deuxième anniversaire.

La qualité de leur prise en charge enfin, est moins bonne : le nombre de médicaments contre l’asthme qui leur sont vendus en pharmacie est plus bas que pour les enfants les plus aisés. Une politique publique de lutte contre la pollution de l’air et aussi une politique sociale.

Céline Mouzon

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Une pluie record de dividendes en 2023 et 3 autres infographies à ne pas rater

5 1
11.01.2024

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1/ 2023, cru record pour les dividendes

Cac 40 : énième record de dividendes

Montant des dividendes et rachats d'actions versé par les entreprises du CAC 40 en milliards d'euros

Source : Vernimmen

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C’est presque devenu une habitude : chaque année les sommes versées aux actionnaires du CAC 40 enregistrent un nouveau record. Mais il serait trompeur de lire cette nouvelle « normalité » avec banalité, car la hausse enregistrée ces dernières années est vertigineuse. En 2023, les actionnaires des 40 sociétés de l’indice boursier star ont touché près de 100 milliards d’euros, soit plus du double du montant moyen du début de la dernière décennie.

Rien que sur un an, la hausse est de 21 % par rapport à 2022, un cru qui était déjà supérieur de 19 % à celui de 2021 ! Le gros des versements est cependant concentré dans quelques entreprises. TotalEnergies (18,4 milliards), BNP Paribas (9,7 milliards) et LVMH (7,5 milliards) sont ainsi à l’origine de 31 % du montant total versé.

Les grandes firmes françaises confirment par ailleurs leur attrait pour les rachats d’actions. Pour rappel, il s’agit d’un levier de rémunération particulier : l’entreprise achète à ses actionnaires une partie de ses propres actions, dans la plupart des cas pour les détruire ensuite. Si, à l’instant T, le patrimoine des........

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