Nous sommes plongés au cœur d'une nature âpre et exigeante là où le soleil ne se lève plus l'hiver, dans l'archipel du Svalbard. Une jeune femme est retrouvée morte suite à l'attaque d'un ours. L'histoire aurait pu s'arrêter là et faire l'objet d'un fait divers mais c'était sans compter avec l'opiniâtreté de Lottie, membre des services de police, enfant du pays et cabossée par la vie.

Ailleurs en Norvège, dans les îles Lofoten, une autre femme est retrouvée morte. Les autorités concluent au suicide. Madsen, son ex-compagnon et ancien collègue journaliste avec qui elle a couvert tous les conflits de la Syrie à l'Ukraine en passant par la Palestine, ne peut se résoudre à cette explication.

Deux enquêtes parallèles qui vont bientôt se rejoindre.

Ce récit est ponctué de personnages forts, sans concession et marqués par les épreuves. Les rapports sont rudes et directs en contrepoint d'une nature sauvage où l'homme paraît comme un intrus au regard de la faune.

L'auteur plonge ses personnages au cœur des enjeux géopolitiques et écologiques actuels avec la cohabitation d'une communauté russe, nostalgique du soviétisme, et les autorités norvégiennes, chacun étant pris dans l'étau des tensions internationales.

Il dessine aussi le face à face des associations de défenses des grands mammifères marins et des pêcheurs. Pour chaque camp, il est question de survie et les enjeux dépassent là-aussi largement l'échelle du quotidien.

Cette mise en perspective de deux drames dans le cadre des tensions internationales et écologiques rend la fiction extrêmement réaliste.

Peu de réserve si ce n'est la difficulté à se familiariser avec les noms norvégiens.

J'ai tout particulièrement aimé le réalisme du récit et des situations qui rend ce scénario crédible de bout en bout.

L'auteur réussit à décrire avec justesse les tensions entre différentes communautés aux intérêts divergents. Pour autant, il ne tombe pas dans le piège d'un jugement simpliste et binaire. Au contraire, il nous fait sentir toute la complexité des enjeux et de la nature humaine.

« Le Svalbard trie naturellement les forts et les faibles. Tout ce vernis qu'on passe sur nos mœurs, ça n'existe pas ici. Si tu ne peux pas subvenir à tes besoins, tu meurs. Si tu ne sais pas te défendre face à un ours, tu meurs. Si tu ne peux pas te sortir de l'eau par toi-même... tu meurs... » P.72

Morgan Audic est né à Saint Malo en 1980. Il grandit à Cancale en Bretagne, ce qui le rend familier des milieux marins et des zones naturelles exceptionnelles comme la baie du Mont Saint Michel. Auteur de polars, il reçoit le Prix des lecteurs Le Livre de Poche Polar en 2020 pour De bonnes raisons de mourir paru chez Albin Michel en 2019.

QOSHE - "Personne ne meurt à Longyearbyen" de Morgan Audic - Cécile Rault
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"Personne ne meurt à Longyearbyen" de Morgan Audic

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19.01.2024

Nous sommes plongés au cœur d'une nature âpre et exigeante là où le soleil ne se lève plus l'hiver, dans l'archipel du Svalbard. Une jeune femme est retrouvée morte suite à l'attaque d'un ours. L'histoire aurait pu s'arrêter là et faire l'objet d'un fait divers mais c'était sans compter avec l'opiniâtreté de Lottie, membre des services de police, enfant du pays et cabossée par la vie.

Ailleurs en Norvège, dans les îles Lofoten, une autre femme est retrouvée morte. Les autorités concluent au suicide. Madsen, son ex-compagnon et ancien collègue journaliste avec qui elle a couvert tous les conflits de la Syrie à l'Ukraine en passant par la Palestine, ne peut se résoudre à cette........

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