Ce mercredi 24 avril, le tribunal révolutionnaire d’Ispahan a condamné à mort le rappeur Toomaj Salehi, 33 ans. Son crime : avoir porté la parole de la jeunesse iranienne, dénoncé ses souffrances, et appelé à la liberté. « Toomaj », avait déjà été arrêté une première fois le 12 septembre 2021, avant d’être remis en liberté sous caution.

De nouveau interpelé par la police des mœurs en septembre 2022, il avait encouragé la population à descendre dans la rue pour protéger les manifestants pris à parti par la police et la milice civile des basijis. Emprisonné le 30 octobre 2022, il avait été victime de tortures.

« À nouveau libéré en novembre 2023, les clercs du régime Iranien ont rendu aujourd’hui leur sentence, l’accusant de corruption sur terre, et d’avoir aussi encouragé la population iranienne à un soulèvement », explique Hilda Dehghani-Schmidt, franco-iranienne récipiendaire du prix international de la laïcité. Elle ajoute : « Toomaj écrit des textes contestataires, mais il évoque aussi la révolution « Femme Vie Liberté » qui a débuté en septembre 2022, après l’assassinat par la police des mœurs de la jeune Mahsa Amini pour mauvais port du voile. Il dénonce à juste titre la dimension répressive de la République islamique d’Iran. C’est en fait un jeune rappeur qui porte les idéaux d’une société démocratique, et qui invite la population iranienne à prendre son destin en main ».

Des appels à liberté perçus comme une menace par les Mollahs

Aux yeux des jeunes Iraniens, Toomaj est bien plus qu’un chanteur de rap. Ayant grandi dans un milieu populaire près d’Ispahan, il a perdu sa mère à l’âge de 12 ans, et vu son père emprisonné en raison de ses positions anti-régime. Étudiant en design, il fait ses premiers pas dans l’univers du rap en 2016, et doit très vite sa popularité aux réseaux sociaux sur lesquels il est suivi par des centaines de milliers de personnes.

Il incarne en réalité le symbole d’une génération qui refuse la dictature de l’Islam politique, et qui veut vivre à l’identique de la jeunesse occidentale, c’est-à dire libre.

Il est utile de rappeler qu’en Iran, la moyenne d’âge est de 32 ans, quand le pays compte près de 88 millions d’habitants. La jeunesse, particulièrement éduquée, aspire à voir disparaître le régime des Mollahs, issu de la révolution islamique de 1979.

Selon un rapport publié par la milice des bassijis l’année passée, 71% des Iraniens affirmeraient ainsi leur opposition à la république des mollahs. Il faut donc voir en Toomaj un artiste devenu le porte-parole de toute une partie de la population iranienne.

En prononçant la peine de mort contre cet artiste, véritable icône au Moyen-Orient, c’est la jeunesse d’un pays, mais aussi de toute une région qu’on assassine. « Pour cette jeunesse orientale en quête de liberté et de renouveau, c’est comme si les États-Unis annonçaient la condamnation à mort d’Eminem. On est là dans l’horreur absolue, autant que dans la sidération. On aimerait que nos instances politiques et diplomatiques réagissent enfin à ce qui se passe en Iran, et prennent vraiment la mesure su symbole que représente Toomaj », affirme Hilda Dehghani-Schmidt.

De Téhéran à Washington en passant par Paris, des comités de soutien au rappeur appellent, depuis l’annonce de sa condamnation, les artistes du monde entier à se mobiliser pour empêcher son exécution.

QOSHE - En Iran, les Mollahs condamnent à mort la star du rap, Toomaj Salehi, pour ses appels à la liberté et son soutien aux manifestations contre la République islamique - Emmanuel Razavi
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En Iran, les Mollahs condamnent à mort la star du rap, Toomaj Salehi, pour ses appels à la liberté et son soutien aux manifestations contre la République islamique

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25.04.2024

Ce mercredi 24 avril, le tribunal révolutionnaire d’Ispahan a condamné à mort le rappeur Toomaj Salehi, 33 ans. Son crime : avoir porté la parole de la jeunesse iranienne, dénoncé ses souffrances, et appelé à la liberté. « Toomaj », avait déjà été arrêté une première fois le 12 septembre 2021, avant d’être remis en liberté sous caution.

De nouveau interpelé par la police des mœurs en septembre 2022, il avait encouragé la population à descendre dans la rue pour protéger les manifestants pris à parti par la police et la milice civile des basijis. Emprisonné le 30 octobre 2022, il avait été victime de tortures.

« À nouveau libéré en novembre 2023, les clercs du régime Iranien ont rendu aujourd’hui leur sentence, l’accusant de corruption sur terre, et d’avoir aussi encouragé la population iranienne à un soulèvement », explique........

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