Atlantico : A l’approche du Nouvel An, quels conseils donner aux quelques-uns qui cherchent encore le bon vin ou le bon champagne pour accompagner le repas du réveillon ? Comment bien choisir sa boisson pour un repas de fête sans pour autant se ruiner ?

Fabrizio Bucella : Le premier conseil que je donnerais est le suivant : il ne faut pas hésiter à s’ouvrir, sur le plan sensoriel, à d’autres saveurs. Naturellement, nous sommes amenés à penser au vin d’entrée de jeu. Mais ce n’est pas une obligation et, si l’on veut se préserver des fortes hausses de prix que l’on observe parfois, il peut être possible de choisir des produits différents. Prenons le thé, par exemple : c’est la boisson qui dispose de l’une des plus grande – sinon la plus grande – palette sensorielle ; en plus de ne pas être très onéreuse. Il est possible de jouer avec des parfums très différents, comme en témoignent toutes les variations qui existent entre les thés verts, les plus classiques, et les thés noirs qui sont plus “dorifiés”, si l’on peut parler ainsi. Les thés blancs, à l’inverse, sont souvent plus fins. Sans oublier les aromates ! Sot celui qui se limite à la bergamote, compte tenu du nombre d’épices à notre portée. Ces boissons, quand elles sont choisies avec soin, se marient très bien avec certains de nos repas de Noël ou du Nouvel An. Par exemple, un thé noir parfurmé peut accompagner très efficacement une fondue au fromage ou une raclette.

Si l’on préfère, cependant, rester sur le vin et le champagne tout en maintenant son budget… il faudra savoir sortir des sentiers battus. C’est ce que j’expliquais dans mon dernier livre, intitulé Trouvez le vin qui vous va bien. Dans ce de cas de figure, on pourrait tout à fait envisager de privilégier un crémant au champagne traditionnel, ce qui divisera par trois ou par quatre le prix de la bouteille. Il y a sept ou huit régions de production des crémants en France, parmi lesquelles l’Alsace et, bien sûr, la Bourgogne (où l’on trouve les produits les plus propres du champagne, pour lesquels j’ai d’ailleurs un petit faible). J’ai tendance à préférer les crémants septentrionaux, qui fonctionnent très bien. Les plus pointus pourraient aussi apprécier des crémants en provenance du Jura, acides et chargés en tension. C’est l’assurance de bulles qui, bien que moins chères, demeurent très agréables sur la langue. Il ne faut pas s’attacher à la seule étiquette.

Si l’on s’éloigne des seuls thés et des seuls crémants, quel conseil peut-on donner à une tablée particulièrement attachée au vin ?

Naturellement. Malheureusement, s’il s’agit en priorité de minimiser le budget, il va falloir oublier les grands classiques. Ils sont rarement compatibles avec l’exercice. Là encore, les vins septentrionaux peuvent s’avérer tout à fait à propos, surtout pour quiconque apprécie l’acidité dans son verre. Certains Sauvignons de Touraine blancs peuvent très bien faire l’affaire. Celles et ceux qui chercheraient quelque chose de plus chaleureux peuvent se tourner vers des blancs des Côtes du Languedoc ou un Côte-du-Rhône blanc, dont les prix sont souvent très raisonnables.

Du côté des Bordeaux, il faudra opter pour ce que l’on appelle des Bordeaux supérieurs. Les prix demeurent comprimés par rapport à certaines des bouteilles les plus onéreuses. La qualité, elle, demeure très maîtrisée : il n’y a pas de mauvaises surprises avec de telles bouteilles.

A quel point ces bouteilles se marient-elles avec les repas traditionnels du réveillon ?

Comme toujours, la réponse dépend à la fois de la bouteille et du repas choisi. Le saumon fumé, que l’on retrouve souvent en entrée du réveillon, se marie très bien avec du vin rouge. Il faudra donc privilégier un Côte-du-Rhône, un Languedoc ou un Bordeaux par exemple. De telles bouteilles, en suivant les conseils précédemment évoquées, peuvent se trouver à moins de 10 euros. Pour un repas construit autour d’un plat de dinde (ou, d’une façon générale, de viande blanche), le rouge paraît encore une fois le plus à propos. Une bouteille de Bourgueil pourrait s’avérer très adaptée, de même que des Gamays de Loire.

D’une façon générale, les vins Côte-du-Rhône et Bordeaux appartiennent à deux ombrelles qui fonctionnent tout aussi bien du côté des blancs que des rouges.

Pour être sûr de ne pas se tromper, opter pour des appellations type Minervois, Chibaou ou Corbières semble pertinent. Ces appellations du sud offrent de très bonnes bouteilles à des prix plus que raisonnables.

Enfin, dernier point important : le choix d’une bouteille de vin en dit long sur la personne. Il ne faut pas négliger la puissance des habitudes à ce niveau là.

Compte tenu de tous ces éléments, comment bien choisir sa bouteille de vin ? Quels sont les pièges à éviter ?

En pratique, quiconque passe un un circuit traditionnel – c’est-à-dire, qui achète sa bouteille auprès d’un caviste plutôt qu’en supermarché, par exemple – peut faire appel au vendeur pour l’aider à choisir. Celui-ci est supposé épauler et son conseil est gratuit. Dans ce genre de cas de figure, il ne devrait à priori pas y avoir de problèmes. Dans le cas contraire, c’est vers lui qu’il faut se retourner.

Si l’on achète en grande surface, ne pas se tromper devient considérablement plus compliqué, sauf à s’y connaître soi-même. Vous ne bénéficierez pas d’aide particulière pour éviter les faux-pas. Dès lors, le conseil que je serais tenté de donner est le suivant : il vaut mieux se tenir éloigné des médailles et des concours. Ne prenez pas de bouteille primée, car il y a là un risque de payer la prime plutôt que le goût. Les têtes de gondoles ne seront pas nécessairement meilleures, mais elles seront systématiquement plus chères.

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Que boire pour le réveillon ? Petits conseils de dernière minute

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30.12.2023

Atlantico : A l’approche du Nouvel An, quels conseils donner aux quelques-uns qui cherchent encore le bon vin ou le bon champagne pour accompagner le repas du réveillon ? Comment bien choisir sa boisson pour un repas de fête sans pour autant se ruiner ?

Fabrizio Bucella : Le premier conseil que je donnerais est le suivant : il ne faut pas hésiter à s’ouvrir, sur le plan sensoriel, à d’autres saveurs. Naturellement, nous sommes amenés à penser au vin d’entrée de jeu. Mais ce n’est pas une obligation et, si l’on veut se préserver des fortes hausses de prix que l’on observe parfois, il peut être possible de choisir des produits différents. Prenons le thé, par exemple : c’est la boisson qui dispose de l’une des plus grande – sinon la plus grande – palette sensorielle ; en plus de ne pas être très onéreuse. Il est possible de jouer avec des parfums très différents, comme en témoignent toutes les variations qui existent entre les thés verts, les plus classiques, et les thés noirs qui sont plus “dorifiés”, si l’on peut parler ainsi. Les thés blancs, à l’inverse, sont souvent plus fins. Sans oublier les aromates ! Sot celui qui se limite à la bergamote, compte tenu du nombre d’épices à notre portée. Ces boissons, quand elles sont choisies avec soin, se marient très bien avec certains de nos repas de Noël ou du Nouvel An. Par exemple, un thé noir parfurmé peut accompagner très efficacement une fondue au fromage ou une........

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