Au secours, Tocqueville revient, ils sont devenus fous... Quel pays? Faut-il que nous soyons paralysés par la technocratie et l'administration? Tous les jours, le gouvernement doit intervenir pour régler un dysfonctionnement alors que les consommateurs pourraient très bien arrêter un départ de feu en votant avec leurs pieds. Parce que quand les consommateurs votent , ils ont plus ecoutes que les électeurs .

Mais que font les consommateurs, salariés, contribuables? Rien d'autre que de demander au gouvernement d'ouvrir le bureau des pleurs pour régler les blocages des agriculteurs, calmer les personnels hospitaliers, les usagers d'EDF-EDF, les cheminots la veille des vacances scolaires pour qu'ils ne bloquent pas les départs, etc. Le climat social de ce pays est devenu insupportable parce qu'ingérable. Les départs de feu et d'agitation ont touché les milieux agricoles, la colère des abonnés à EDF a visé l'augmentation des prix de l'électricité.

Chaque mois, les membres du gouvernement sont sur le pont pour calmer la grogne et éviter la violence. On a connu des colères semblables il y a quelques semaines contre la poussée d'inflation dans les produits alimentaires où l'essence était chaque fois plus chère et où l'État a dû intervenir.

Que les situations soient compliquées et douloureuses, c'est évident pour beaucoup de familles. Que les situations soient très tendues dans beaucoup de petites et moyennes entreprises, c'est non moins évident.

Que le gouvernement soit considéré comme responsable, ou du moins capable d'apporter des solutions soulageantes, c'est là encore évident compte tenu de ses pratiques très centralisées et très politiciennes.

Mais quand on essaie d'analyser dans le détail ce qui se passe, on s'aperçoit que les acteurs du système économique sont déresponsabilisés, alors même qu'ils détiennent les clés de sortie de crise. Prenons les deux exemples dans l'actualité la plus chaude.

1ère actualité: les manifestations d'agriculteurs. Les ministres du gouvernement se sont déployés depuis le week-end sur tout le territoire, mais ils ne réussiront pas à faire rentrer les tracteurs dans les fermes. Le problème des agriculteurs dépasse, et de loin, les pouvoirs du gouvernement. Les agriculteurs protestent tout à la fois contre la baisse de leurs revenus, l'excès de normes et la concurrence déloyale des importations de produits. Face à cette situation, le gouvernement est assez désarmé pour corriger ces inégalités. En revanche, le consommateur a le droit d'être cohérent. Il a le droit de ne pas acheter du poulet pourri venu d'ailleurs, il a le droit de discuter du prix du bio et de se plaindre que c'est trop cher. Il a le droit de faire jouer la concurrence. Face à toutes les poussées inflationnistes, il a le droit d'expliquer à ses enfants qu'ils ne mangeront plus de Nutella parce que c'est excessivement cher, comme le Coca-Cola. Le consommateur a le droit et la liberté d'arrêter de manger de la viande rouge, il a la liberté d'être végétarien...

Les agriculteurs sont soumis à la concurrence comme tous les commerçants et ils ont l'obligation de s'y adapter. Ce qu'ils font majoritairement. Les agriculteurs sortent d'un cycle où les prix des produits agricoles étaient excessivement hauts. Ils ne se sont pas plaints. Du moins, ceux qui pouvaient en profiter.

2e actualité: l'augmentation de 10% en moyenne des prix de l'électricité à partir du 1er février. Ce qui représente une augmentation de 10 à 30 euros par famille selon qu'elle se chauffe à l'électricité ou pas. C'est une décision politique. Le gouvernement a décidé de restaurer les taxes qu'il avait mises de côté à l'époque de l'explosion des prix de l'électricité au moment de la guerre en Ukraine. Les prix de base à la production sont revenus à la normale européenne. Il était prévu qu'à ce moment-là on rétablisse les taxes. L'exonération des taxes en 2022 et 2023 a coûté plus de 40 milliards d'euros, montant du bouclier tarifaire installé pour amortir l'explosion des prix. Aujourd'hui que le calme est revenu, l'État, qui doit obligatoirement surveiller sa trajectoire de hausses des finances publiques, rétablit cette taxe. Chauffée par les débats politiques, l'opinion a du mal à digérer le retour de cette taxe, alors que les prix de base sont revenus à la case départ. Dans le même temps, cette opinion publique toujours chauffée à blanc reprochera au gouvernement son endettement excessif. Après avoir bien profité du "quoi qu'il en coûte", après avoir menacé le gouvernement d'un risque de faillite, cette même opinion n'admet pas le retour à des prix d'avant.

Alors bien sûr, ces hausses ne sont pas agréables, mais comme disait Tocqueville, le consommateur a le droit de faire jouer la concurrence, il a même le devoir (s'il ne souhaite) de réguler sa consommation. Les fournisseurs sont nombreux, les formules d'abonnement aussi. C'est un peu comme chez les opérateurs téléphoniques et les applications internet. La concurrence peut jouer et elle joue.

QOSHE - Agriculture, énergie, Tocqueville revient, les consommateurs sont devenus fous… - Jean-Marc Sylvestre
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Agriculture, énergie, Tocqueville revient, les consommateurs sont devenus fous…

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23.01.2024

Au secours, Tocqueville revient, ils sont devenus fous... Quel pays? Faut-il que nous soyons paralysés par la technocratie et l'administration? Tous les jours, le gouvernement doit intervenir pour régler un dysfonctionnement alors que les consommateurs pourraient très bien arrêter un départ de feu en votant avec leurs pieds. Parce que quand les consommateurs votent , ils ont plus ecoutes que les électeurs .

Mais que font les consommateurs, salariés, contribuables? Rien d'autre que de demander au gouvernement d'ouvrir le bureau des pleurs pour régler les blocages des agriculteurs, calmer les personnels hospitaliers, les usagers d'EDF-EDF, les cheminots la veille des vacances scolaires pour qu'ils ne bloquent pas les départs, etc. Le climat social de ce pays est devenu insupportable parce qu'ingérable. Les départs de feu et d'agitation ont touché les milieux agricoles, la colère des abonnés à EDF a visé l'augmentation des prix de l'électricité.

Chaque mois, les membres du gouvernement sont sur le pont pour calmer la grogne et éviter la violence. On a connu des colères semblables il y a quelques semaines contre la poussée d'inflation dans les produits alimentaires où l'essence était chaque fois plus chère et où l'État a dû........

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