Fondamental : du tricheur occasionnel au totalitaire-dur, tout pouvoir cachottier est sujet au même dilemme : il adore mentir aux autres, magnifier de fictifs succès, planquer de vrais dé­sastres ; mais ne peut se mentir à lui-même car l'absence de tableau de bord réaliste lui inter­dit de piloter son do­maine d'activité.

Que le ministère de l'Intérieur triche tant et plus, nous l'avons établi de longue date ; que ses données mensuelles InterStats visent plus à noyer le poisson qu'à informer le citoyen, est clair. Mais où sont ses instruments de travail ? Ci-dessus, en voici les premières lignes. Quand nous disions tableau interminable : 13 057 lignes sur 11 colonnes : 143 627 cellules contenant cha­cune une donnée ("victime") ou un chiffre ("16"), pour 2016, année où débute la série statis­tique. La ligne 2 de ce tableau se lit ainsi : index homicides (col. A), en 2016, dans l'Ain, on compte 5 homicides pour une population de 638 425 habitants (colonne I), ainsi de suite.

Or, par rapport à l'antérieur, ce tableau évolutif révèle une inquié­tante régression. De fait : conçu au début de la décennie 1970, l'antédiluvien "État 4001" comptait 107 index, les six pre­miers consacrés à divers types d'homicides. Les voici :

Notons que rien n'y figure sur l'instrument du crime (arme à feu, poignard, arme par destina­tion, etc.). L'État 4001, permet de dire (index 01) combien de truands se sont entretués, di­sons, dans les Vosges. Point final. Or dans le présent tableau du système statistique de l'Inté­rieur, initié 44 ans plus tard, nul détail : un être asexué est tué, on ne sait comment - mais pas naturellement - point final.

De même, insistons, l'index cambriolage d'InterStats ne concerne que les loge­ments des parti­culiers, et occulte tous les autres (commerces, locaux industriels et agricoles, etc.).

Le minimalisme de ce tableau est-il général ? Non ! Il est même parfois à surface variable. Exemple pour les véhicules : la statistique de l'Intérieur compte les "Vols DE voitures", les "Vols d'accessoires de véhicules" et les "vols DANS les véhicules". Pourquoi ces précisions là et pas ailleurs ? Mystère et entourloupes.

Mais parfois, comme un éclair dans la nuit, une série est exploitable. Celle des Coups & bles­sures volontaires (C&BV), par exemple. Là, trois séries de chiffres reprennent les faits signalés à la police et à la gendarmerie :

a) C&BV en totalité ;

b) dans le cadre familial, et

c) "autres".

Vérifions avec la Seine-Saint-Denis en 2023 : C&BV (con­nus) en général, 14 242 ; intrafami­liaux, 7 481 ; autres, 6 761. Addition : ça colle. (b+c = a).

Les C&BV hors-famille terrifient bien sûr le plus la population : se faire lyncher par des incon­nus, sans motif, à l'aveugle, est fort traumatisant. Prenons donc deux départements symbo­liques, Bouches-du-Rhône et Seine Saint-Denis et voyons si M. Macron et son ministre de l'Intérieur font bien leur boulot, qui est de protéger les Français et d'apaiser la société.

• M. MACRON (1e année complète de sa présidence, 2018) :

(93) 2018 : 5 706 ; 2023, 6 761 : sur six ans pleins, les C&BV ont bondi de + 18,5%,

(13) 2018 : 5 952 ; 2023, 6 831 : sur six ans pleins, les C&BV ont bondi de + 15%.

• Le présent ministre de l'Intérieur (de 2021 à 2023) :

(93) 2021 : 5 893 ; 2023, 6 761 : sur trois ans pleins, les C&BV ont bondi de + 14%,

(13) 2021 : 6 235 ; 2023, 6 831 : sur trois ans pleins, les C&BV ont bondi de + 10%.

Mauvais résultat - et à l'échelle nationale, c'est pire encore ! Récupérons les C&BV hors-fa­mille (échelle nationale) dans le tableau du SSMSI : il y en a 171 500. Mais ceux que l'Intérieur ignore ? Une étude [Genese, 2021] estime ce "chiffre noir" à ± 60% du total (± 40% des vic­times portent plainte, catégorie "Violences physiques par non-partenaire").

Donc : 171 500 = base 40 ; base 100 = 273 400 victimes ; plus 60% du chiffre noir sur la base 100 = 164 040. Total réel des Français vraiment molestés ou lynchés en 2023 ; que ces vio­lences physiques, soient déclarées ou pas : 437 440 ; 1 198 par jour, ± 50 par heure.

Là-dedans, ± 80% d'hommes, 20% de femmes. Voyons ce dernier chiffre : en France, en 2023, quelque 88 000 femmes sont agressées et battues par des voyous inconnus. Plus de 240 par jour, 10 par heure (Hou-Hou, les féministes !)

Pour la France entière, années-Macron complètes, (2018-2023), C&BV "autres", l'augmen­ta­tion est de + 21%. Bilan du présent ministre de l'Intérieur (2021-2023) + 18%.

Ô combien pire encore pour les homicides et tentatives : pour les années-Macron complètes, de 2018 (2 842) à 2023 (4 055) l'explosion est faramineuse : + 65% sur six ans.

Bilan de l'actuel ministre de l'Intérieur, 2021 (3 136) à 2023 (4055) : + 29% sur trois ans.

Avec une pareille débâcle sécuritaire, indéniable car tirée de sources officielles, les intéres­sés devraient s'excuser et démissionner.

S'ils avaient encore la moindre décence.

QOSHE - Criminalité : les implacables chiffres que cachent Emmanuel Macron et le ministère de l'Intérieur - Xavier Raufer
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Criminalité : les implacables chiffres que cachent Emmanuel Macron et le ministère de l'Intérieur

10 6
26.02.2024

Fondamental : du tricheur occasionnel au totalitaire-dur, tout pouvoir cachottier est sujet au même dilemme : il adore mentir aux autres, magnifier de fictifs succès, planquer de vrais dé­sastres ; mais ne peut se mentir à lui-même car l'absence de tableau de bord réaliste lui inter­dit de piloter son do­maine d'activité.

Que le ministère de l'Intérieur triche tant et plus, nous l'avons établi de longue date ; que ses données mensuelles InterStats visent plus à noyer le poisson qu'à informer le citoyen, est clair. Mais où sont ses instruments de travail ? Ci-dessus, en voici les premières lignes. Quand nous disions tableau interminable : 13 057 lignes sur 11 colonnes : 143 627 cellules contenant cha­cune une donnée ("victime") ou un chiffre ("16"), pour 2016, année où débute la série statis­tique. La ligne 2 de ce tableau se lit ainsi : index homicides (col. A), en 2016, dans l'Ain, on compte 5 homicides pour une population de 638 425 habitants (colonne I), ainsi de suite.

Or, par rapport à l'antérieur, ce tableau évolutif révèle une inquié­tante régression. De fait : conçu au début de la décennie 1970, l'antédiluvien "État 4001" comptait 107 index, les six pre­miers consacrés à divers types d'homicides. Les voici........

© atlantico


Get it on Google Play