Vous savez ce que c'est : vous êtes engagé par un mystérieux individu pour participer au kidnapping de la jeune fille d'un homme riche et puissant. Mais comme il n'y a rien de facile dans la vie, il se trouve que la fillette en question est en réalité une vampire vieille de plusieurs siècles ayant un goût assumé pour la chasse et les jeux macabres.

La plus récente comédie d'épouvante de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (qui ont signé les deux plus récentes entrées dans l'intuable série Scream) prend tout de même un certain temps avant de prendre son élan, et ce, malgré un départ sur les chapeaux de roues.

Une fois Abigail (Alisha Weir, qui tenait la vedette de la comédie musicale Matilda chez Netflix en 2022) enlevée, le sextet de kidnappeurs est chargé de garder celle-ci captive dans un manoir tout ce qu'il y a de plus lugubre et parfaitement mal éclairé pour une période de 24 heures. Le temps que le patriarche puisse cracher les 50 millions de dollars exigés pour récupérer sa progéniture.

Déjà, en passant le pas de la porte, notre bande de criminels aurait dû se douter que quelque chose ne tournait pas rond avec ce contrat, mais passons!

Les deux cinéastes nous font alors passer par une longue séquence d'exposition laborieuse qui ne trouvera son sens que beaucoup plus tard dans le film. Ces derniers ont affirmé s'être inspirés de The Breakfast Club pour établir la dynamique liant et opposant leurs personnages (tous bien différents les uns des autres), lesquels doivent passer un long moment à l'intérieur d'un lieu fermé. Et Abigail donne certainement cette impression durant le premier acte, pour le meilleur et pour le pire.

Les scénaristes Guy Busick et Stephen Shields semblent aussi s'être inspirés d'un autre scénario signé John Hughes en inversant astucieusement l'affrontement entre une jeune menace plus habile qu'escompté et des malfrats qui en ont plein les bottes ayant fait le succès d'Home Alone.

Le problème, c'est que cette attente - durant laquelle la plupart des kidnappeurs ont la brillante idée de s'intoxiquer outre mesure - paraît quelque peu inutile, considérant que le mystère entourant le personnage titre avait déjà été révélé dans la campagne promotionnelle du film.

Ceci étant dit, lorsque la machine se met en marche et que le groupe prend enfin conscience du bourbier dans lequel il se trouve, et à qui il a affaire, Abigail se révèle un spectacle tonitruant et gore à souhait, débordant de répliques savoureuses, de scènes désopilantes, et d'une quantité étonnante de bonnes idées formelles et scénaristiques.

La recette du succès de Bettinelli-Olpin et Gillett repose dans un premier temps sur l'exploitation calculée des stéréotypes qu'incarnent leurs différents personnages, tous campés avec flair et énergie par leur interprète respectif.

Chacun a un rôle précis à jouer, incarnant une partie primordiale d'un même tout. L'ensemble de la distribution s'avère, d'ailleurs, autant capable d'attraper la balle au bond que d'effectuer une passe précise sur la palette au moment opportun. Du coup, la trame dramatique ne manque jamais de souffle ni de rythme, et les maîtres de cérémonie n'ont surtout pas peur de s'amuser avec leur prémisse, de nous surprendre, et de pousser la note comme bon leur semble.

Si les comédiens ont tous plus d'une occasion de tirer leur épingle du jeu, la palme revient assurément ici à la jeune Alisha Weir, qui offre une performance physique, enfantine et mesquine à souhait derrière les dents pointues du personnage titre, tout en n'ayant aucune difficulté à relever du même souffle le côté plus tragique de son histoire.

Corps qui explosent à la manière d'un bol de chili végétarien, décors dignes des meilleures maisons hantées, décapitations, ballet, gags niais mais bien livrés, os qui craquent, et combats relevés, Abigail est livré sans prétention, avec une désinvolture, une créativité et un sens comique des plus satisfaisants. Toutes les personnes impliquées ont visiblement eu beaucoup de plaisir à donner vie à cette funeste proposition, et cet enjouement devient vite contagieux.

Une belle surprise bien dégoulinante comme on les aime!

QOSHE - Le groupe sanguin - Jean-François Vandeuren
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Le groupe sanguin

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19.04.2024

Vous savez ce que c'est : vous êtes engagé par un mystérieux individu pour participer au kidnapping de la jeune fille d'un homme riche et puissant. Mais comme il n'y a rien de facile dans la vie, il se trouve que la fillette en question est en réalité une vampire vieille de plusieurs siècles ayant un goût assumé pour la chasse et les jeux macabres.

La plus récente comédie d'épouvante de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (qui ont signé les deux plus récentes entrées dans l'intuable série Scream) prend tout de même un certain temps avant de prendre son élan, et ce, malgré un départ sur les chapeaux de roues.

Une fois Abigail (Alisha Weir, qui tenait la vedette de la comédie musicale Matilda chez Netflix en 2022) enlevée, le sextet de kidnappeurs est chargé de garder celle-ci captive dans un manoir tout ce qu'il y a de plus lugubre et parfaitement mal éclairé pour une période de 24 heures. Le temps que le patriarche puisse cracher les 50 millions de dollars exigés pour récupérer sa........

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