Alors que l’élection pour le parlement européen est désormais proche, le 9 juin, autant dire demain, la majorité présidentielle n’a toujours pas de chef de file pour la représenter lors de ce rendez-vous avec le peuple. La liste putative de Renaissance demeure donc sans tête et sans identité, laissant champ libre à ses adversaires qui y batifolent gaiement. Du côté de l’Elysée, on se gausse des impatients. Ça viendra, disent ceux qui murmurent à l’oreille du chef de l’Etat, et de toutes les façons, ajoutent-ils, c’est le président qui fera campagne, qui d’autre ?

Ce discours en rappelle un autre. Voici pour ceux qui ont oublié. Au printemps 2022, après une campagne présidentielle poussive, Emmanuel Macron avait tardé, tardé, avant d’entrer dans le scrutin législatif. Faute de personnalités pour incarner le combat, faute de mots d’ordres pour mobiliser l’électorat, la majorité relative issue des urnes affichait la mine chiffonnée des linges rétrécis au lavage. On voit depuis combien elle paie cher cet épisode législatif manqué.

L’histoire visiblement se répète.

Face à un Rassemblement national en plein boom, confronté à de multiples adversaires qui tous l’éreintent, le camp présidentiel se dilue et se perd.

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La conséquence ? Si le jeune Bardella est dix ou quinze points devant ceux qui se réclament du président, l’également jeune Attal risque fort de payer cash l’échec. Il en sera moins responsable que son supérieur, mais dans la cinquième, le chef dispose d’un totem d’immunité.

La chronique politique de Chloé Morin : Le Salon de l'agriculture va-t-il se transformer en chemin de croix présidentiel ? (18 février 2024)

Demeure l’énigme : pourquoi Emmanuel Macron, qui connaît la musique, reproduit-il une situation qui déjà lui a coûté ? Cette conduite d’échec, car c’est ainsi qu’il faut la nommer, interroge au delà même de ce qui relève classiquement de la politique. Faut-il voir chez le chef de l’Etat une forme de lassitude devant la multiplication des difficultés ? Ce sentiment donné que tout repose sur soi suggère aussi l’enfermement, le manque de confiance dans les autres, une forme de solitude extrême que produit certes le pouvoir, mais qui parait ici accentuée jusqu’à ce point limite du supportable et de l’insupportable.

Gouverner est une épreuve. Aujourd’hui, cela ressemble à un calvaire.

Journaliste politique reconnu, Jean-Michel Aphatie, passé par la presse écrite et la radio, tient une chronique, chaque jour, dans "Quotidien" sur TMC.

Jean-Michel Aphatie

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La chronique politique de Jean-Michel Aphatie : "Une conduite d'échec"

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25.02.2024

Alors que l’élection pour le parlement européen est désormais proche, le 9 juin, autant dire demain, la majorité présidentielle n’a toujours pas de chef de file pour la représenter lors de ce rendez-vous avec le peuple. La liste putative de Renaissance demeure donc sans tête et sans identité, laissant champ libre à ses adversaires qui y batifolent gaiement. Du côté de l’Elysée, on se gausse des impatients. Ça viendra, disent ceux qui murmurent à l’oreille du chef de l’Etat, et de toutes les façons, ajoutent-ils, c’est le président qui fera campagne, qui d’autre ?

Ce discours en rappelle un autre. Voici pour ceux qui ont oublié. Au........

© L'Echo Républicain


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