Par Didier Valette, responsable à la stratégie dans l’économie sociale et solidaire.

L’inflation ronge le pouvoir d’achat. La précarité plombe le plein-emploi. Singularité française, le mal-être est au travail. La productivité s’en ressent, le pays décroche. Il est une façon simple et concrète d’inverser la tendance. Étendons le champ des activités sociales mises en œuvre par les conseils économiques et sociaux (CSE) et équivalents : 70 % des salariés ont une bonne image de ces derniers.

Rappelons-le, ces activités sont administrées par les élus du personnel et bénéficient du bénévolat d’une large partie des salariés. On estime à 100 000 leur nombre, mais un travailleur sur deux en est privé. Pour relancer le paritarisme, densifier la négociation interprofessionnelle, donner de la substance au dialogue social, retrouver les corps intermédiaires, il est possible de mettre en place des instances de branche qui auraient pour mission de gérer les activités sociales à cette échelle. À l’image de ce qui se fait déjà en matière de logement ou de formation professionnelle.

Le financement en serait généralisé et pour partie mutualisé. Tous les salariés pourraient y accéder, y compris ceux des PME qui en sont le plus souvent exclus. Un tel dispositif existe déjà dans les industries électriques et gazières, un modèle à suivre. Nombre de CSE cogèrent déjà leurs activités, inscrivons dans la loi ces pratiques. Le gain serait immédiat : l’accès étendu à la culture, aux sports, à la diététique, à la prévention pour un grand nombre de salariés, souvent les plus précaires et mal payés.

En ces temps d’accidents accrus, de bore et burn-out, une amélioration de la qualité de vie au travail est urgente. Des activités étendues, donc accessibles, seraient une garantie, y compris en télétravail et ses lieux. La gouvernance de leurs activités par les salariés et leurs représentants serait un facteur de plus forte participation électorale et d’implication en matière de gestion. Ce serait le retour d’une saine alliance entre le social et l’économique.

Alors que recrutement et fidélisation sont problématiques, des activités sociales diversifiées et de qualité seraient facteur d’attraction. Des activités de branche aideraient aussi à stopper un dumping low cost entre entreprises qui tire notre économie vers le bas. Ce serait un souffle d’air pour des secteurs sinistrés par les confinements : tourisme, hôtellerie et restauration, culture, spectacle vivant, club de sport, structures sanitaires et de bien-être, etc.

En mutualisant au niveau de la branche une norme, le seuil déclenchant l’obtention d’activités sociales deviendra ainsi obsolète. Enfin, une simplification utile ! Voilà un pilier consolidé pour l’économie sociale et solidaire, mais aussi la protection sociale. La mesure est de bon sens et aisée à mettre en œuvre. Qu’attendons-nous ? À quand un projet de loi au Parlement ?

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Pour les activités sociales !

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11.04.2024

Par Didier Valette, responsable à la stratégie dans l’économie sociale et solidaire.

L’inflation ronge le pouvoir d’achat. La précarité plombe le plein-emploi. Singularité française, le mal-être est au travail. La productivité s’en ressent, le pays décroche. Il est une façon simple et concrète d’inverser la tendance. Étendons le champ des activités sociales mises en œuvre par les conseils économiques et sociaux (CSE) et équivalents : 70 % des salariés ont une bonne image de ces derniers.

Rappelons-le, ces activités sont administrées par les élus du personnel et bénéficient du bénévolat d’une large partie des salariés. On estime à 100 000 leur nombre, mais un travailleur sur deux en est privé. Pour relancer le paritarisme, densifier la........

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