Pensée : « Coquet, le coq-à-l’âne ? Racoleuse, la boutade ? Ramenard, l’aphorisme ? La brève de comptoir n’a pas grande réputation. La punchline a pris le relais, et le mot d’esprit, sa retraite », écrit Régis Debray au début de son dernier opus, Bref (Gallimard, 78 pages). Héritiers de la graphosphère chère au philosophe et écrivain, nous nous lassons – tout comme lui – de subir les plis d’une société plus occupée à exciter les envies qu’à récompenser les efforts, et de plus en plus infantilisée, dans ses foucades comme dans ses répulsions.

Si l’adulte est une espèce en voie de disparition, l’esprit de la concision mordante s’avère un art de l’écriture assez rare, donc précieux. Dans cet exercice minimaliste de l’usage des mots, façon coups de poing, Régis Debray excelle tant et tant qu’il nous embarque entre drôlerie et profondeur de la pensée, parce que, rappelle-t-il, « palliant une croissante difficulté d’être, le succinct encourage en chacun le dur désir de durer ».

QOSHE - Bref(s) - Jean-Emmanuel Ducoin
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Bref(s)

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18.04.2024

Pensée : « Coquet, le coq-à-l’âne ? Racoleuse, la boutade ? Ramenard, l’aphorisme ? La brève de comptoir n’a pas grande réputation. La punchline a pris le relais, et le mot d’esprit, sa retraite », écrit Régis Debray au début de son........

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