Théâtre/Public ne chôme pas, cultivant des dossiers sur des thèmes à la hauteur, parfois inusités ou à l’écart de l’air du temps. Dans le numéro 248, paru sous le titre les Théâtres de Marx, il s’agit d’ « explorer quelques-unes des façons dont Marx (sa figure, sa pensée, son spectre) a pu hier et peut-être encore aujourd’hui animer la création théâtrale » 1.

Les approches, d’extrême qualité, sont multiples. Il y a, par exemple, l’étude acérée de Michel Bataillon, « Un nouvel art poétique du théâtre politique ». S’interrogeant sur l’entrée de Marx dans la pensée du jeune Brecht, il rameute notamment ses souvenirs sur la révélation que fut, dans les années 1970, au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, la pièce le Commerce de pain, mise en scène par Manfred Karge et Matthias Langhoff, jeunes Turcs du Berliner Ensemble.

Arnaud Maïsetti ausculte « Le marxisme de Bernard-Marie Koltès ». Du regretté Christian Biet, on lira « Le XVIIe siècle comme enjeu critique, Marx, Goldmann, Racine », tandis qu’Olivier Neveux exhorte à « Voir davantage. Critiquer en marxiste »… Pardon pour le laconisme à propos de cette livraison d’anthologie.

Toujours dans Théâtre/Public (numéro 250) il est question du Baroque au présent, qui revient à « cultiver un goût pour le mélange, l’irrégularité, le bizarre et l‘indiscipline » 2.

C’est encore un abondant dossier, établi par Fabien Cavaillé, Judith Le Blanc, Claire Lechevalier et Caroline Mounier-Vehier. L’engouement pour le baroque remonte à la création d’Atys, de Lully (1632-1687), dans la mise en scène de Jean-Marie Villégier (mort en janvier dernier) avec William Christie au pupitre. Depuis, les formes diverses que revêt l’opéra baroque dans notre pays et alentour, dûment explorées dans la revue, prouvent à l’envi que « le XXIe siècle pourrait être celui de son triomphe ».

Un entretien avec Patrick Foll, directeur du Théâtre de Caen, et Sébastien Daucé, chef de l’Ensemble Correspondances, révèle la relative indifférence de l’État et des collectivités locales quant à la divulgation de l’art baroque à un public qui reste à élargir.

« Un goût pour le mélange, l’irrégularité, le bizarre et l’indiscipline »

Pour sa part, la revue Alternatives théâtrales, éditée à Bruxelles, s’est consacrée au cabaret, avec pour sous-titre « Esthétique du fragment » 3. Photographies éminemment spectaculaires à l’appui, l’ensemble ne témoigne-t-il pas, au fond, d’un baroque post-moderne en surchauffe ? Sylvie Martin-Lahmani et Pablo-Antoine Neufmars, présentant cette somme de réflexions et d’analyses dévolues aux « arts mutants », rappellent, à bon escient, que « les grandes heures du cabaret ont souvent lieu dans des mondes en crise ».

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QOSHE - Trop courts passages en revues - Jean-Pierre Léonardini
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Trop courts passages en revues

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18.02.2024

Théâtre/Public ne chôme pas, cultivant des dossiers sur des thèmes à la hauteur, parfois inusités ou à l’écart de l’air du temps. Dans le numéro 248, paru sous le titre les Théâtres de Marx, il s’agit d’ « explorer quelques-unes des façons dont Marx (sa figure, sa pensée, son spectre) a pu hier et peut-être encore aujourd’hui animer la création théâtrale » 1.

Les approches, d’extrême qualité, sont multiples. Il y a, par exemple, l’étude acérée de Michel Bataillon, « Un nouvel art poétique du théâtre politique ». S’interrogeant sur l’entrée de Marx dans la pensée du jeune Brecht, il rameute notamment ses souvenirs sur la révélation que fut, dans les années 1970, au Théâtre de la........

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