Les rapports s’accumulent, les records aussi. 2023 fut une fournaise et jamais l’Europe n’avait connu en un an autant de jour de chaleurs extrêmes, révélaient ce lundi l’observatoire européen Copernicus et l’Organisation météorologique mondiale. Le mercure s’affole, les océans surchauffent, Dubai se noie, Bogota restreint l’accès à l’eau, et mars 2024 vient de s’inscrire comme le dixième mois consécutif le plus chaud jamais enregistré.

Le climat est le combat du siècle, et la tâche, immense, n’épargne aucun secteur. Certes, la transition écologique est désormais au cœur du débat public et de la diplomatie climatique. Mais ni la politique du petit geste, ni le techno-solutionnisme aveugle ne parviendront à relever le défi.

L’aviation, véritable nœud gordien de la transition, est un cas d’école. Responsable de près de 3 % des émissions mondiales de CO2, le secteur représente 5 % du réchauffement climatique planétaire et affiche des prévisions de croissance insolentes, portées par le doublement du trafic à horizon 2050.

Pour préserver un business juteux tout en s’accommodant – au moins en apparence – des exigences environnementales, la « start-up nation » creuse le filon du biokérosène. Porté par la société Elyse Energy, subventionné à coups de millions d’euros d’argent public et promu par un Emmanuel Macron qui entend faire de la France la « championne de l’avion ultra-sobre », le projet vise à produire un carburant biosourcé, à base de bois et d’hydrogène.

Avion vert et biocarburants, les nouveaux prédateurs de la forêt française

Une promesse : voler plus, mais voler vert. Un mirage. Car, derrière, c’est la coupe rase de centaines de milliers d’hectares de forêt, la disparition de ces puits de carbone indispensables et une surconsommation d’eau colossale qui se jouent en sous-main, dénoncent militants écologistes et scientifiques.

L’aviation mondiale et ses 200 000 vols quotidiens engloutissent chaque année 300 millions de tonnes de kérosène. La réduction indispensable des émissions du secteur va de pair avec la limitation du trafic. Et la substitution, partout où c’est possible, du trajet en train, 20 à 50 fois moins émetteur que l’avion, au transport aérien.

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QOSHE - Mirage - Marion D’Allard
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Mirage

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23.04.2024

Les rapports s’accumulent, les records aussi. 2023 fut une fournaise et jamais l’Europe n’avait connu en un an autant de jour de chaleurs extrêmes, révélaient ce lundi l’observatoire européen Copernicus et l’Organisation météorologique mondiale. Le mercure s’affole, les océans surchauffent, Dubai se noie, Bogota restreint l’accès à l’eau, et mars 2024 vient de s’inscrire comme le dixième mois consécutif le plus chaud jamais enregistré.

Le climat est le combat du siècle, et la tâche, immense, n’épargne aucun secteur. Certes, la transition écologique est désormais au cœur du........

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