« There is no alternative » (Il n’y a pas d’alternative), le mantra du thatchérisme pour faire taire toute contestation économique de ces choix des libéraux est devenu l’alpha et l’oméga des politiques européennes. Sur l’autel de la baisse des dépenses publiques, il faudrait sacrifier la transition écologique, nos hôpitaux, nos écoles et toutes les politiques sociales. En France, en octobre 2016, quelques mois avant les présidentielles, le magazine le Point en appelait à un thatchérisme à la française.

Et Emmanuel Macron embrayait, en promettant 60 milliards d’euros de dépenses en moins sur le mandat et, dans une sorte de compétition de père la rigueur, François Fillon annonçait, lui, 100 milliards. Sept ans et demi plus tard, le magazine Alternatives économiques pointe du doigt un poujadisme à la française avec 60 à 70 milliards de recettes en moins dans la besace du gouvernement et titre : « Pourquoi il faut taxer les ultrariches ! » Entre dépenses et recettes, il faut, en effet, cesser d’être atrophié d’un des deux hémisphères de l’analyse économique.

Dans un dossier fouillé, à six semaines des élections européennes, l’idée phare est une taxe continentale sur les très grandes fortunes, un ISF européen. Le mensuel dresse le portrait d’une Union européenne où les 5 % les plus riches détiennent 41,5 % du patrimoine. En Italie, trois Italiens détiennent autant que 6 millions de leurs compatriotes. Et en France, le 1 % le plus riche détient 25 % du patrimoine du pays. Avec une mention spéciale pour le 0,0002 % des plus riches qui ne paie, lui, qu’un impôt de 26 %, en étant abonné aux dividendes, à la Bourse et à son fleuve doré de l’argent roi !

Alors que la France a supprimé l’ISF, ce qui n’a eu aucun effet positif tangible sur l’économie, l’Espagne du socialiste Pedro Sanchez lui l’a créé pour les patrimoines supérieurs à 3 millions d’euros, pour faire face à l’inflation des prix subie par les ménages. L’auberge espagnole n’est donc pas qu’un bon titre de film étudiant de Cédric Klapisch, mais un horizon économique pour l’Union européenne.

Cet appel à une taxation des plus riches résonne jusqu’aux États-Unis, où Joe Biden promet pour son prochain mandat, à défaut de l’avoir fait, une taxe de 25 % pour les patrimoines astronomiques, c’est-à-dire ceux supérieurs à 100 millions de dollars.

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Et, dans le pays où Roosevelt a taxé les plus riches jusqu’à 92 %, 200 millionnaires s’inquiètent du niveau sans précédent des inégalités et demandent à être tout simplement taxés davantage : « Notre mouvement n’a pas été créé pour des raisons altruistes ou charitables mais parce que la stabilité de notre nation et la survie de notre démocratie sont menacées par les inégalités extrêmes. » L’impôt n’est définitivement pas une affaire de sanction des plus riches mais de cohésion sociale. Et onze ans après sa mort, il est temps de laisser la Dame de fer rouiller tranquillement en paix.

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QOSHE - « There is an alternative ! » - Philippe Rio
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« There is an alternative ! »

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24.04.2024

« There is no alternative » (Il n’y a pas d’alternative), le mantra du thatchérisme pour faire taire toute contestation économique de ces choix des libéraux est devenu l’alpha et l’oméga des politiques européennes. Sur l’autel de la baisse des dépenses publiques, il faudrait sacrifier la transition écologique, nos hôpitaux, nos écoles et toutes les politiques sociales. En France, en octobre 2016, quelques mois avant les présidentielles, le magazine le Point en appelait à un thatchérisme à la française.

Et Emmanuel Macron embrayait, en promettant 60 milliards d’euros de dépenses en moins sur le mandat et, dans une sorte de compétition de père la rigueur, François Fillon annonçait, lui, 100 milliards. Sept ans et demi plus tard, le magazine Alternatives économiques........

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