Un jour, les capitalistes prélèveront de l’argent sur l’air que l’on respire et peut-être même sur le sang qui coule dans nos veines ! Cela ressemble à une prophétie catastrophiste mais c’est d’ores et déjà une réalité pour l’eau qui sort de nos robinets. À coups de grands renforts publicitaires, Suez parle de « révolution de la ressource » ou encore « des enjeux climatiques et de transition écologique ». Pendant ce temps-là, les usagers se font manger la laine sur le dos et les gains financiers de la multinationale sont proportionnels à la raréfaction de la ressource ! Dans le Sud francilien, l’eau est ainsi une machine à produire du cash. Les installations de production et de transport d’eau potable du Réseau interconnecté sud francilien (RISF) alimentent en eau potable 1,4 million d’habitants dans les départements de l’Essonne, de la Seine-et-Marne, des Yvelines et du Val-de-Marne. Ce réseau y déverse 78 millions de mètres cubes d’eau par an, avec, à la clef, 33 millions d’euros qui vont dans les poches d’un consortium actionnaire Meridiam-GIP-Caisse des dépôts.

Pour protéger la poule à l’eau d’or sur laquelle il a fait main basse, Suez se livre, depuis les années 1970, à des opérations de séduction des élus locaux. Mais, récemment, des intercommunalités de tous bords politiques – Grand Paris Sud, Cœur d’Essonne, Val d’Yerres Val de Seine et Grand-Orly Seine Bièvre –, avec le soutien du département de l’Essonne et de Paris-Saclay, se sont engagées dans une réappropriation publique de notre réseau d’eau du Sud francilien tant c’est le combat du pot de fer contre le pot de terre et que les dés sont depuis trop longtemps pipés pour préserver les profits.

Et les derniers épisodes n’ont fait que le confirmer. Suez dit être propriétaire du réseau mais ne veut pas en dévoiler la preuve. La multinationale Meridiam-GIP-CDC a surestimé artificiellement les actifs pour faire monter les actions. Et sa directrice générale a finalement indiqué refuser cette réappropriation publique. En retour, le bras de fer a commencé pour mettre un terme à cette ressource pour les actionnaires. Les villes ne paieront que 0,50 euro par m3, une eau dont la production coûte 0,29 euro et qui est vendue jusqu’à 1,19 euro par Suez. Attac et la Coordination Eau Île-de-France tiennent la tranchée avec les collectivités ! Une saisine de la Haute Autorité de la concurrence pour exercice de monopole, doublé d’un tarif abusif, fait son chemin. Et pourquoi pas l’organisation d’une votation citoyenne ! En réponse, Suez a d’ores et déjà annoncé une provision de 10 millions d’euros pour 2024. Comme quoi, la poule à l’eau d’or a de la ressource qui pourrait être utilisée pour lutter contre la vie chère et pour préserver la planète et le vivant !

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QOSHE - Eau : la vie chère et les actionnaires ! - Philippe Rio
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Eau : la vie chère et les actionnaires !

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03.01.2024

Un jour, les capitalistes prélèveront de l’argent sur l’air que l’on respire et peut-être même sur le sang qui coule dans nos veines ! Cela ressemble à une prophétie catastrophiste mais c’est d’ores et déjà une réalité pour l’eau qui sort de nos robinets. À coups de grands renforts publicitaires, Suez parle de « révolution de la ressource » ou encore « des enjeux climatiques et de transition écologique ». Pendant ce temps-là, les usagers se font manger la laine sur le dos et les gains financiers de la multinationale sont proportionnels à la raréfaction de la ressource ! Dans le Sud francilien, l’eau est ainsi une machine à produire du cash. Les installations de production et de transport........

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