Les agriculteurs, les paysans, le monde rural sont, partout, sur nos écrans. La parole est donnée à ceux qui ne l’ont pas, à ceux que l’on n’entend jamais. Une triste réalité explose au visage du pays. Deux agriculteurs se suicident par jour. Un tiers d’entre eux vit en dessous du seuil de pauvreté. Ils travaillent 60 à 70 heures par semaine. Et sont pressurisés par les banques et les prêts consentis, le couteau sous la gorge, pour faire vivre leur exploitation agricole.

Au bout de la chaîne, la grande distribution gonfle ses profits. Le producteur de lait de Corrèze vend le litre 0,40 euro. Le salarié grignois l’achète trois fois plus cher au Leclerc de Viry-Châtillon. Et, au milieu, Lactalis se goinfre en ayant cumulé 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022. Certains PDG de la grande distribution ont même le culot de se présenter sur les plateaux de télévision, avec une voix doucereuse, pour prétendre rémunérer correctement leurs producteurs.

En cette période de révolte du monde agricole, le ministre de l’Intérieur a pour sa part tenter d’augmenter son capital électoral en opposant les classes populaires des villes et des champs avec une ficelle aussi grosse que le cordage d’un bateau. « Est-ce que les agriculteurs s’en prennent aux policiers et aux gendarmes, est-ce qu’ils mettent le feu aux bâtiments publics ? Ce n’est pas le cas. Je suis habitué aux coups de sang légitimes de ceux qui souffrent, qui ne gagnent pas beaucoup d’argent et qui travaillent très fort. »

Entre la révolte des gilets jaunes fracassés par le coût de la vie, les salariés de banlieue, de la ruralité et des territoires désindustrialisés, étouffés par la réforme des retraites, et les jeunes des quartiers à l’avenir obstrué par les discriminations, le trait d’union est celui des intérêts convergents du monde du travail et de sa vocation majoritaire pour gouverner le pays.

Face à la dureté de la vie des travailleurs de la terre et aux inégalités béantes du monde agricole, nous assistons à l’expression de la lutte des classes des agriculteurs. L’écologie ne doit pas être le bouc émissaire mais bien le système capitaliste qui épuise la planète et exploite les êtres humains. Leur combat est celui de la dignité humaine pour un juste revenu qui doit leur être apporté d’urgence face aux profits des géants alimentaires et de la grande distribution ! Dans ce monde politique, nous gardons notre boussole.

Pour les responsables politiques de droite, cela semble déjà de l’histoire ancienne. Lors de la censure de loi immigration, les plus éminents membres des « Républicains » se sont empressés de jeter par-dessus bord la Constitution de la Ve République. Autant dire que, dans ce pays, le dernier clou du cercueil du gaullisme a été planté…

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QOSHE - La lutte des classes des agriculteurs - Philippe Rio
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La lutte des classes des agriculteurs

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31.01.2024

Les agriculteurs, les paysans, le monde rural sont, partout, sur nos écrans. La parole est donnée à ceux qui ne l’ont pas, à ceux que l’on n’entend jamais. Une triste réalité explose au visage du pays. Deux agriculteurs se suicident par jour. Un tiers d’entre eux vit en dessous du seuil de pauvreté. Ils travaillent 60 à 70 heures par semaine. Et sont pressurisés par les banques et les prêts consentis, le couteau sous la gorge, pour faire vivre leur exploitation agricole.

Au bout de la chaîne, la grande distribution gonfle ses profits. Le producteur de lait de Corrèze vend le litre 0,40 euro. Le salarié grignois l’achète trois fois plus cher au Leclerc de Viry-Châtillon. Et, au milieu, Lactalis se goinfre en ayant........

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