Vladimir Poutine va être réélu. Le scrutin, qui se déroule du 15 au 17 mars, ne réserve a priori aucune surprise. Pour gagner, Poutine n’aura d’ailleurs même pas besoin de truquer les résultats. Candidats un peu trop populaires écartés, médias cadenassés et mensonges sur la conduite de la guerre… Mais tout cela ne peut empêcher de constater que, dans son pays, il continue de jouir d’une popularité indéniable. Conséquence, la Russie va continuer d’être dirigée par le même homme.

C’est dans ce contexte électoral russe mais également européen, avec la perspective des élections de juin, qu’il faut regarder l’escalade martiale de ces dernières semaines. En déclarant qu’il n’excluait pas « l’envoi d’hommes en Ukraine », Emmanuel Macron poursuit un objectif de politique intérieure : tenter de faire passer les tenants d’une solution politique pour des pro-Poutine et embarrasser, au passage, le RN où se trouvent les vrais amis de Poutine.

Mais, en faisant cela, le président français a fait avancer de quelques secondes « l’horloge de la fin du monde ». Au cadran de cette horloge conceptuelle qui marquait minuit moins deux en 1953 au plus fort de la guerre froide, il ne restait déjà plus que 90 secondes en janvier 2024. Les aiguilles se sont encore rapprochées de minuit, ce vendredi, lorsque la presse a révélé des propos qu’aurait tenus le chef de l’État au soir de la panthéonisation de Missak et Mélinée Manouchian : « Dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa. »

Personne ne veut croire que le président de la République soit disposé à se lancer dans un processus pouvant conduire au pire. Mais, avec cette succession de provocations politiciennes, dangereuses et inutiles, que les contorsions rhétoriques ne suffisent pas à minimiser, Emmanuel Macron prend le risque de pousser Poutine, qui n’avait pas besoin de cela, à franchir un nouveau seuil dans l’escalade. Le chef de l’État affaiblit aussi le rôle et la position de la France dans une éventuelle construction politique d’une sortie de guerre pour laquelle il faudra bien discuter avec Moscou et le pouvoir qui s’y trouve. Faute de quoi, l’horloge « dont le doigt nous menace » continuera de se rapprocher de minuit.

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QOSHE - L’horloge - Stéphane Sahuc
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L’horloge

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15.03.2024

Vladimir Poutine va être réélu. Le scrutin, qui se déroule du 15 au 17 mars, ne réserve a priori aucune surprise. Pour gagner, Poutine n’aura d’ailleurs même pas besoin de truquer les résultats. Candidats un peu trop populaires écartés, médias cadenassés et mensonges sur la conduite de la guerre… Mais tout cela ne peut empêcher de constater que, dans son pays, il continue de jouir d’une popularité indéniable. Conséquence, la Russie va continuer d’être dirigée par le même homme.

C’est dans ce contexte électoral russe mais également européen, avec la perspective des........

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