Les outils permettant de manipuler les génomes des plantes cultivées sont de plus en plus précis. Ils autorisent donc des interventions mieux contrôlées que les techniques classiques. Mais faut-il les utiliser ? Il existe deux mauvaises réponses à cette question. Non et oui.

Elles proviennent toutes deux d’une démarche idéologique, qui remplace la réflexion par un dogme. La bonne réponse est donnée par Guy Richard (Inrae) : « L’édition du génome est une technologie dont on peut faire le pire comme le meilleur. Il faut commencer par se poser la question de la forme d’agriculture et du régime alimentaire souhaités, et de la surface agricole à mobiliser pour répondre à ces besoins. »

Dans une revue éditée par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), les conditions permettant d’aller vers « le meilleur » et d’éviter « le pire » sont étudiées. Elles supposent la clarté des objectifs.

Les bons consistent à favoriser la transition vers une agroécologie au service d’une alimentation de qualité, capable de diminuer son impact sur l’environnement et de s’adapter au changement climatique. Autrement dit, l’inverse de ce qui a été recherché par les multinationales, qui ont mis au point des plantes transgéniques (maïs, coton, etc.) permettant l’usage massif d’un herbicide dans l’objectif de profits financiers.

Les obstacles majeurs à un bon usage des techniques d’édition génomique ont été identifiés. Comme la concentration des semences par cinq entreprises accaparant 60 % du marché mondial, l’abus de brevets sur le vivant, la réduction de la diversité génétique, l’industrialisation de l’agriculture. Les conditions favorisant un usage éthique et écologique des techniques d’édition des génomes sont donc à l’opposé.

Restreindre l’usage des brevets, recourir à un « acteur public » ou des « réseaux d’agriculteurs » pour gérer les ressources génétiques et en assurer la variété, garantir la traçabilité afin d’organiser la coexistence avec des variétés non modifiées, viser une agriculture durable.

Les élections européennes approchent et ce sujet fait partie des compétences de l’Union européenne. Les candidats sauront-ils discuter de ces conditions, en clarifiant leurs objectifs, ou aurons-nous droit au stérile affrontement des deux mauvaises réponses ?

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QOSHE - Éditer le génome des plantes, vraiment une bonne idée ? - Sylvestre Huet
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Éditer le génome des plantes, vraiment une bonne idée ?

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19.02.2024

Les outils permettant de manipuler les génomes des plantes cultivées sont de plus en plus précis. Ils autorisent donc des interventions mieux contrôlées que les techniques classiques. Mais faut-il les utiliser ? Il existe deux mauvaises réponses à cette question. Non et oui.

Elles proviennent toutes deux d’une démarche idéologique, qui remplace la réflexion par un dogme. La bonne réponse est donnée par Guy Richard (Inrae) : « L’édition du génome est une technologie dont on peut faire le pire comme le meilleur. Il faut commencer par se poser la question de la forme d’agriculture et du régime alimentaire souhaités, et de........

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