Aucun responsable politique n’oserait dire qu’il ne faut pas financer correctement la recherche médicale. Il craindrait, ce faisant, de perdre des voix aux élections prochaines. Car, si l’idée d’un progrès scientifique alpha et oméga du progrès social n’a pas résisté aux ambivalences de l’usage des technologies au XXe siècle, la recherche médicale reste plébiscitée par l’opinion publique.

L’une des raisons de cette conviction est exposée avec clarté dans un livre de l’actuel président de l’Académie des sciences, Alain Fischer 1. Pédiatre et chercheur, spécialiste des maladies immunitaires, il relate avec précision un quart de siècle de découvertes scientifiques issues d’allers-retours intenses entre le soin clinique et la recherche la plus fondamentale.

Ces avancées scientifiques ont révélé les bases moléculaires et génétiques des maladies liées au système immunitaire – celui qui nous protège des agressions bactériennes et virales – et surtout à ses défaillances. L’auteur ne survalorise pas ces avancées, conscient du long chemin entre ces bases génétiques et la maladie, via des mécanismes biologiques complexes. D’où l’écart entre l’élucidation des mutations génétiques en cause et le petit pourcentage de maladies génétiques disposant aujourd’hui d’un traitement efficace.

De l’immunologie à la vaccination, il n’y a qu’un pas scientifique et l’on comprend pourquoi Alain Fischer en est devenu un spécialiste. Et qu’il fut en première ligne lors de la crise sanitaire provoquée par le virus SARS-CoV-2 responsable du Covid, notamment pour défendre le caractère éthique de l’obligation vaccinale comme moyen de défendre les personnes les plus vulnérables.

Le bilan précis qu’il fait de la vaccination contre cette maladie, comme sa mise au point cinglante sur l’épisode lamentable de l’hydroxychloroquine, est indispensable à qui veut se faire un avis éclairé sur le sujet. Les responsables politiques prétendent soutenir ces recherches médicales, mais le font-ils vraiment ? À lire la critique sévère qu’Alain Fischer fait du niveau et des modes actuels de financement des équipes et des laboratoires de la recherche publique, on en doute.

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QOSHE - La connaissance salvatrice - Sylvestre Huet
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La connaissance salvatrice

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11.03.2024

Aucun responsable politique n’oserait dire qu’il ne faut pas financer correctement la recherche médicale. Il craindrait, ce faisant, de perdre des voix aux élections prochaines. Car, si l’idée d’un progrès scientifique alpha et oméga du progrès social n’a pas résisté aux ambivalences de l’usage des technologies au XXe siècle, la recherche médicale reste plébiscitée par l’opinion publique.

L’une des raisons de cette conviction est exposée avec clarté dans un livre de l’actuel président de l’Académie des sciences, Alain Fischer 1. Pédiatre et........

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