Le plastique, issu du pétrole, se révèle une calamité par sa diffusion dans l’environnement comme déchet. Le dernier rapport du Giec signale la difficulté à s’en passer mais note l’intérêt de plastiques « biosourcés ». Au salon Vivatech 2024, la société Lactips en proposait un exemple instructif.

Start-up créée il y a dix ans sur les idées du chimiste Frédéric Prochazka (CNRS, université de Saint-Étienne), l’entreprise produit, depuis 2022, du « plastique » utilisable pour emballer des produits alimentaires, des usages uniques, des sacs à linge et emballage de détergents qui se dissolvent dans la machine à laver, des étiquettes imprimables…

Tous ces produits sont exempts de la réglementation européenne sur les produits chimiques. Ils sont en effet fabriqués à partir de la caséine, la protéine majoritaire du lait de vache. De sorte qu’ils sont 100 % biodégradables, en quelques jours, notamment dans l’eau douce ou l’eau de mer.

L’origine de cette matière première ? Selon le ministère de l’Agriculture, quelques pourcents du lait de vache ne peuvent être utilisés pour la consommation humaine (non produits du fait des mammites, comportant des médicaments, etc.). Un pourcentage faible, mais qui pourrait représenter environ deux millions de tonnes par an. Il y a donc de quoi fabriquer, si l’on sait récupérer ce lait, aujourd’hui détruit ou non produit.

La rupture technologique ainsi proposée permet de faire disparaître une source majeure de pollution et de risque sanitaire. Elle offre également quelques réflexions pour conduire des politiques favorisant les ruptures nécessaires à la durabilité de nos sociétés face aux limites planétaires.

Cette solution n’a pu émerger que grâce à une recherche académique de longue durée en chimie macromoléculaire et en physique des polymères. Elle n’a pu prendre le chemin de la réalisation industrielle qu’aidée par la puissance publique afin de contester la domination du pétrole pour des objectifs environnementaux et sanitaires (domination assise sur son faible coût apparent plus que réel puisqu’il néglige les dégâts de ses déchets). C’est donc sur ces deux leviers d’action qu’il faut compter pour que de telles ruptures se généralisent à la vitesse nécessitée par les défis environnementaux et climatiques.

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QOSHE - Le plastique du lait - Sylvestre Huet
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Le plastique du lait

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01.04.2024

Le plastique, issu du pétrole, se révèle une calamité par sa diffusion dans l’environnement comme déchet. Le dernier rapport du Giec signale la difficulté à s’en passer mais note l’intérêt de plastiques « biosourcés ». Au salon Vivatech 2024, la société Lactips en proposait un exemple instructif.

Start-up créée il y a dix ans sur les idées du chimiste Frédéric Prochazka (CNRS, université de Saint-Étienne), l’entreprise produit, depuis 2022, du « plastique » utilisable pour emballer des produits alimentaires, des usages uniques, des sacs à linge et emballage de détergents qui se........

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