La Semaine québécoise de la déficience intellectuelle a lieu du 17 au 23 mars 2024. La thématique cette année est « J’ai ma place ! », soulignant l’importance de l’inclusion des personnes ayant une déficience intellectuelle dans la société.

Malheureusement, le budget provincial présenté le 12 mars risque plutôt de maintenir ces personnes dans la pauvreté et dans l’exclusion sociale. Malgré un déficit record, aucune mesure d’ampleur n’a été annoncée pour favoriser la participation sociale et économique des personnes ayant une déficience intellectuelle.

Pourtant, les besoins sont grands.

Statistiquement, les personnes en situation de handicap, et particulièrement les personnes ayant une déficience intellectuelle, sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté, d’être exclues du marché du travail et de vivre de la violence.

Cet état de fait avait été souligné par plusieurs organisations provinciales de défense des droits des personnes en situation de handicap l’été dernier. Ces dernières demandaient l’adoption d’un plan ambitieux de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale⁠1.

Hélas, le budget présenté par Québec n’inclut que trop peu de mesures pour la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Les mesures répertoriées sont en fait plutôt des actions « à la pièce », qui ne semblent pas s’inscrire dans un plan plus large. Le budget déposé ne prévoit pas non plus de mesures pour favoriser l’emploi et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap, malgré le fait que la stratégie gouvernementale soit arrivée à échéance en 2024.

Au fil des décennies, le Québec s’est doté de politiques et de stratégies pour l’inclusion des personnes en situation de handicap, incluant celles qui ont une déficience intellectuelle. Pourtant, les personnes, leurs familles et les organisations voient la situation continuer de se dégrader année après année. Les services sont rationnés, quand ils ne sont tout simplement pas privatisés ou transférés vers le milieu communautaire ; le soutien aux familles est très limité ; l’offre en hébergement, largement privatisée, ressemble de plus en plus à de petites institutions plutôt qu’à des milieux de vie inclusifs et stimulants ; les programmes d’aide financière ne permettent pas de sortir de la pauvreté ; les élèves ayant une déficience intellectuelle sont de plus en plus exclus des classes « régulières » faute de main-d’œuvre ; les organisations communautaires tiennent le système à bout de bras et sans financement adéquat ; etc. En résumé, la crise est présente sur tous les fronts, et malgré les discours prônant l’inclusion et la bienveillance, chaque année, les budgets continuent de décevoir.

Il est grand temps que le gouvernement prenne la mesure de la crise, sans quoi la situation ne pourra qu’empirer. Ce que les personnes et les familles veulent, ce ne sont pas des usines de batteries, c’est du soutien et des mesures pour favoriser leur inclusion sociale et leur participation économique.

Ce qu’elles veulent, en fait, c’est avoir leur place, comme tout le monde.

QOSHE - Avoir sa place, comme tout le monde - Amélie Duranleau
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Avoir sa place, comme tout le monde

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20.03.2024

La Semaine québécoise de la déficience intellectuelle a lieu du 17 au 23 mars 2024. La thématique cette année est « J’ai ma place ! », soulignant l’importance de l’inclusion des personnes ayant une déficience intellectuelle dans la société.

Malheureusement, le budget provincial présenté le 12 mars risque plutôt de maintenir ces personnes dans la pauvreté et dans l’exclusion sociale. Malgré un déficit record, aucune mesure d’ampleur n’a été annoncée pour favoriser la participation sociale et économique des personnes ayant une déficience intellectuelle.

Pourtant, les besoins sont grands.

Statistiquement, les personnes en situation de handicap, et particulièrement les personnes ayant une déficience intellectuelle, sont plus susceptibles de vivre dans la........

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