À tous les gens d’ici, en ce mois de la Terre, nous envoyons aujourd’hui une bouteille à la mer pour soulever un problème urgent qui affecte profondément l’est du Canada : la pollution plastique.

Premiers résultats scientifiques de ce genre au Canada, nos recherches menées au courant des cinq dernières années révèlent des données à la fois révélatrices et alarmantes. Des Grands Lacs jusqu’à l’océan Atlantique en passant par le fleuve, l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, la pollution plastique, notre plastique, envahit tous les aspects de notre environnement ainsi que de notre quotidien.

En cinq ans d’investigation sur le territoire, notre constat est maintenant clair : aucun lieu n’est épargné.

Berges, rives, parcs, réserves fauniques, patrimoine de l’UNESCO ou aires protégées, la pollution est omniprésente sur nos littoraux.

Chaque plage, chaque marée, chaque gorgée d’eau est touchée par nos habitudes de consommation insouciantes, affectant non seulement la beauté naturelle de nos côtes, mais aussi la santé de nos écosystèmes et la qualité de notre environnement.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Plastique consommé en un mois par une famille de quatre personnes à Montréal, en 2018

Combien de fois avons-nous entendu : « Pourquoi nettoyer les plages au Québec alors que le vrai problème se trouve en Inde ou en Chine ? » Hélas, le problème existe bel et bien ici, sous nos yeux, et nous en sommes collectivement responsables.

Les images de plages jonchées de déchets plastiques ne relèvent plus que d’ailleurs : le Canada est le plus grand producteur de déchets par habitant au monde, représentant moins de 0,5 % de la population mondiale⁠1, mais contribuant à plus de 2 % de la production mondiale de plastique !

Dans l’est du Canada, cette crise revêt une importance particulière en raison de notre proximité avec l’océan Atlantique et le fleuve Saint-Laurent, symboles de notre identité nationale.

Pourtant, ce précieux écosystème, qui coule littéralement dans nos veines, est menacé par l’accumulation croissante de débris plastiques provenant de diverses sources telles que la restauration rapide, la pêche, le tourisme côtier, la gestion de nos déchets, nos égouts, la pollution urbaine et, bien sûr, notre appétit vorace pour la facilité du préemballé.

Bien sûr, nos gouvernements doivent prendre des mesures courageuses et audacieuses qui pourraient susciter des réactions, nous déstabiliser, voire inciter des changements profonds dans nos habitudes.

Mais en parallèle, la population doit également s’ouvrir les yeux sur la réalité qui nous entoure et arrêter de choisir la facilité d’une frivole fringale à défaut de s’organiser.

À la veille des négociations du traité international sur la pollution plastique qui aura lieu à Ottawa à la fin du mois, nous encourageons nos gouvernements et les Canadiens à réduire de manière significative la production et l’utilisation non raisonnées du plastique.

Nous sommes confiantes dans le fait qu’avec une réglementation audacieuse et un changement d’habitudes concerté, nous pourrons efficacement lutter contre ce fléau qui menace nos écosystèmes aquatiques et marins, notre biodiversité, notre santé. Mais surtout, s’assurer que ce que nous léguerons aux générations futures sera plus digne que la trace d’une tasse à café commerciale sur nos rivages.

L’heure est venue de sortir de cette société suremballée, de démouler nos habitudes préfabriquées et de passer à l’action, une bouteille de plastique à la fois. C’est un devoir qui est une responsabilité partagée entre habitants et habitantes de ce territoire qu’on appelle si affectueusement « chez nous », un changement de cap vers une vie certainement différente, mais nettement plus saine, plus bienveillante et plus juste… avant de suffoquer.

1. Commission de l’écofiscalité du Canada, 2019

QOSHE - Une dernière bouteille à la mer - Anne-Marie Asselin
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Une dernière bouteille à la mer

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15.04.2024

À tous les gens d’ici, en ce mois de la Terre, nous envoyons aujourd’hui une bouteille à la mer pour soulever un problème urgent qui affecte profondément l’est du Canada : la pollution plastique.

Premiers résultats scientifiques de ce genre au Canada, nos recherches menées au courant des cinq dernières années révèlent des données à la fois révélatrices et alarmantes. Des Grands Lacs jusqu’à l’océan Atlantique en passant par le fleuve, l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, la pollution plastique, notre plastique, envahit tous les aspects de notre environnement ainsi que de notre quotidien.

En cinq ans d’investigation sur le territoire, notre constat est maintenant clair : aucun lieu n’est épargné.

Berges, rives, parcs, réserves fauniques, patrimoine de l’UNESCO ou aires protégées, la pollution est omniprésente sur nos littoraux.

Chaque plage, chaque marée, chaque gorgée d’eau est touchée par nos habitudes de consommation insouciantes,........

© La Presse


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