L’auteure s’adresse à François Legault

Monsieur le Premier Ministre,
J’aimerais vous faire part de la préoccupation grandissante des locataires aînés du Québec face aux atermoiements de la CAQ concernant le projet de loi 198, mieux connu comme la loi Françoise David1.

Je suis une caquiste convaincue et j’ai toujours voté pour votre parti. Mais dernièrement, je ne me reconnais plus dans les hésitations de votre gouvernement concernant le logement.

D’un côté, le gouvernement reconnaît que les soins de santé coûtent cher, et que la population du Québec vieillit plus vite qu’elle se renouvelle et, donc, que les frais en santé sont voués à monter en flèche. On encourage donc les aînés à demeurer chez eux, notamment en offrant des subventions pour adapter leur maison et leur offrir des soins à domicile, moins coûteux que ceux fournis en CHSLD. De plus, reconnaissant que la vie en CHSLD n’était pas adéquate lors d’une pandémie, le gouvernement caquiste a même commencé à construire des maisons des aînés qui coûtent encore plus cher au Trésor québécois.

Le gouvernement reconnaît également qu’il manque de places en résidences privées pour aînés (RPA). Même que dernièrement, beaucoup ont dû fermer leurs portes ; selon La Presse, ce serait plus de 75 RPA qui auraient fermé leur porte en 20232.

Quant aux logements pour tous, je ne vous apprendrai rien en disant qu’il en manque partout, même en région.

Or, de l’autre côté, le gouvernement prétend que la loi 31 a consolidé la position des locataires en mettant la responsabilité de la preuve pour une éviction dans les mains des propriétaires.

Mais avez-vous remarqué que depuis l’introduction de la loi, il n’y a plus beaucoup d’évictions, mais que les soi-disant « reprises de logement » ont augmenté ?

Ces reprises de logement sont en majorité tout simplement des évictions déguisées. Il n’y a qu’à lire les réseaux sociaux pour s’en convaincre. Donc, la loi n’a rien changé pour les locataires à faible revenu.

Vous maintenez tout de même que les personnes âgées de 65 ans sont en mesure de se défendre. Mais savez-vous ce qu’il en coûte, monétairement et moralement, de se défendre adéquatement face à un propriétaire expérimenté au Tribunal administratif du logement ? Pour des personnes âgées à faible revenu et, de surcroît, en mauvaise santé, c’est carrément digne des travaux d’Hercule !

Bien souvent, s’ils gagnent leur procès devant le juge, il est souvent trop tard, ils ont déjà été expulsés de leur logement.

Et vous savez sûrement que le prix des logements a augmenté plus vite que l’inflation, et donc, que la centaine de dollars de plus apparaissant sur les chèques de pension sont bien en deçà des augmentations de loyer qui attendent les locataires qui doivent se trouver un nouveau logement. Car pour trouver un logement équivalent à celui qu’ils auront dû délaisser, on parle ici de 700 à 800 $ de plus par mois. Alors j’ai bien peur que les personnes âgées devront bientôt choisir entre se loger adéquatement ou se nourrir.

Alors, monsieur le premier ministre, je ne comprends vraiment pas pourquoi vous hésitez encore à voter en faveur du projet de loi 198 tel que présenté par Québec solidaire. Pour une rare fois, il n’en coûterait rien au Trésor public et, après avoir été perçu comme le bon père de la nation québécoise lors de la pandémie, vous pourriez maintenant être vu comme le bon fils pour nos aînés. Alors, je vous en conjure, écoutez les locataires âgés ! Et je vous promets de voter pour vous à nouveau aux prochaines élections provinciales.

QOSHE - Qu’attendez-vous pour adopter la loi Françoise David ? - Mireille Coderre
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Qu’attendez-vous pour adopter la loi Françoise David ?

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18.04.2024

L’auteure s’adresse à François Legault

Monsieur le Premier Ministre,
J’aimerais vous faire part de la préoccupation grandissante des locataires aînés du Québec face aux atermoiements de la CAQ concernant le projet de loi 198, mieux connu comme la loi Françoise David1.

Je suis une caquiste convaincue et j’ai toujours voté pour votre parti. Mais dernièrement, je ne me reconnais plus dans les hésitations de votre gouvernement concernant le logement.

D’un côté, le gouvernement reconnaît que les soins de santé coûtent cher, et que la population du Québec vieillit plus vite qu’elle se renouvelle et, donc, que les frais en santé sont voués à monter en flèche. On encourage donc les aînés à demeurer chez eux, notamment en offrant des subventions pour adapter leur maison et leur offrir des soins à domicile, moins coûteux que ceux fournis en CHSLD. De plus, reconnaissant que la vie en........

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