L’auteur réplique à la chronique « Non, les impôts ne nuisent pas à l’économie » de Vincent Brousseau-Pouliot.

Je me permets de répliquer à la chronique de Vincent Brousseau-Pouliot parue dans La Presse du 19 mars dernier où il affirme sans aucune nuance qu’il est faux de prétendre qu’un fardeau fiscal plus lourd nuit à l’économie. Ce faisant, il critique directement la modeste baisse d’impôt consentie par le gouvernement du Québec l’an dernier.

L’analyse du chroniqueur s’appuie sur des études économiques rigoureuses, mais dont les résultats sont valables « en moyenne » et dans ce cas, la moyenne est fortement influencée par un bon nombre de pays européens. Or, cette moyenne se prête très mal au cas du Québec pour deux raisons fondamentales qu’ignore complètement M. Brousseau-Pouliot.

1. Le Québec n’est pas un pays européen. Nous appartenons à un espace économique totalement différent et dans cet espace, nous occupons la position de tête en matière de fardeau fiscal. Notre principal partenaire économique, les États-Unis, est environ quarante fois plus gros que nous et nous ne partageons pas la même monnaie. Il est aussi beaucoup plus riche que nous et offre un fardeau fiscal beaucoup moins lourd.

Notre voisin immédiat l’Ontario, avec lequel nous faisons aussi beaucoup d’affaires, est 1,5 fois plus gros que nous tout en présentant lui aussi un fardeau fiscal moins lourd que le nôtre.

Notre fardeau fiscal plus lourd plombe la compétitivité de nos entreprises et, par conséquent, celles-ci innovent moins, investissent moins et sont moins productives, ce qui a un effet direct sur notre niveau de vie. Bref, nous sommes plus pauvres.

2. L’analyse de Vincent Brousseau-Pouliot omet aussi de considérer la composition de notre fardeau fiscal. En Amérique du Nord, on taxe davantage les revenus et moins la consommation (avec la TPS et la TVQ au Québec par exemple). En Europe, c’est exactement le contraire. Pourtant, la littérature économique est très claire à ce sujet : les taxes les moins dommageables pour l’économie sont les taxes à la consommation.

Malheureusement, le Québec nord-américain ne peut s’éloigner de l’équilibre fiscal en vigueur sur notre continent au risque de nuire davantage à la compétitivité de nos entreprises.

Au Québec, nous utilisons un fardeau fiscal parmi les plus lourds de notre région du monde depuis presque cinquante ans et nous sommes parmi les plus pauvres de cette même région.

Manifestement, la moyenne n’est pas représentative de notre situation particulière. Pour ma part, j’applaudis tout effort de réduction de notre fardeau fiscal. C’est de cette manière qu’on dynamisera notre économie et qu’on pourra se payer tous les services publics qu’on souhaite tout simplement parce que nous serons collectivement plus riches.

QOSHE - Le poids du fardeau fiscal - Robert Gagné
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Le poids du fardeau fiscal

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25.03.2024

L’auteur réplique à la chronique « Non, les impôts ne nuisent pas à l’économie » de Vincent Brousseau-Pouliot.

Je me permets de répliquer à la chronique de Vincent Brousseau-Pouliot parue dans La Presse du 19 mars dernier où il affirme sans aucune nuance qu’il est faux de prétendre qu’un fardeau fiscal plus lourd nuit à l’économie. Ce faisant, il critique directement la modeste baisse d’impôt consentie par le gouvernement du Québec l’an dernier.

L’analyse du chroniqueur s’appuie sur des études économiques rigoureuses, mais dont les résultats sont valables « en moyenne » et dans ce cas, la moyenne est fortement influencée par un bon nombre de pays européens. Or, cette........

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