Nous sommes élus, actrices du milieu économique, travailleurs du milieu communautaires et citoyennes, et nous prenons la plume aujourd’hui pour exprimer notre inquiétude face au redécoupage de la carte électorale proposé par la Commission de la représentation électorale (CRE), qui prévoit la suppression d’une circonscription dans l’Est de Montréal et d’une en Gaspésie en vue de l’élection de 2026.

Enlever une circonscription sur l’île de Montréal risque non seulement d’affaiblir le poids politique de notre métropole à l’Assemblée nationale, mais aussi d’affecter la qualité des services offerts à une population grandissante qui, parce qu’elle n’est pas comptabilisée comme « électrice », passe sous le radar du Directeur général des élections (DGEQ).

Dans son rapport préliminaire déposé en septembre dernier⁠1, la CRE annonçait son intention de supprimer deux circonscriptions – l’une en Gaspésie, l’autre dans l’Est de Montréal – pour en créer deux nouvelles dans les Laurentides et le Centre-du-Québec. Bien que nous soyons sensibles au fait que ces régions ont vu leur population respective augmenter ces dernières années, nous sommes d’avis que dépouiller Montréal et la Gaspésie d’une circonscription n’est ni une solution durable, ni une avenue souhaitable si l’on veut continuer d’offrir de bons services aux citoyens.

Rien que pour l’année 2023, la population de Montréal a grandi plus rapidement que toutes les autres villes du Québec, avec une augmentation de plus de 100 000 habitants. Comment expliquer qu’en dépit de cette croissance démographique, le DGEQ aille de l’avant avec le retrait d’une circonscription à Montréal ?

C’est que, contrairement à la carte électorale fédérale, celle du Québec est construite en fonction du nombre d’électeurs et d’électrices plutôt qu’en fonction du nombre de personnes qui habitent sur un territoire. Par conséquent, certains quartiers de Montréal qui ont, sur papier, « perdu » des électeurs, ont en réalité vu leur population réelle (incluant les personnes immigrantes n’ayant pas la citoyenneté) augmenter.

Autrement dit, les députés et députées de la région de Montréal se retrouvent à représenter des dizaines de milliers de personnes de plus que ceux d’autres régions, puisque la concentration de personnes n’ayant pas encore la citoyenneté y est beaucoup plus grande.

En outre, ces mêmes personnes qui aujourd’hui n’ont pas la qualité d’électeurs vont pour la plupart obtenir leur citoyenneté au cours des prochaines années. Va-t-on supprimer une circonscription aujourd’hui que l’on devra remettre en place dans un ou deux cycles électoraux ?

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La Gaspésie pourrait perdre une circonscription électorale.

Supprimer une circonscription de l’Est de Montréal – comme en Gaspésie par ailleurs –, c’est réduire les services offerts à la population à l’heure où nos services publics sont en crise un peu partout. C’est forcer les élus à laisser de côté certains dossiers prioritaires par manque de temps et de ressources.

Pour toutes ces raisons, il est primordial de maintenir le poids politique et démographique de la région de Montréal et de la Gaspésie en maintenant minimalement l’ensemble des circonscriptions actuelles. C’est pourquoi nous demandons au Directeur général des élections de conserver toutes les circonscriptions sur l’île de Montréal ainsi qu’en Gaspésie.

*Cosignataires : Paul St-Pierre Plamondon, député de Camille-Laurin (PQ) ; Monsef Derraji, député de Nelligan (PLQ) ; Louise Harel, ex-ministre et ex-présidente de l’Assemblée nationale ; Françoise David, ex-députée de Gouin ; Christian Yaccarini, président, Société de développement Angus ; Jean-Denis Charest, PDG, Chambre de commerce de l’Est de Montréal ; Caroline Bourgeois, vice-présidente du Comité exécutif et responsable de l’Est de Montréal ; Alia Hassan-Cournol, membre du comité exécutif et conseillère associée au développement économique ; Pierre Lessard-Blais, maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve ; Julien Hénault-Ratelle, conseiller de ville, district de Tétreaultville ; Jean-François Lalonde, directeur général, PME-MTL Centre-Est ; Kevin Poitras, directeur général, Mercier-Ouest Quartier en santé

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Il est essentiel de maintenir le poids politique de Montréal

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16.03.2024

Nous sommes élus, actrices du milieu économique, travailleurs du milieu communautaires et citoyennes, et nous prenons la plume aujourd’hui pour exprimer notre inquiétude face au redécoupage de la carte électorale proposé par la Commission de la représentation électorale (CRE), qui prévoit la suppression d’une circonscription dans l’Est de Montréal et d’une en Gaspésie en vue de l’élection de 2026.

Enlever une circonscription sur l’île de Montréal risque non seulement d’affaiblir le poids politique de notre métropole à l’Assemblée nationale, mais aussi d’affecter la qualité des services offerts à une population grandissante qui, parce qu’elle n’est pas comptabilisée comme « électrice », passe sous le radar du Directeur général des élections (DGEQ).

Dans son rapport préliminaire déposé en septembre dernier⁠1, la CRE annonçait son intention de supprimer deux circonscriptions – l’une en Gaspésie, l’autre dans l’Est de Montréal – pour en créer deux nouvelles dans les Laurentides et le Centre-du-Québec. Bien que nous soyons sensibles au fait........

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