Mal assurés les Québécois ? L’inflation des primes n’aide surement pas. Petit clin d’oeil au monde de l’assurance.

On peut affirmer que la grande majorité des propriétaires détiennent une assurance-habitation, ne serait-ce qu’en raison des exigences des prêteurs. Par contre, les dernières études faites par le Bureau d’assurance du Canada (BAC) sur l’assurance habitation pour les locataires calculaient qu’ils sont un peu moins de 40 % à ne pas détenir une assurance locataire. C’était en 2017. L’inflation s’est invitée depuis dans les primes.

Uniquement dans l’assurance habitation, la plateforme de comparaison de produits financier HelloSafe reprend les données de Ratehub indiquant que la prime moyenne au Québec est passée de 709 $ en 2015 à 984 $ en 2023, pour une augmentation globale de 39 % en huit ans ou l’équivalent d’une poussée moyenne de près de 5 % par an sur la même période. Petite consolation, le Québec est la cinquième province affichant la prime d’assurance habitation la plus chère, l’Ontario arrivant en tête en 2022 avec une prime moyenne de 1487 $.

Sous un regard plus large, un rapport de l’Autorité des marchés financiers indique qu’en assurance de dommages, les primes directes souscrites au Québec pour l’ensemble des assureurs ont été de près de 16 milliards de dollars en 2022, comparativement à 14,9 milliards en 2021, pour une hausse de 7,2 % sur un an. « Dans son ensemble, l’industrie de l’assurance de dommages au Québec présente une croissance de ses primes directes souscrites de 51,5 % en quatre ans […] qui s’explique notamment par les hausses de tarifs initiées par les assureurs de dommages », indique l’Autorité.

Ces pressions ne peuvent être dissociées d’une réalité voulant que, sur l’horizon, les catastrophes naturelles sont toujours plus fréquentes et coûteuses. « Le Québec a été frappé ces dernières années par plusieurs événements météo extrêmes qui ont eu des conséquences importantes sur les communautés touchées : les inondations des printemps 2017 et 2019, les tornades à Gatineau en septembre 2018, les vents violents et fortes pluies de l’automne 2019 et finalement les vents violents et fortes pluies en août et en décembre 2022, pour ne nommer que ceux-là. », a énuméré le BAC. Ainsi l’an dernier, les assureurs du Québec ont versé 580 millions de dollars uniquement pour couvrir les dommages assurés causés par les catastrophes naturelles, ce qui en faisait la deuxième année la plus coûteuse des vingt dernières.

Il n’y a pas eu de pause ou d’accalmie cette année. Dans son bilan récent, le BAC écrit que les événements météorologiques qui ont frappé le Québec ont généré à ce jour des dommages assurés atteignant les 680 millions de dollars. Ce montant fait de 2023 l’année la plus coûteuse pour les assureurs au Québec depuis la crise du verglas de 1998. Les événements les plus coûteux ont été le verglas du 5 avril (213 millions), et le vent, la pluie et la foudre du 13 juillet (200 millions). À titre de comparaison le coût assuré des feux de forêt de l’été s’élèvent à 22 millions.

L’inflation s’ajoute à l’équation, avec un bond plus rapide du coût moyen d’un sinistre en assurance habitation, soit de 43 % en cinq ans ou de près de 9 % par année dans l’intervalle. Au Québec Il serait passé de 9 920 $ en 2015 à 14 177 $ en 2020.

Cette montée en puissance des événements climatiques extrêmes ne trouve toujours pas écho dans les habitudes de protection. Le prix (pour 58,1 % des répondants à un sondage), la réactivité du service client (41,9 %) et la réputation (32,3 %) de la compagnie demeurent les trois principaux critères de choix des Québécois pour une assurance habitation. À l’opposé la couverture étendue a été un facteur déterminant pour seulement 16,1 % d’entre eux, ajoute HelloSafe.

Quant à la protection recherchée, celle contre les incendies se démarque nettement avec 61,3 % des répondants mentionnant cette raison comme motif de souscription. Suit la protection contre le vol et la couverture de responsabilité civile, chaque option ayant été citée par 41,9 % des participants, et celle contre les dégâts d’eau, avec 35,5 % des répondants. En revanche et très loin derrière, la protection contre les catastrophes naturelles n’a représenté que 12,9 % des réponses.

Même constat en assurance-vie. À l’échelle canadienne l’encours des contrats d’assurance vie s’établit à 5500 milliards en 2022, en progression de 14,6 % entre 2018 et 2022. Quant aux primes, les Canadiens ont versé un total de 27 milliards, soit une hausse de 21,6 % en cinq ans.

Dans l’intervalle, et toujours selon les données colligées par HelloSafe, la protection moyenne d’assurance vie des ménages canadiens a enregistré une augmentation constante pour atteindre 474 000 $ en 2022, soit une hausse de 12,1 %. Une tendance similaire a été observée au Québec avec une augmentation de 12,7 % sur la même période. À 391 000 $ l’an dernier, la protection moyenne d’assurance vie des ménages québécois est cependant demeurée inférieure de 17,5 % à la moyenne nationale.

Toutefois l’âge médian des détenteurs de contrat d’assurance vie se compare. À 43 ans au Québec, il se situe dans la moyenne canadienne, avec des variances allant de 38 ans à 48 ans ici et là selon les provinces.

Leurs préférences vont majoritairement pour l’assurance détenue sous forme de vie temporaire individuelle ou collective, représentant 40 % et 35 % respectivement du total de l’encours. Les polices d’assurance individuelles vie universelle et vie entière accaparent le reste, pour respectivement 13 % et 12 % du total.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées. Il s’agit d’une chronique et, à ce titre, elle reflète les valeurs et la position de son auteur et pas nécessairement celles du Devoir.

QOSHE - Inflation dans l’assurance - Gérard Bérubé
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Inflation dans l’assurance

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15.12.2023

Mal assurés les Québécois ? L’inflation des primes n’aide surement pas. Petit clin d’oeil au monde de l’assurance.

On peut affirmer que la grande majorité des propriétaires détiennent une assurance-habitation, ne serait-ce qu’en raison des exigences des prêteurs. Par contre, les dernières études faites par le Bureau d’assurance du Canada (BAC) sur l’assurance habitation pour les locataires calculaient qu’ils sont un peu moins de 40 % à ne pas détenir une assurance locataire. C’était en 2017. L’inflation s’est invitée depuis dans les primes.

Uniquement dans l’assurance habitation, la plateforme de comparaison de produits financier HelloSafe reprend les données de Ratehub indiquant que la prime moyenne au Québec est passée de 709 $ en 2015 à 984 $ en 2023, pour une augmentation globale de 39 % en huit ans ou l’équivalent d’une poussée moyenne de près de 5 % par an sur la même période. Petite consolation, le Québec est la cinquième province affichant la prime d’assurance habitation la plus chère, l’Ontario arrivant en tête en 2022 avec une prime moyenne de 1487 $.

Sous un regard plus large, un rapport de l’Autorité des marchés financiers indique qu’en assurance de dommages, les primes directes souscrites au Québec pour l’ensemble des assureurs ont été de près de 16 milliards de dollars en 2022, comparativement à 14,9 milliards en 2021, pour une hausse de 7,2 % sur un an. « Dans son ensemble, l’industrie de l’assurance........

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