Nous en appelons aux épiciers et à chacun d’entre nous qui faisons notre épicerie régulièrement à réduire la vente et l’achat de produits emballés dans du plastique. Nous participons à une orgie de plastique dans les épiceries, des concombres anglais emballés individuellement aux produits nettoyants dits « écologiques » uniquement vendus dans des contenants de plastique.

Pourtant, les effets, bien documentés, du cycle de vie du plastique sur la santé et l’environnement sont nombreux. Outre ces effets, 99 % des plastiques sont fabriqués à partir de combustibles fossiles, contribuant à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Il y a bien quelques avancées comme le règlement fédéral interdisant les plastiques à usage unique dans les commerces et le règlement montréalais interdisant la distribution de certains articles à usage unique dans les lieux où des aliments sont distribués directement au consommateur. Mais, au Québec, la collecte sélective municipale n’a récupéré en 2021, aux fins de recyclage, que 21 % du plastique (dont il faut soustraire de 8 à 10 % de rejets). La quantité totale de plastique générée alors étant de 248 000 tonnes. Dans le monde, la quantité totale de plastique générée en 2019 est estimée à 353 millions de tonnes.

Dans ce contexte, des étudiants et des étudiantes ont réalisé des visites pour évaluer la proportion de plastique utilisé pour l’emballage des produits dans les épiceries (échantillonnage : épiceries standards, à bas prix et santé). Cette évaluation, sans être scientifique, nous a permis de constater l’ampleur de la quantité de plastique qui se retrouve sur les tablettes des produits alimentaires et de nettoyage.

Nous avons constaté que les contenants et emballages de plastique, selon les épiceries visitées et pour les quelques exemples de produits mentionnés ci-dessous, concernent environ :

— 100 % des noix, fraises, framboises, bleuets, fruits surgelés et prépréparés ;

— Entre 95 % et 100 % des bonbons, chips et autres grignotines ;

— Entre 90 % et 100 % des fromages, margarines, trempettes, yogourts, humus et compotes ;

— Entre 90 % et 100 % des produits nettoyants ;

— Entre 80 % et 100 % des viandes, viandes froides, sushis, poulets cuits, sandwichs et plats prépréparés ;

— Entre 80 % et 95 % des produits hygiéniques, incluant les shampoings ;

— Entre 70 % et 100 % des smoothies, jus, liqueurs et de l’eau embouteillée ;

— Entre 70 % et 100 % des gâteaux, biscuits (avec les emballages intérieurs) et viennoiseries ;

— Entre 70 % et 100 % du pain, des pâtes et pâtes prépréparées ;

— Entre 50 % et 100 % des fruits et légumes (100 % pour les concombres anglais par exemple).

Vous trouvez les pourcentages élevés ? Observez vous-même l’orgie de plastique qui s’étale dans les rayons lors de votre prochaine visite à l’épicerie.

Quoi faire pour réduire l’orgie de plastique dans les épiceries ?

En tant que consommateur, on doit comme première étape constater cet envahissement du plastique dans les épiceries et comprendre les problèmes de santé publique et environnementaux qui en découlent.

La deuxième étape est de consommer différemment en diminuant nos achats et en recherchant des produits en vrac et des produits dans des contenants et emballages de carton ou de verre. Les épiceries zéro déchet vont encore plus loin dans l’offre écologique pour le consommateur.

La troisième étape est de repenser nos actions quotidiennes, par exemple, en préparant des boîtes à lunch écologiques sans plastique. Acheter des produits certifiés écoresponsables, biologiques et locaux constitue un autre exemple d’un engagement citoyen.

Quant aux épiciers, ils doivent faire plus de place à des produits non emballés ou à des contenants et emballages de carton et de verre. Les petits sacs de plastique pour les fruits et légumes devraient être éliminés. Comme consommateur, il s’agit simplement d’apporter des sacs réutilisables pour transporter les aliments plutôt que de prendre des sacs en plastique.

Des initiatives d’envergure sont en cours au niveau international et au niveau fédéral pour éventuellement réduire la quantité de plastique produite. D’ailleurs, la prochaine rencontre du Comité intergouvernemental de négociation (CIN-4) sur la pollution plastique aura lieu au Canada du 23 au 29 avril prochain. Ces initiatives sont importantes, mais prennent souvent beaucoup de temps avant d’aboutir à des résultats concrets.

Alors, puisqu’éviter la production, la consommation et l’élimination du plastique est crucial, pourquoi ne pas agir tout de suite en changeant nos habitudes d’achat en épicerie ? Diminuons l’orgie de plastique pour notre santé et pour l’environnement !

* Ont cosigné ce texte :

Les étudiants investigateurs au DSEST de l’ESPUM : Cédric Kuete Sézine ; Jean Kenson Bassette ; Jashua Brutus ; Natha Héleine Beaubrun Étienne ; Komlanvi Sokemawu Fanou ; Salime Nazaraly Karim ; Réginald Orcius ; Marilou Hamelin ; Antoniya Mitrova ; N’guessan N’guessan Pélagie M. Meless ; Paola Carmen Ondoua Baana ; Papa Mactar Ndiaye ; Davi-Lorentz Da Petit-Frère ; Marven Steeve Pierrilus ; Carme-Suze Lexida ; Rafaela Spillebeen. D’autres étudiants au DSEST de l’ESPUM : Nancy Lussier ; Abdourahamne Diallo ; Béatrice Mukamana ; Christelle Chrispin ; Darcelin Jean ; Denisse Puma Saavedra ; Djassira Boris Koumtingue ; Fatimata Sall ; Najet Zaghab ; Stendelet Ceus ; Bertrand Jean ; Mohamed Lamine Sylla ; Joane D. Rene ; Varnessah Desgranges ; Ndiougue Diouf ; Nyamulinda Gentil Habiragi ; Joseph Bartaa ; Parfaite Kheshia Tchapdieu ; Ruth Ngotuli Kendwa ; Lisa Rodrigues ; Jessica Esther Mendoza ; Marie Fatoumata Keita ; Meriem Zerrougui ; Felicitée Mumbanza Nyamunyake ; Rose Liseberthe Merise ; Hafsa Melouane ; Arnaud Stopa ; Mariama Kane ; Leonie Lorna Kenfack Nyetewe ; Josée Marthelle Oumbe Kengne ; Amina Tahouni ; Alpha Mamadou Traore ; Anicet Degan ; Merveille Charline Tamema Masse ; Narcia Rakotomalala.

Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.

QOSHE - Une orgie de plastique dans les épiceries - Stéphane Boutin
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Une orgie de plastique dans les épiceries

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23.04.2024

Nous en appelons aux épiciers et à chacun d’entre nous qui faisons notre épicerie régulièrement à réduire la vente et l’achat de produits emballés dans du plastique. Nous participons à une orgie de plastique dans les épiceries, des concombres anglais emballés individuellement aux produits nettoyants dits « écologiques » uniquement vendus dans des contenants de plastique.

Pourtant, les effets, bien documentés, du cycle de vie du plastique sur la santé et l’environnement sont nombreux. Outre ces effets, 99 % des plastiques sont fabriqués à partir de combustibles fossiles, contribuant à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Il y a bien quelques avancées comme le règlement fédéral interdisant les plastiques à usage unique dans les commerces et le règlement montréalais interdisant la distribution de certains articles à usage unique dans les lieux où des aliments sont distribués directement au consommateur. Mais, au Québec, la collecte sélective municipale n’a récupéré en 2021, aux fins de recyclage, que 21 % du plastique (dont il faut soustraire de 8 à 10 % de rejets). La quantité totale de plastique générée alors étant de 248 000 tonnes. Dans le monde, la quantité totale de plastique générée en 2019 est estimée à 353 millions de tonnes.

Dans ce contexte, des étudiants et des étudiantes ont réalisé des visites pour évaluer la proportion de plastique utilisé pour l’emballage des produits dans les épiceries (échantillonnage : épiceries standards, à bas prix et santé). Cette évaluation, sans être........

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