Hier, j’installe mon aîné devant le tout premier épisode des Simpsons. Homer, n’ayant plus un rond pour les cadeaux du 25, est forcé de prendre un petit boulot de Père Noël dans un grand magasin. Mais le salaire est exécrable, 13 dollars, comment contenter les enfants avec ça ? Stupeur dans les yeux du petit, avant qu’une vague d’hilarité ne s’empare de lui. Emile pointe la télé du doigt, me prenant à témoin de l’absurdité de la scène : "Mais maman, il est bête !" "pourquoi ? " "Y a pas besoin d’argent pour les cadeaux, c’est le Père Noël qui les amène !"
Et il se tient les côtes, ce pendard, tant la stupidité d’Homer le réjouit, et je le regarde en secouant la tête, accablée par un tel manque de discernement. Rajoutez à cela le cadet, qui met dans sa crèche une telle ambiance que les puéricultrices à court de ressources s’en remettent à la menace de Jésus (le ciel a puni mes vices en m’envoyant un fils qui n’a de respect que pour la religion) : on se dit qu’il est tout de même fou que les enfants ne sachent obéir qu’à un factotum placé entre papa, maman et Dieu.
Ça n’est pourtant ni le Père Noël ni Jésus qui s’escagassent chez JouéClub deux jours avant les fêtes, la goutte à la tempe ; on les voit rarement faire réviser les dictées en tapant du poing sur la table, ou glisser dans le cartable une banane pour la récré.
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Certes, l’un est un personnage de fiction inventé par Coca Cola, on ne peut pas en exiger grand chose. L’autre est mort pour nos péchés, d’accord, mais ça commence à dater, il ne peut pas rester assis sur ses acquis éternellement. L’ambiance actuelle serait d’ailleurs propice à un retour en fanfare, on se demande ce qu’il attend.
La chronique du temps présent d'Emma Becker : "Brive de loin"
Mais plutôt que d’en vouloir à ces santons légendaires, qui nous volent toute la gratitude et la docilité qu’on serait pourtant en droit de recevoir (car qui meurt un peu tous les jours, pour les péchés des enfants, sinon les parents ?), on pourrait considérer qu’ils nous forcent à former autour de l’âme sensible et influençable des petits une barrière supplémentaire pour les protéger des immondices de cette pitoyable existence humaine.
Une fois par an, la mission sacrée des parents de petits enfants est d’écarter de l’âtre tout ce qui n’est pas sapin, calendrier de l’aventhors de prix et catalogues de jouets, réjouissances et petites attentions qui nous recrachent exsangues le 26, le parquet constellé de merdouilles à se rentrer entre les orteils vers deux heures du matin ; et cette fois arrive toujours plus tôt qu’on ne le pense, surtout cette année, n’est-ce pas ?
Je n’ai autour de moi que des parents sous tension, attendant l’hiver nucléaire et la condamnation de Depardieu, qui soudain doivent coiffer leurs serre-tête de renne au nez rouge, parce qu’on est déjà le 10 décembre, nom de Dieu !
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Et qui, face aux lettres des enfants qui demandent la paix dans le monde et un Lego Harry Potter à cinq cent euros, se préparent à expliquer que les deux pesaient trop lourd pour la hotte de ce pauvre Père Noël.
Emma Becker
La chronique du temps présent d'Emma Becker : "Tous les héros ne portent pas de barbe blanche"
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10.12.2023
Hier, j’installe mon aîné devant le tout premier épisode des Simpsons. Homer, n’ayant plus un rond pour les cadeaux du 25, est forcé de prendre un petit boulot de Père Noël dans un grand magasin. Mais le salaire est exécrable, 13 dollars, comment contenter les enfants avec ça ? Stupeur dans les yeux du petit, avant qu’une vague d’hilarité ne s’empare de lui. Emile pointe la télé du doigt, me prenant à témoin de l’absurdité de la scène : "Mais maman, il est bête !" "pourquoi ? " "Y a pas besoin d’argent pour les cadeaux, c’est le Père Noël qui les amène !"
Et il se tient les côtes, ce pendard, tant la stupidité d’Homer le réjouit, et je le regarde en secouant la tête, accablée par un tel manque de discernement. Rajoutez à cela le cadet, qui met dans sa crèche une telle........
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