Aux côtés d’Emma Becker, Astrid Eliard et de Franck Bouysse, que vous lisiez déjà l’an dernier, le groupe Centre France accueille cette année deux nouveaux auteurs pour ses chroniques du temps présent : Mazarine Pingeot et François Morel. À découvrir très vite.

"Me concernant, la chronique du temps présent porte très bien son nom, car elle n’est jamais d’hier, d’avant-hier, ou même de la semaine dernière, mais réellement du temps présent.
J’écris aujourd’hui sur aujourd’hui (même si, bien sûr, cet aujourd’hui peut dialoguer avec un passé plus ou moins lointain.) J’attends souvent le dernier moment pour m’y mettre, non pas par procrastination, mais pour être au plus près du présent, justement. J’ai essayé de faire autrement, de m’organiser, de prévoir mes sujets (quand j’étais journaliste, c’est ce qu’on attendait de nous, qu’on pose sur la table de la conférence de rédaction une story bien pesée) mais il se trouve qu’à chaque fois que je me lance, le présent, toujours, vient bousculer mes plans."

Le présent, c’est la vie qui passe derrière ma fenêtre, une conversation avec une amie, un coup de téléphone, un article de journal, un cri dans la nuit, dans la rue, un tag sur un trottoir, un objet trouvé. Ils sont là mes sujets, ils n’attendent pas.

La chronique du temps présent d'Astrid Eliard :"Nous sommes tous des enfants abusés"

"Pour faire naître une chronique, je n’ai aucune envie de me soumettre à l’actualité. Je me méfie des réactions à chaud, des émotions faciles, des traces qu’effacent aussitôt d’autres traces.
Je ne sais pas m’indigner dans l’instant, j’ai bien assez de révoltes intimes à coucher dans mes carnets. Lorsque j’écris, il faut que cela vienne de loin, que ça ait travaillé en profondeur. Il faut que les mots passent par le corps. Même ceux qui paraissent légers ont le poids de la pudeur. Je ne cherche pas un sujet, il s’impose. À moi de suivre le fil de ma pensée, souvent désordonnée. Je laisse ensuite reposer la matière brute, puis la pétris, articule ce chaos originel. J’écris sur tout ce qui disparaît sous nos yeux indifférents, indifférents à la petite histoire, histoire de défier le temps. Je ne pense pas être un chroniqueur du passé, ni même du présent. Je cherche à les unir dans les yeux du lecteur, le dimanche matin, à son retour de la boulangerie, du bistrot ou de l’épicerie."

Je cherche à repousser un peu plus loin l’oubli qui guette toute chose. Rien de plus, rien de moins.

Pour la chronique du temps, la plume de Franck Bouysse revient "dans ce temps ralenti" de décembre en Corrèze

"Généralement, je fais en sorte d’attendre le dernier moment avant d’écrire pour voir les dernières actualités, même si en ce moment, je trouve que c’est compliqué car ce sont souvent les mêmes sujets qui trustent le haut de l’affiche.
Et quand il n’y a pas d’actualité, comme je trouve que le format est un peu trop court pour exprimer une pensée complète sur un sujet aussi complexe, je vais faire un tour sur Google pour trouver un sujet insolite.
Sinon, j’essaie aussi de trouver des thématiques de la vie quotidienne, qui accompagnent les gens dans leur vie de tous les jours, ou des sujets qui m’amusent. Je n’ai pas forcément l’impression d’avoir une certaine autorité sur un quelconque sujet alors je me pose la question de savoir ce que j’aimerais bien lire dans un journal, quelque chose qui me parle."

Je trouve cet exercice formidable car je me suis rendu compte qu’à partir du moment où l’on avait une deadline, j’étais capable d’une efficacité que je ne soupçonnais pas.

La chronique du temps présent d'Emma Becker : "Brive de loin"

"Si je le possédais le secret de la fabrication d’une chronique, vous croyez que je le dévoilerais ? Sûrement pas ! Je l’aurais obtenu par la grâce d’une femme de ménage amie des lettres qui, par hasard l’aurait découvert dans le tiroir secret du bureau de travail d’Alexandre Vialatte, dans la corbeille à papiers de Pierre Desproges…
Mais non, pas de secret. Simplement une obsession qui occupe mon esprit : la recherche d’une idée, d’un sujet, d’un angle d’attaque surtout. Ça peut prendre des heures, des jours… Autour de moi, on me sent rêveur, ailleurs… Tu penses à quoi ? À rien, je réponds.
Et puis, tout d’un coup, surgit d’on ne sait où (de la lecture des journaux, de l’écoute de la radio, d’un mot volé dans une conversation, d’un souvenir…) l’idée ! La bonne idée que l’on se sent capable de développer, de prolonger, celle qui me ressemble et me différencie des autres, celle qu’on écrit d’une traite, dans la fièvre de l’inspiration et sur laquelle, par plaisir, on revient pour lui apporter les corrections, celle qui parvient, quand elle est réussie, à raconter l’intimité de ma minuscule personne et l’immensité du monde."

Et l’espace d’un instant, quand la chronique est écrite, on se sent soulagé, avant de se dire, immédiatement saisi par l’inquiétude, qu’on n’a vraiment aucune idée pour la prochaine…

François Morel : "La connerie a rarement dit son dernier mot"

"La difficulté de la chronique, c’est qu’il n’y a pas vraiment de mode d’emploi. Le support manque, cela ne suit pas forcément l’actualité et cette ouverture totale rend l’exercice à la fois excitant et très difficile.
J’ai l’habitude d’écrire des chroniques de livres, c’est un exercice que je connais bien et que je n’ai aucune difficulté à faire. Là, ne partir de rien, être dans l’obligation de trouver une idée, et de manière récurrente, c’est quelque chose d’angoissant. Il y a des jours où l’on est inspiré, d’autres où on l’est moins, même s’il y a un savoir-faire qui fait que l’on arrive toujours à écrire quelque chose, le rendu est inégal.
L’inspiration vient souvent de manière très empirique, en entendant un truc à la radio, en discutant… Cela dépend complètement de la période, de l’inspiration, de l’humeur et du lien avec le moment présent, il est donc délicat d’anticiper. Mais une fois que l’idée est là, l’écrire est un plaisir."

Pour les chroniques du temps présent, je réfléchissais à donner un petit côté philo à mes textes, sans les déconnecter complètement de l’actualité mais je ne sais pas trop car je n’ai pas envie de me donner de contraintes.

Bien avant la révélation du secret de François Mitterrand, une famille très connue des Clermontois

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D'où vient l'inspiration des auteurs des chroniques du temps présent paraissant dans le journal...

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06.01.2024

Aux côtés d’Emma Becker, Astrid Eliard et de Franck Bouysse, que vous lisiez déjà l’an dernier, le groupe Centre France accueille cette année deux nouveaux auteurs pour ses chroniques du temps présent : Mazarine Pingeot et François Morel. À découvrir très vite.

"Me concernant, la chronique du temps présent porte très bien son nom, car elle n’est jamais d’hier, d’avant-hier, ou même de la semaine dernière, mais réellement du temps présent.
J’écris aujourd’hui sur aujourd’hui (même si, bien sûr, cet aujourd’hui peut dialoguer avec un passé plus ou moins lointain.) J’attends souvent le dernier moment pour m’y mettre, non pas par procrastination, mais pour être au plus près du présent, justement. J’ai essayé de faire autrement, de m’organiser, de prévoir mes sujets (quand j’étais journaliste, c’est ce qu’on attendait de nous, qu’on pose sur la table de la conférence de rédaction une story bien pesée) mais il se trouve qu’à chaque fois que je me lance, le présent, toujours, vient bousculer mes plans."

Le présent, c’est la vie qui passe derrière ma fenêtre, une conversation avec une amie, un coup de téléphone, un article de journal, un cri dans la nuit, dans la rue, un tag sur un trottoir, un objet trouvé. Ils sont là mes sujets, ils n’attendent pas.

La chronique du temps présent d'Astrid Eliard :"Nous sommes tous des enfants abusés"

"Pour faire naître une chronique, je n’ai aucune envie de me soumettre à l’actualité. Je me méfie des réactions à chaud, des émotions faciles, des traces qu’effacent aussitôt d’autres traces.
Je ne sais pas........

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