Dans la nuit de samedi à dimanche, le Moyen-Orient a vécu un tournant: celui de la perspective concrète d’une guerre entre l’Iran et Israël. L’attaque menée par Téhéran, qui a lancé sur l’«entité sioniste» plus de 300 drones, missiles de croisière et balistiques avec l’aide du Hezbollah et des houthis yéménites, n’a rien d’étonnant.

Ennemis jurés, les deux pays sont prêts à un affrontement depuis des années. Et le bombardement du consulat iranien le 1er avril à Damas a mis le feu aux poudres. Non qu’Israël en soit à son coup d’essai: l’Etat hébreu mène régulièrement des frappes plus ou moins médiatisées sur territoire syrien. Mais, cette fois, un bâtiment diplomatique considéré comme territoire national a été touché. Surtout, l’opération a provoqué la mort d’un membre éminent du régime iranien: Mohammad Reza Zahedi, point de contact de Téhéran avec le Hezbollah et figure des Gardiens de la révolution. Pour l’Iran, une ligne rouge a été franchie. Et, n’en déplaise à ceux qui croyaient que ce pays finirait par se mobiliser militairement pour contrer les Israéliens dans Gaza, sa réaction n’a pas à voir directement avec la cause palestinienne.

Certes, l’offensive nocturne des Iraniens n’est à ce stade rien d’autre qu’un coup de semonce. Les armes utilisées ont permis à l’armée israélienne de limiter largement les dégâts, les frappes visaient principalement des installations militaires et Téhéran a annoncé, une fois la salve tirée, qu’il n’y en aurait pour l’instant pas d’autre. Le coup d’éclat était si circonscrit que l’aéroport de Tel-Aviv a rouvert à peine l’attaque passée.

Mais cette brève et spectaculaire mise en garde brise un tabou: oui, attaquer directement Israël est possible. Ensuite, il s’agit d’une claque pour le président Joe Biden qui, vendredi encore, mettait Téhéran en garde contre des représailles envers l’Etat hébreu. Les Iraniens montrent ainsi à Washington qu’ils sont prêts à aller plus loin s’il le faut. Voici désormais le démocrate face à une tâche plus que délicate: convaincre son embarrassant allié Netanyahou qu’il ne faut pas surenchérir et calmer les esprits dans cette région toujours plus agitée. S’il n’y parvient pas, le chef du Hamas, Yahya Sinwar, pourrait, depuis sa cachette dans Gaza, voir son vœu exaucé, lui qui espère comme beaucoup d’ennemis d’Israël voir l’Iran entrer en guerre. Nul ne sait quel destin embrasserait alors le Moyen-Orient et, par répercussion, tout le reste du monde.

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Après l’attaque de l’Iran sur Israël, Joe Biden sur une ligne de faille

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14.04.2024

Dans la nuit de samedi à dimanche, le Moyen-Orient a vécu un tournant: celui de la perspective concrète d’une guerre entre l’Iran et Israël. L’attaque menée par Téhéran, qui a lancé sur l’«entité sioniste» plus de 300 drones, missiles de croisière et balistiques avec l’aide du Hezbollah et des houthis yéménites, n’a rien d’étonnant.

Ennemis jurés, les deux pays sont prêts à un affrontement depuis des années. Et le bombardement du consulat iranien le 1er avril à Damas a mis le feu aux poudres. Non qu’Israël en soit à son coup d’essai: l’Etat hébreu mène régulièrement des frappes plus ou moins médiatisées sur........

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