Il aurait pu souffler sur des braises. Au final, ce sont ses bougies que l’ayatollah Khamenei a pu tranquillement souffler vendredi. Lancée le jour de ses 85 ans, l’apparente riposte israélienne s’est en effet avérée très modeste alors qu’elle était guettée par le monde entier. A tel point qu’à l’autre bout du Moyen-Orient, le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben-Gvir ne cachait pas sa déception: «Lamentable!», commentait-il sur X par un mot hébreu désignant une action de football ratée.

De fait, le coup de pied israélien, s’il vient bien de là, semble avoir été soigneusement mesuré. Seuls trois drones menaçants auraient traversé le ciel iranien tôt vendredi. Le mode opératoire a permis aux Iraniens de prétendre que l’attaque ne venait pas de l’étranger. Et de Téhéran à Jérusalem, à l’exception de Ben-Gvir réprimandé par le cabinet de guerre, les officiels israéliens et iraniens ont observé un no comment absolu. Après l’attaque de l’Iran sur Israël le week-end dernier qui n’a pas fait de mort malgré son caractère spectaculaire, va-t-on vers l’apaisement qu’implore la communauté internationale?

Lire aussi: «Les Etats-Unis ont pesé de tout leur poids pour limiter les représailles israéliennes contre l’Iran»

Peut-être, car ni Israël ni l’Iran n’ont intérêt à une guerre ouverte. Le premier est déjà engagé dans une longue et coûteuse offensive à Gaza; le second agit par ses proxys au Liban et au Yémen parce qu’il sait qu’il ne dispose pas des capacités militaires nécessaires à un affrontement direct.

Lire encore: François Heisbourg: «La riposte modérée d’Israël pourrait encourager l’Iran à développer la bombe»

S’ils se sont bel et bien livrés à des attaques directes pour la première fois, Israël et l’Iran en sortent gagnants. Le gouvernement Netanyahou, parce qu’il peut mieux négocier face à Washington. En échange de sa riposte modérée face à Téhéran, l’Etat hébreu pourrait obtenir davantage de liberté d’action à Rafah, où Joe Biden s’oppose à une opération massive.

Lire également: Trois drones sur Ispahan, mais entre l’Iran et Israël, une volonté générale de ne pas faire (trop) monter la tension

Quant au régime de l’ayatollah Khamenei, il a pu tester à moindre coût la solidité de la défense israélienne tout en rehaussant son prestige auprès des Iraniens, alors qu’il mène une impitoyable répression contre ses opposants. Ces gains laissent penser qu’Israël et l’Iran ne reviendront pas, à long terme, sur le cap qu’ils viennent de franchir. Quels que soient les périls d’autres confrontations directes.

QOSHE - Entre Israël et l’Iran, une nouvelle façon de s’affronter - Aline Jaccottet
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Entre Israël et l’Iran, une nouvelle façon de s’affronter

16 0
19.04.2024

Il aurait pu souffler sur des braises. Au final, ce sont ses bougies que l’ayatollah Khamenei a pu tranquillement souffler vendredi. Lancée le jour de ses 85 ans, l’apparente riposte israélienne s’est en effet avérée très modeste alors qu’elle était guettée par le monde entier. A tel point qu’à l’autre bout du Moyen-Orient, le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben-Gvir ne cachait pas sa déception: «Lamentable!», commentait-il sur X par un mot hébreu désignant une action de football ratée.

De fait, le coup de pied israélien, s’il vient bien de là, semble avoir été soigneusement mesuré. Seuls trois drones menaçants auraient traversé le ciel........

© Le Temps


Get it on Google Play