Le temps joue un rôle déterminant dans une guerre, Israël et le Hamas l’ont bien compris. Ces dernières heures, les islamistes se sont particulièrement illustrés en utilisant avec brio l’arme dont ils disposent pour gagner quelques heures, quelques jours: la vie des otages, au sort desquels tout Israël est suspendu.

Tout se joue autour de la poursuite du cessez-le-feu qui a débuté vendredi. Grâce à lui, 150 captifs israéliens et palestiniens ont recouvré la liberté, et Gaza, ravagée par sept semaines de frappes, a enfin obtenu davantage d’aide humanitaire. Mais la pause dans l’offensive a aussi permis au Hamas de commencer à se réorganiser militairement. Pour le mouvement, l’enjeu est double. D’une part, il s’agit d’être en mesure de poursuivre les combats dans le nord, où ses forces ont été durement touchées. De l’autre, de défendre le sud alors qu’Israël s’apprêterait à attaquer Khan Younès où le chef du Hamas, Yahya Sinwar, serait caché.

Le Hamas sait aussi que plus la trêve dure, plus Israël subit des pressions internationales pour abandonner les combats. Lundi, elles sont notamment venues de l’UE et de l’OTAN, Joe Biden déclarant espérer «maintenir cette pause au-delà de demain» pour établir les bases d’une sortie de guerre. C’est aussi tout ce qu’espèrent les organisations humanitaires, soulignant que quelques heures de répit ne suffisent pas à secourir les survivants de Gaza épuisés. En cherchant à gagner du temps, le Hamas met aussi l’Etat hébreu sous tension maximale en jouant avec les nerfs des Israéliens. Si désireux de voir revenir les enfants et personnes âgées retenus en otage, ils ont encore été éprouvés samedi par les retards de dernière minute lors du second échange.

Dans ce jeu sordide, tout peut changer à n’importe quel moment. Lundi en fin de journée, le Qatar annonçait que la trêve censée expirer mardi tôt était prolongée de deux jours. Aux mêmes conditions, soit le retour d’un certain nombre d’otages israéliens dans ce laps de temps. Du temps contre des vies: pour le Hamas, l’existence humaine ne représente décidément rien d’autre qu’une marchandise de valeur.