Cela fait presque deux mois que le Hamas a lancé la guerre contre Israël. Et plus les jours passent, plus la tentation est grande d’oublier les crimes qu’il a commis le 7 octobre contre des centaines d’innocents israéliens. D’abord, parce qu’on assiste depuis à une riposte militaire de grande ampleur dans la bande de Gaza, dont plus de 2 millions de Palestiniens subissent l’impact de plein fouet. Si l’on en croit les chiffres du Ministère de la santé palestinien qui dépend du Hamas, plus de 15 000 personnes sont mortes lors des bombardements. Dont plus de 5000 enfants. C’est la pire des séquences qu’a traversées Gaza, frappée en quinze ans 17 fois par l’Etat hébreu, qui cherchait en vain à aplatir son vieil ennemi, le Hamas.

Ensuite, parce qu’on peut être critique de la façon dont le gouvernement communique, tant sur les crimes des Palestiniens que sur la légitimité de sa propre action. La hasbara, ce terme spécifique qu’on peut soit traduire par «explication», soit interpréter comme «propagande» selon ce qu’on en pense, tourne à plein régime ces dernières semaines. La diffusion, à une échelle toujours plus large, d’une vidéo de quasi cinquante minutes réalisée par l’armée israélienne à partir des images que les criminels du Hamas ont tournées, fait partie de cette dynamique.

Mais on ne peut pas annihiler une douleur par une autre. Faire disparaître les innocents israéliens tués le 7 octobre sous les gravats où meurent aujourd’hui ceux de Gaza, c’est salir leur mémoire à tous. Il faut refuser le manichéisme ambiant: il pèse de tout son poids sur le conflit en nous sommant de choisir notre camp. Et l’affirmer une bonne fois pour toutes: le seul camp possible, c’est celui des innocents. Ce camp-là n’a ni nationalité ni religion. C’est celui dans lequel on trouve son humanité en la redonnant à l’autre. Alors oui, tenons-nous aussi aux côtés des innocents israéliens. Montrons-leur notre empathie. Aidons-les à obtenir justice. Pour eux. Et pour les innocents de Gaza qui la méritent aussi.

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