Quand les Israéliens se débarrasseront-ils enfin de Netanyahou? Voici des années que l’Europe, surtout à gauche et au centre, guette ses trébuchements dans l’espoir d’assister à sa chute politique. Lui qui avait dénoncé les Accords d’Oslo et le Prix Nobel de la paix Yitzhak Rabin, assassiné en 1995, lui par qui Israël a basculé durablement à droite, et qui verrouille le pouvoir grâce à d’habiles alliances avec les religieux, est devenu le symbole d’un pays toujours plus nationaliste.

Mais Netanyahou semble aujourd’hui vaciller. La colère de nombreux Israéliens face à sa mauvaise gestion de la chose publique et ses attaques contre les institutions a été ravivée par l’échec sécuritaire du 7 octobre, puis par le retard pour établir un accord afin de libérer les otages. Les manifestations de masse ont repris ces derniers jours, les protestataires allant jusqu’à appeler la Histadrout, le syndicat national, à une grève générale. Le cabinet de guerre qu’il dirige semble toujours plus divisé. Alors qu’il a annoncé qu’une date avait été arrêtée pour une opération dans Rafah, son ministre de la Défense vient de le contredire. Mais le plus spectaculaire, c’est la déclaration du puissant allié américain Joe Biden, disant mardi à propos de sa stratégie dans Gaza: «Ce qu’il fait est une erreur. Je ne suis pas d’accord avec son approche.»

Clap de fin pour «Bibi»? Pas si vite… Ce sont les électeurs israéliens qui détermineront son sort, or, on ne sait pas quand ils se rendront de nouveau aux urnes même si son principal opposant, Benny Gantz, vient d’appeler à voter en septembre. Par ailleurs, inutile de croire les sondages qui le donnent perdant: ils ne portent que sur les partis et alliances existant aujourd’hui alors que dans le chaos israélien de nouvelles formations naissent à chaque scrutin. Et plus la guerre dure, plus ses principaux opposants sont associés à ses échecs stratégiques, forcés de rejoindre son cabinet de guerre pour rester des candidats crédibles auprès de l’opinion publique.

Car finalement, une seule question compte pour les Israéliens: leur sécurité. Cette dimension centrale depuis toujours les obnubile après l’attaque du Hamas. Ni la colère des Américains, ni les agitations de la rue, ni l’agacement des généraux n’ont d’importance: la seule aune à laquelle sera mesurée l’action du premier ministre israélien, c’est sa force face aux ennemis. Et peu importe la douleur des Gazaouis: un coup d’éclat face au Hezbollah, l’assassinat d’un dirigeant prestigieux du Hamas, et il sera reparti plusieurs années à la tête du pays. Voilà pourquoi il ne faut pas vendre trop vite la peau de Benyamin Netanyahou.

QOSHE - Ne vendons pas trop vite la peau de Netanyahou - Aline Jaccottet
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Ne vendons pas trop vite la peau de Netanyahou

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10.04.2024

Quand les Israéliens se débarrasseront-ils enfin de Netanyahou? Voici des années que l’Europe, surtout à gauche et au centre, guette ses trébuchements dans l’espoir d’assister à sa chute politique. Lui qui avait dénoncé les Accords d’Oslo et le Prix Nobel de la paix Yitzhak Rabin, assassiné en 1995, lui par qui Israël a basculé durablement à droite, et qui verrouille le pouvoir grâce à d’habiles alliances avec les religieux, est devenu le symbole d’un pays toujours plus nationaliste.

Mais Netanyahou semble aujourd’hui vaciller. La colère de nombreux Israéliens face à sa mauvaise gestion de la chose publique et ses attaques contre les institutions a........

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