Faut-il d’abord sauver les otages ou écraser le Hamas? C’est maintenant à Rafah, cette ville la plus au sud de Gaza, que se cristallise ce dilemme qui hante la stratégie d’Israël depuis le 7 octobre. A entendre le premier ministre Benyamin Netanyahou, qui assurait ce week-end encore que la conquête de Rafah permettrait de remporter une victoire décisive sur le Hamas, la priorité est à la guerre. De fait, beaucoup de combattants islamistes s’y sont repliés, emmenant avec eux des otages israéliens dont des personnes âgées, des enfants, des malades et des blessés.

Les conséquences d’une attaque sur Rafah seront bien sûr incalculables. Sur le plan des pertes, d’abord: plus d’un million de Palestiniens menacés de famine y sont réfugiés. Le secrétaire général de l’ONU a averti que les programmes d’aide humanitaire prendraient fin en cas d’offensive. L’armée a présenté un plan d’évacuation des civils, mais il y aura forcément beaucoup de victimes alors que le bilan frôle déjà les 30 000 tués, selon les chiffres du Ministère de la santé palestinien.

Diplomatique, ensuite: l’Egypte menace de rompre la paix avec Israël si les survivants arrivent massivement sur son sol. Economique, enfin: l’opération nécessitera une large et longue mobilisation qui affaiblira encore les entreprises israéliennes. Mais les responsables de la Défense s’entendent globalement sur cette opération qui représenterait une avancée décisive alors que plus de 10 000 membres du Hamas ont été tués et 18 de ses 24 bataillons démantelés.

Quand attaquer, quand négocier? Voilà ce qui fait débat au sein du cabinet de guerre. Pressé de montrer des résultats, le premier ministre Netanyahou veut foncer. Au contraire, les généraux israéliens et l’aile pragmatique préfèrent d’abord mettre l’accent sur la libération d’otages. Les négociations se sont d’ailleurs intensifiées ces derniers jours, les Israéliens se rendant lundi au Qatar pour finaliser un accord qui consisterait en six semaines de cessez-le-feu et la libération d’un certain nombre de détenus palestiniens, contre celle d’une quarantaine d’Israéliens parmi les plus vulnérables. Quant au Hamas, il doit lui aussi faire face à un dilemme à quelques jours du début du ramadan le 11 mars: poursuivre les combats ou préserver la vie de son peuple. Un imbroglio qui rappelle celui d’Israël, dont dépendent tous ceux qui ont perdu des proches, et tous ceux qui attendent leur retour.

Retrouvez tous les éditoriaux du Temps

QOSHE - Rafah, symbole des dilemmes d’Israël et du Hamas - Aline Jaccottet
menu_open
Columnists Actual . Favourites . Archive
We use cookies to provide some features and experiences in QOSHE

More information  .  Close
Aa Aa Aa
- A +

Rafah, symbole des dilemmes d’Israël et du Hamas

10 0
26.02.2024

Faut-il d’abord sauver les otages ou écraser le Hamas? C’est maintenant à Rafah, cette ville la plus au sud de Gaza, que se cristallise ce dilemme qui hante la stratégie d’Israël depuis le 7 octobre. A entendre le premier ministre Benyamin Netanyahou, qui assurait ce week-end encore que la conquête de Rafah permettrait de remporter une victoire décisive sur le Hamas, la priorité est à la guerre. De fait, beaucoup de combattants islamistes s’y sont repliés, emmenant avec eux des otages israéliens dont des personnes âgées, des enfants, des malades et des blessés.

Les conséquences d’une attaque sur Rafah seront bien sûr........

© Le Temps


Get it on Google Play